Le journaliste Paul-Miki Roamba, directeur général de Oméga Médias s’est éteint le samedi 10 septembre 2022 à l’âge de 42 ans des suites de maladie. Selon des témoignages que Wakat Séra a recueillis auprès de confrères, Paul-Miki Roamba de la presse écrite à la télé en passant par la radio a laissé des « traces inoubliables » au Burkina Faso. Nos interlocuteurs ont surtout souligné que Paul-Miki était « toujours de bonne humeur, très taquin» et « très professionnel ». Ils n’ont pas manqué également de noter qu’il était connu pour son « grand humanisme » avant de conclure que sa disparition est une « grosse perte » pour la presse burkinabè.
Franck Aristide Gefa, Journaliste à Ouaga FM: «Humainement, Paul-Miki Roamba est irréprochable »
Bien avant qu’on soit collègue on était déjà amis car on avait le même mois de naissance (février). Je lui offrais un vin à son anniversaire et à mon tour il m’offrait aussi un vin et on buvait ensemble. Les huit ans qu’on a passés ensemble, lui, Aimé Sawadogo, un autre ancien collègue et moi, il régnait une bonne ambiance entre nous trois surtout quand il nous, Aimé et moi, programmait pour des reportages. C’était quelqu’un de très méticuleux dans le travail. Professionnellement, il n’y a rien à dire car il est extraordinaire. Il aimait son travail et il était très professionnel. Quand il fallait travailler, il rougissait les yeux mais après on ne dirait pas que c’est le même monsieur qui nous mettait la pression.
Humainement, Paul-Miki est irréprochable parce que c’est quelqu’un qui avait le contact facile et qui mettait la main à la poche. Très souvent quand on sortait ensemble, c’est lui qui gérait nos dépenses personnelles.
Comme petite anecdote, début août dernier, on devait aller à Bobo-Dioulasso pour la finale de la super coupe de l’Association des journalistes sportifs du Burkina (AJSB) qui opposait le Rail club de Kadiogo (RCK) à l’AS Douane. Et comme je suis membre de l’AJSB, je lui ai écrit sur un des réseaux sociaux pour le persuader de venir avec nous. Il a dit que ce n’est pas évident car il ne trouvait pas de raison. Et j’ai dit je vais t’en trouver d’autres. C’est ainsi que je lui ai envoyé d’anciennes photos pour lui rappeler beaucoup d’ambiance qu’on a vécu toutes les fois quand on se retrouvait à Bobo-Dioulasso. C’est ainsi qu’il a dit que je lui donne là une raison sinon même mon président, Jérôme Tiendrébéogo, n’avait pas réussi à le convaincre. C’est ainsi qu’après le match on s’est vus et les gens s’étant étonné disaient ah DG tu es là, et il répondait oui, c’est grâce à Franck qui a réussi à me convaincre même s’il ne m’a pas encore donné ce qu’il m’a promis. On a ri.
C’était la dernière fois qu’on se voyait et on se parlait. Après chacun était reparti à ses occupations jusqu’à ce que j’apprenne qu’il était malade et hospitalisé à Tengandogo. Et toutes les fois que j’ai voulu l’appeler, quelque chose m’en empêchait. Et ça été comme ça jusqu’à ce qu’on m’annonce son décès. C’est vraiment dommage et on ne peut que prier pour le repos de son âme. C’est vraiment une grande perte qu’on vient d’enregistrer.
Cryspin Laoundiki, journaliste à LeFaso.net : « Toujours de bonne humeur et très taquin »
Je l’ai connu personnellement à partir d’août 2016. J’étais stagiaire au quotidien « Notre Temps » où il était éditorialiste. Il écrivait un éditorial par semaine. Un soir, il était venu à la rédaction pour écrire son édito et c’est ce jour qu’on s’est connus. Aussitôt, il m’a considéré comme un de ses collègues jusqu’à ce qu’il tire sa révérence.
Je retiens de l’homme d’abord un grand frère humain. Toujours de bonne humeur et très taquin. Il est rigoureux sur le plan professionnel. Toujours disponible et très sociable. En mission en mars 2020 à N’Djamena, il a tout fait pour rencontrer ma petite sœur et il m’a envoyé une photo qu’il a prise avec mon neveu qui se nomme aussi Cryspin. Je me souviens qu’il a envoyé la photo dans le groupe WhatsApp des journalistes de Notre Temps tout en précisant qu’il s’agit de « Cryspin Junior ». C’est quelque chose que je n’oublierai jamais.
Le départ de « Kôrô Miki » comme j’aimais l’appeler est une grosse perte pour sa famille biologique, ses amis et collègues mais surtout pour la presse burkinabè. De la presse écrite à la télé en passant par la radio, il a laissé des traces inoubliables. Que son âme repose en paix !
