Ceci est une déclaration de l’Unité d’Action Syndicale (UAS) sur le 57e anniversaire du soulèvement populaire du 3 janvier 1966, dont la commémoration se fait dans « un contexte très difficile ».
Le mouvement syndical burkinabè commémore ce 3 janvier 2023, le 57ème anniversaire du soulèvement populaire du 3 janvier 1966.
Cette date est historique en ce que ce jour-là, les travailleurs et la jeunesse de notre pays, à l’appel de l’Inter-Syndicat de l’époque, soutenus par l’ensemble des couches populaires, ont pris leurs responsabilités face aux pratiques autocratiques du régime d’alors. En effet, le soulèvement populaire du 3 janvier était consécutif aux excès du pouvoir de Maurice YAMÉOGO en matière de gabegie, de corruption, de restrictions des libertés et d’arrogance. Cela se traduisait par le pillage des caisses de l’État des mesures d’austérité contre les travailleurs, le mépris vis-à-vis des organisations syndicales.
Camarades militantes et militants, travailleuses et travailleurs du Burkina Faso,
Cette année, en raison de l’inhumation du docteur Luc Marius IBRIGA prévu le 3 janvier 2023 à Tenkodogo, la commémoration de cette date historique du 3 janvier 1966 aura lieu le samedi 7 janvier 2023 à partir de 9H à la Bourse du Travail. Elle se fera sous la forme d’un panel sur le thème : « La résurgence des coups d’État dans la sous-région ouest-africaine et ses enjeux : quelles perspectives pour les peuples ? ».
Camarades militantes et militants, travailleuses et travailleurs du Burkina Faso,
Nous commémorons ce 57ème anniversaire du soulèvement populaire du 3 janvier 1966 dans un contexte très difficile. Ce contexte reste marqué par une grave crise sécuritaire qui induit une crise humanitaire touchant des millions de Burkinabè et une crise politique.
L’UAS s’incline une fois de plus devant la mémoire des victimes civiles comme militaires des attaques terroristes. Elle souhaite un prompt rétablissement à tous les blessés et exprime sa solidarité aux personnes déplacées internes.
À propos de la crise politique que vit le pays depuis quelques années, l’année 2022 a été marquée par la recrudescence des coups d’État : en 8 mois, le pays a vécu deux coups d’État en janvier puis en septembre et depuis le dernier coup d’État du capitaine Ibrahim TRAORÉ, ce sont deux tentatives de coups d’État qui auraient été déjouées. Et nous vivons depuis dans une psychose de coup d’État avec des arrestations d’officiers et de soldats.
Dans ce contexte, nous assistons à des restrictions des libertés démocratiques : atteinte à la liberté de la presse et à la liberté syndicale, au droit à l’information et des menaces de mort proférées sur les réseaux sociaux contre des citoyens qui critiquent les autorités de la transition. Les travailleurs de l’ONATEL (Moov Africa Burkina), en lutte pour le respect par Maroc TELECOM des termes du contrat de concession, du cahier de charges mais aussi des travailleurs et des intérêts du pays, ont été réprimés par les policiers de la Compagnie Républicaine de Sécurité.
Camarades militantes et militants, travailleuses et travailleurs du Burkina Faso,
L’autre préoccupation majeure est la poursuite des pratiques de corruption, encouragée par la politique de l’impunité des crimes économiques et la mal gouvernance. De nombreux exemples de ce mal ont été récemment révélés. On peut citer entre autres :
- l’effondrement d’une dalle à l’aéroport de Donsin qui a fait sept (7) morts et six (6) blessés. Cet accident rappelle celui survenu à l’Université Norbert ZONGO où l’écroulement d’une dalle avait fait quatre victimes parmi les étudiants et ouvriers ;
- les révélations de cas de distribution de l’argent public à des activistes et autres artistes et personnalités ;
- la gestion opaque des ressources importantes mises à la disposition de l’Armée dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Du reste, la récente révélation relative au détournement de 400 millions de francs CFA destinés aux VDP par un capitaine illustre bien cette mauvaise gestion ; elle vient après de multiples cas de détournements de fonds dans l’Armée et la commande de matériels inappropriés ou de mauvaise qualité pour l’Armée.
C’est entre autres, à cause de la mauvaise gestion des ressources par l’Armée que l’Unité d’Action Syndicale (UAS) a clairement indiquée qu’elle n’était pas favorable au prélèvement de 1% sur les salaires des travailleurs annoncé par les autorités. Elle a toutefois indiqué qu’il existe de nombreuses niches susceptibles de procurer d’importantes ressources à l’État.
À l’orée de la nouvelle année, l’UAS souhaite que les autorités en place s’engagent dans une lutte résolue contre la corruption et l’impunité. Cette lutte est une condition essentielle du succès de la lutte contre le terrorisme.
Aux travailleuses et aux travailleurs de notre pays, nous souhaitons santé, paix et courage. Il importe de renforcer les structures à tous les niveaux. Conformément aux traditions du mouvement syndical de notre pays, les secrétaires généraux s’engagent à s’investir dans la défense des libertés démocratiques et syndicales, dans la lutte contre la corruption, la vie chère et l’impunité.
VIVE LE 3 JANVIER 1966!
VIVE L’UNITÉ D’ACTION SYNDICALE!
BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2023 !
Ouagadougou, le 3 janvier 2023
Pour les Secrétaires Généraux :
Ont signé :
Le Président de mois des centrales syndicales
EL Hadj Inoussa NANA
Secrétaire Général/FO-UNS
Le Président de mois des syndicats autonomes
Alain SOME
Secrétaire Général/SYNTRAPOST