Alors que les groupes armés exercent un harcèlement sans précédent sur le Mali dont les populations dans certaines régions crient leur désarroi et appellent constamment les Forces armées maliennes (FAMa) à l’aide, le reste du Sahel africain n’est pas non plus épargné par les forces du mal qui y ont essaimé et endeuillent les populations civiles et les armées nationales. C’est ainsi que le Niger a pleuré au moins 11 civils qui ont été tués ce samedi, dans des attaques présumées terroristes, non loin de la frontière de ce pays avec le Mali. Quant au Burkina Faso, ce sont 10 soldats que son armée a perdu ce lundi, dans une attaque qui a pris pour cible le camp du 14è Régiment Interarmes (14è RIA), basé à Djibo, une localité du Nord du pays.
Si la situation dans la zone des Trois frontières que partagent les trois pays sahéliens a connu une dégradation sécuritaire notoire, le Niger a plus ou moins sorti la tête de l’eau, parce qu’ayant mis en place une stratégie qui lui permet d’empêcher les terroristes de s’enkyster sur ses terres. De plus la diversification des partenariats en matière militaire a renforcé les capacités d’une armée nigérienne dont la bravoure et le patriotisme sont les valeurs les mieux saluées par le président Mohamed Bazoum. Malgré un vaste territoire d’1 267 million de Km2, et nonobstant les adversités géographiques naturelles, le Niger constitue, en tout cas pour l’heure, l’un des espoirs les plus sûrs dans la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’ouest.
Mais conscient que la lutte contre le terrorisme ne peut se gagner que dans la mise en commun des forces et la mutualisation des ressources humaines, le Niger a mené avec succès, plusieurs opérations conjointes avec son voisin burkinabè, initiatives qui ont mis hors d’état de nuire de nombreux combattants des groupes armés qui écument le Sahel. Même au Mali que les putschistes au pouvoir isolent de la communauté internationale pour mieux vivre leur amour avec la société de sécurité privée russe Wagner, le Niger a tendu la main. Malheureusement en vain! C’est dans cette même logique de mener le combat contre le terrorisme, aux côtés des armées locales, que la France a décidé d’apporter à ses partenaires africains et plus particulièrement du Sahel, son soutien, en formation des troupes, en logistique aérienne, et en renseignement.
Il en était ainsi au Mali et c’est le cas actuellement au Niger et au Burkina. Et contrairement à ce qui est dit dans certains milieux et colporté par certains , «la France ne refuse jamais d’aider le Burkina et il lui est même reproché d’être trop présente», nous a confié une source diplomatique. Sauf que la réalité est un peu plus complexe au Burkina qui a connu un changement de régime. Ce qui est loin d’être un fait anodin, tant pour les pays étrangers et les bailleurs internationaux.
Notre source bien introduite dans les arcanes diplomatiques est persuadée que la nouvelle donne politique au Burkina, nécessite un dialogue politique clair entre l’Elysée et le chef de l’Etat burkinabè. Ce qui n’est malheureusement pas le cas pour l’instant, dans une situation où le Burkina a, pourtant, besoin de cet appui qui manque tant aux Forces de défense et de sécurité burkinabè dont la détermination seule ne peut, visiblement pas venir à bout de l’hydre terroriste.
En somme, la France veut, mais ne peut pas, sans demande politique claire de la partie burkinabè. C’est la conclusion qu’on peut tirer de cette situation que les uns et les autres, notamment les nouvelles autorités du Burkina, doivent dénouer au plus tôt, certes dans le respect de leur option de diversification des partenaires, afin de desserrer l’étau terroriste autour de populations burkinabè de l’intérieur du pays qui n’ont plus que le choix de mourir ou de fuir leurs villes et villages pour aller grossir le rang des Personnes déplacées internes.
Par Wakat Séra