Crépin Somda, journaliste à L’Economiste du Faso : « Il était profondément trop humain »
Parler de Miki au passé pour moi est impensable car je n’arrive toujours pas à croire qu’il est décédé et ça me laisse des larmes aux yeux tout simplement. « Miki » était très bon, très sociable, très disponible et un gros travailleur. Il était profondément trop humain au point où souvent je n’arrivais pas à le comprendre. Je n’ai jamais vu dans ma vie quelqu’un d’aussi humain. C’est incroyable de penser qu’il est vraiment décédé.
Il aimait l’ordre, il ne laissait rien au hasard dans son travail. Il était très pointilleux sur le travail, très méticuleux. Quand il a un article à rédiger, il veut qu’il soit excellent parce qu’il a le souci du détail. J’ai collaboré avec lui au (défunt) journal Notre Temps et j’ai beaucoup appris avec lui. Il ne néglige aucun détail quand il fait son papier. Un gros travailleur. Moi dans la presse, ceux qui me connaissent m’ont collé un sobriquet, on m’appelle « Le soldat », mais Miki était plus qu’un soldat.
Donc, apprendre son décès dans ces conditions m’a laissé sans voix. On était tout le temps en communication. Je lui sollicitais des services, on échangeait sur les émissions (télé et radio) qu’il animait dans un esprit ouvert. Ce n’est que le vendredi que j’ai appris qu’il ne se sentait pas et qu’il était à l’hôpital. Alors des confrères et moi nous apprêtions pour aller lui rendre visite le samedi. Et c’est dans cette attente que la triste nouvelle nous est tombée sur la tête.
Il y avait une familiarité entre nous parce que sa maman est Dagara et donc il m’appelait son oncle et moi je l’appelais mon neveu. Et, c’était tellement plaisant à chaque fois qu’on se voyait. Miki, c’est vrai que nous te pleurons parce que tu es parti à la fleur de l’âge, rendant tes confrères tristes mais là où tu vas, dors en paix car tu auras vécu utile.
Abdou Zouré, Directeur de publication (DP) de Faso7.com : « C’est une grosse perte pour la presse burkinabè »
De Paul-Miki Roamba, je retiens d’abord que c’est un journaliste professionnel, très rigoureux et passionné par son métier. J’ai eu la chance d’être son stagiaire aux Editions Le Pays en 2009. Je venais d’arriver et mon tout premier reportage a été réalisé avec lui. On est sortis ensemble pour aller faire le reportage et donc j’ai surtout bénéficié de sa rigueur et de ses conseils avisés.
J’ai eu la chance aussi de lire plusieurs de ses productions en presse écrite, radio comme en télévision. Paul-Miki Roamba, c’est une plume alerte qui savait décrire et saisir les situations, les sensations et les émotions qu’il captait.
Donc c’est une grosse perte pour la presse burkinabè parce qu’il a su montrer de par son dynamisme, le don de soi, son sacrifice son talent. C’est un bossard qui se levait à des heures incroyables pour venir assurer les animations matinales en radio qui lui étaient dévolues et présenter le journal. Donc tout ce qu’on peut lui souhaiter, c’est qu’il repose en paix ! On espère que le Burkina saura profiter de l’héritage qu’il a laissé.
Edoé Mensah Dompkin, journaliste à Aujourd’hui au Faso : « Son décès a été prématuré »
Paul-Miki Roamba, j’ai eu le privilège de le côtoyer pendant presque deux années. C’était au journal Notre Temps qui malheureusement ne paraît plus. Il a été mon maître de stage. C’est lui qui a guidé mes premiers pas dans le journalisme. Il m’a formé. Sous son aile, j’ai beaucoup appris et je ne peux que lui rendre hommage.
Il a connu un parcours professionnel très riche. Quand bien même on ne travaillait plus ensemble, on a gardé les contacts. Sa disparition est une grande perte sur le plan privé comme professionnel pour ses confrères et proches. Il est apprécié par tout le monde. Personnellement, je ne lui connais pas d’ennemis, ce qui prouve la grandeur de l’homme. Il n’hésite pas à aider quand on lui demande. Paul-Miki Roamba n’est pas un hypocrite. Quand tu es avec lui, tu ne t’ennuies pas.
Son décès a été prématuré. Personnellement je ne l’ai pas vu venir. Je rappelle d’ailleurs que quand nous avons appris le vendredi qu’il est hospitalisé, ses anciens collaborateurs que nous sommes, avaient programmé de lui rendre visite. C’est samedi que nous avons appris la triste nouvelle. Nous étions dévastés. Cela prouve qu’il était quelqu’un de bien. Vous ne trouverez pas quelqu’un qui parlera mal de Miki. Il va nous manquer. Qu’il repose en paix !
Par Bernard BOUGOUM