Enlevé le 17 janvier, retrouvé mort le 22 de ce même mois! Ce fut le triste destin de Martinez Zogo, journaliste à forte audience, sur la radio Amplitude dont il était le directeur et sur laquelle il animait l’émission Embouteillage où les affaires sales et autres comportements inciviques étaient dénoncés à foison. Ce micro explosif tenu par le journaliste camerounais est désormais muet, pour le plus grand plaisir des prédateurs de la presse et ces nombreuses personnes pour qui la liberté d’expression est urticante. Cette voix dérangeante pour certains, mais indispensable pour la moralisation de la société, a été éteinte pour de bon.
Mort atroce que fut celle de notre confrère dont le corps a été découvert nu et en état de putréfaction avancé, selon les premières constatations! Un «assassinat odieux» dénoncé par le Syndicat national des journalistes du Cameroun. Du reste, les membres de ce regroupement qui défend les intérêts de la corporation, craignent, à juste titre, que les conséquences de cet acte ignoble «restreignent davantage «la liberté et la sécurité au Cameroun».
Mais le Cameroun est loin d’être le seul pays où la chasse est ouverte contre les journalistes! Au Burkina Faso, les autorités de la transition, ont dû hausser le ton dans une déclaration face aux sorties hasardeuses et haineuses d’individus, et même de politiciens en mal de publicité, contre des hommes de presse qui n’ont eu que pour tout tort de vouloir donner la bonne information et surtout de dénoncer des dérives, juste pour qu’elles soient corrigées. Ainsi en a-t-il été, au Cameroun, de Martinez Zogo, et au Burkina, de Norbert Zongo -deux noms qui riment- le promoteur de L’Indépendant, lui brûlé vif, avec ses compagnons de voyage, un certain 13 décembre 1998.
Au Pays des Hommes intègres, le cas le plus récent est la fatwa lancée contre le journaliste de profession, Newton Ahmed Barry, qui a été menacé de mort! Le Rubricon a été franchi et ne fait que renforcer la chape de plomb qui pèse maintenant sur les journalistes qui sont contraints au silence sur certains sujets. Au Mali, le musellement de la presse ne dit pas non plus son nom. A moins d’accepter de verser dans la propagande de la junte militaire au pouvoir à Bamako, il faut avoir un certain cran ou simplement être suicidaire pour contredire les autorités de la transition.
Même dans des pays dits phares de la démocratie en Afrique, comme le Sénégal, où des journalistes comme Pape Alé Niang sont mis à l’ombre pour avoir osé assouvir la soif de s’informer des populations, le journalisme qui a toujours été un métier à risque est devenu un danger de mort! «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire»! Le temps est visiblement révolu où Evelyn Hall faisait recette avec cette célèbre et noble formule attribuée à Voltaire.
La liberté d’expression est aujourd’hui la valeur la mieux foulée aux pieds et la presse qui portait avec dignité et responsabilité son statut de 4e pouvoir se cherche en attendant des jours meilleurs. Des jours meilleurs qui eux…se font attendre!
Par Wakat Séra