Les pays membres de l’Initiative d’Accra vont bientôt créer « un contingent de 10 000 hommes basé à Tamalé», selon une information rapportée par nos confrères de la télévision nationale, ce mercredi 23 novembre 2022. La Force conjointe qui est en train d’être mise en place en seulement un mois et dont le renseignement sera basé à Ouagadougou va coûter 550 millions de dollars US, soit près de 350 milliards FCFA.
Sept Etats d’Afrique de l’Ouest ont entamé mardi une réunion avec plusieurs dirigeants européens en vue d’accroître leur coopération dans la lutte contre la propagation des violences jihadistes du Sahel vers les côtes du golfe de Guinée.
Projet endogène porté par le Burkina et ses voisins en vue de venir à bout de l’hydre terroriste, l’Initiative d’Accra, a décidé lors de sa conférence qui se déroule au Ghana, de créer «un contingent de 10 000 hommes».
La force multinationale conjointe aura pour siège Tamalé au Ghana et la direction du renseignement sera basé à Ouagadougou. Des opérations conjointes, de la formation et le partage de renseignement doivent être concrétisées.
Le Burkina Faso est représenté à cette session par son Premier ministre, Me Apollinaire Kyélem de Tambèla qui a imprimé le rythme de son pays.
« J’ai fait comprendre que si cette Initiative-là ne donnait pas de résultats concrets, le Burkina Faso se réservait le droit de se retirer parce que nous ne sommes pas pour des réunions et des sommets sans fin. Et je pense que nous avons été compris parce qu’à l’Initiative d’Accra pour la sécurité de la sous-région, les Etats se sont engagés à mettre en place très rapidement une force conjointe pour soutenir les pays qui luttent contre l’insécurité et le terrorisme au Sahel », a déclaré le chef du Gouvernement de la Transition.
La Force antiterroriste du Sahel en gestation est attendue dans un délai d’un mois mais il faut 550 millions de dollars US, soit près de 350 milliards FCFA, pour démarrer. Les pays contributeurs qui se sont engagés pour le moment sont la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et la Grande Bretagne.
Mais, à ce niveau Me de Tambèla plaide pour un financement endogène loin des dictatures des bailleurs de fonds. « En prélevant par exemple rien qu’une certaine petite somme sur chaque kilogramme de cacao et café vendus, du coton vendu, de lingot d’or extrait, nous pouvons réunir les fonds nécessaires pour soutenir cette Initiative pour la paix et le développement dans la sous-région », a signifié le Premier ministre burkinabè qui dit repartir « satisfait » car son pays « a été entendu » sur les doléances posées.
Le Nigeria est membre observateur du groupe et prend le leadership de la mobilisation. Selon M. Kyélem, le Nigeria est disposé à accompagner cette force conjointe en appui aérien et logistique.
Organisé à Accra, capitale du Ghana, ce sommet intervient à l’heure où plusieurs pays occidentaux ont annoncé le retrait de leurs troupes dans le maintien de la paix au Mali, après le rapprochement entre la junte militaire au pouvoir et Moscou.
Dans le cadre de l’Initiative d’Accra, les présidents du Bénin, du Togo, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, ainsi que des dirigeants du Niger et du Mali qui ont rejoint récemment le groupe, rencontrent des représentants de l’Union européenne, de la Grande-Bretagne et de la France.
Il faut noter que le Mali n’a pas répondu présent à cette conférence.
Lancée en 2017, l’Initiative d’Accra implique Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana et Togo. Le Mali et le Niger l’ont rejoint en tant qu’observateurs. Les violences jihadistes au Sahel ont débuté en 2012 au Mali, faisant des milliers de morts et des millions de déplacés. Elles se sont étendues au Burkina Faso et au Niger voisins et menacent désormais les États du golfe de Guinée.
Le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo font ainsi face à la menace croissante de combattants du groupe État islamique (EI) et d’Al-Qaïda, implantés au Niger et au Burkina Faso, et qui multiplient désormais les attaques sur leur territoire. L’inquiétude grandit quant à de possibles recrutements locaux.
Par Bernard BOUGOUM