Marine le Pen en visite au Sénégal! Oui, le pays de la Téranga et son île de Gorée, vestige, s’il en est encore de plus fort, de la traite négrière, d’où sont partis un nombre hallucinant d’esclaves noirs, déportés sur d’autres continents et plus précisément vers les plantations américaines des Antilles, du nord-est du Brésil, puis du sud-est des futurs États-Unis, accueille, pour trois jours la championne, à toutes épreuves, du Front National, devenu Rassemblement National. C’est dire combien la politique est le terrain de tous les possibles. Même l’impensable s’y produit. Car cette visite décriée, à raison, par la classe politique et la société civile sénégalaise suscite bien des interrogations, compte tenu de la personne, et surtout le racisme et la xénophobie qui constituent l’ADN de l’ex Front national.
Le Pen chez les Africains!
Le Sénégal c’est aussi le pays des «tirailleurs sénégalais», le qualificatif générique attribué à tous ces soldats noirs morts pour la France dans différents conflits. Malgré leur bravoure ils sont tombés en masse pour sauver la terre de «nos ancêtres les Gaulois». C’est au Sénégal que séjourne Marine le Pen, cette terre des esclaves noirs et des tirailleurs sénégalais dont les descendants sont devenus, selon les idées négationnistes des «lepénistes», des «sauterelles» qui empestent la France. C’est certain, la fille qui a «tué» le père pour prendre les rênes du FN, maintenant RN, est loin de s’être construit une réputation de la personne politique française qui manifeste le plus son «amour» pour les Africains. Elle les préfèrent chez eux!
Marine le Pen garde dans sa gibecière des projets de lois d’expulsions, de reconduite aux frontières, de durcissement de peines pour les petits noirs présents dans l’Hexagone et ceux qui rêvent de s’y rendre, si d’aventure elle accédait à la magistrature suprême. Elle le sait, elle le dit, le revendique et l’assume. Alors, que vient-t-elle chercher au pays des noirs? Porter la quête d’un nouveau paradigme des rapports Nord-Sud et plaider pour un siège sénégalais de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, selon les raisons officielles d’un séjour sénégalais orchestré dans le plus grand secret.
Marine Le Pen n’est pas la bienvenue sur les terres des filles et fils de ceux qui ont été en première ligne des batailles françaises, mais indésirables aujourd’hui par les partisans d’une Extrême droite qui prend de plus en plus d’étoffe. A preuve les alliances contre-nature auxquelles sont contraints Socialistes et Républicains pour faire barrage à cette montée comme inexorable des «lepénistes». Si elle ne veut pas voir les noirs chez elle, même pas en peinture, pourquoi donc Marine Le Pen vient-elle chez eux?
Par Wakat Séra
*téranga signifie bienvenue en wolof, dialecte sénégalais