Quel sort pour Goma dont les rebelles se rapprochent de plus en plus? Interrogation sans réponse pour l’instant. La seule certitude est que les pourparlers pour la paix en République démocratique du Congo programmés pour le mercredi 9 dernier ont été repoussés au 21 novembre, et pourraient bien piétiner plus longtemps que prévu. Pendant ce temps, le Kenya vient d’envoyer une deuxième vague d’une soixantaine de soldats pour grossir les rangs de la centaine déjà présente à Goma. Certes, les Kenyans ne se donnent pas pour mission d’engager une guerre frontale avec les rebelles du M23, parce que se mettant dans un rôle de stabilisation pour faciliter le dialogue entre les belligérants. Cependant, il n’en demeure pas moins que le contingent kenyan est prêt à faire face à toute force négative qui n’entrerait pas dans la démarche de retour à la paix.
Pour entretenir l’espoir, certes bien mince, de dialogue entre les parties en conflit, le négociateur en chef, en l’occurrence le facilitateur de la communauté de l’Afrique de l’Est, l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta se démène comme un diable dans un bénitier. Pendant ce temps, Goma demeure, plus que jamais, la cible immédiate des combattants du M23. Plus qu’une vingtaine de kilomètres qui sépare le chef-lieu de la province du Nord-Kivu des rebelles! Et les affrontements qui se font toujours intenses, nourris à l’artillerie lourde, ne font qu’accentuer le risque que Goma tombe dans l’escarcelle du M23 que Kinshasa accuse Kigali de soutenir. En tout cas, les assaillants qui mettent le Kivu à feu et à sang, contraignant les populations à fuir leurs zones d’habitation vers des cieux plus cléments, sont dotés d’une puissance de feu qui met à rude épreuve les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Tout porte à croire que les convoitises sur les richesses du sous-sol de la RD Congo ne s’étioleront pas de sitôt. Et ce n’est plus que le seul colon belge qui fait main-basse sur les pierres précieuses de l’ancien Zaïre. Les voisins de la RD Congo marquent, eux aussi, un intérêt aiguisé pour le cobalt, l’or, le diamant, le coltan (colombite et tantalite), le cuivre, pour ne citer que ces produits du sous-sol, qui, complètent un fort potentiel en ressources hydrauliques et forestières de ce pays vaste de 2 millions 345 mille Km2. Toutes choses qui font de la RD Congo, un pays riche mais paradoxalement habités par des populations pauvres, du fait de la mal gouvernance à l’interne qui fait bon ménage avec le pillage systématique orchestré de l’extérieur. Comme quoi les combats qui font rage dans le Kivu et mettent à mal, depuis la nuit des temps, la stabilité socio-politique de la RD Congo, ne sont pas prêts de prendre fin, si les hommes politiques ne font pas le choix courageux du patriotisme au détriment des intérêts égoïstes et très personnels. En attendant que les négociations se tiennent et aboutissent, le cas échéant, ce sont les canons qui tonnent.
Mais l’espoir reste de mise car ces pourparlers qui, ressemblent à ceux de la dernière chance, et que de nombreux Congolais trouvent qu’ils interviennent sur le tard, alors que les causes et les responsables du mal étaient connus depuis lors, pourraient bien ramener une accalmie et la paix définitive, si affinités. Mais, pour cela, il importe que chaque acteur prenne conscience de sa responsabilité devant l’histoire et joue sa partition, non seulement pour le bien des Congolais et mais aussi pour la stabilité dans cette partie de l’Afrique constamment en ébullition.
Mais comme dans l’air de ce dicton légendaire du «qui veut la paix prépare la guerre», les premiers éléments de l’armée kényane ont foulé de leurs rangers, le sol de Goma, la capitale du Nord-Kivu pour venir en aide à l’armée de la RD Congo en plein affrontement avec les rebelles du M23 qui jouirait, selon plusieurs rapports sérieux, dont celui de l’ONU, du soutien de Kigali, le Rwanda qui nie en bloc tout appui aux assaillants.
Par Wakat Séra