Accueil A la une Présidentielle au Gabon: l’opposition prépare encore la victoire du pouvoir!

Présidentielle au Gabon: l’opposition prépare encore la victoire du pouvoir!

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Le président Ali Bongo Ondimba du temps de la splendeur (Ph. d'archives)

Comment mettre en place le Centre gabonais des élections (CGE), la cheville ouvrière de l’organisation des votes, alors que les opposants qui doivent y siéger ne sont pas en mesure de s’entendre sur les noms de leurs représentants? Rien que ça, l’opposition n’arrive à le faire, au point de contraindre le pouvoir, à travers le ministre en charge de l’Intérieur, à choisir pour elle. Bien évidemment le pouvoir ne se fera pas hara-kiri en choisissant des opposants, vrais et véritables. Dans cette logique, les «heureux élus», seront, sans aucun doute des opposants programmés pour servir le pouvoir. Redevables à souhait au pouvoir, ils assumeront la pérennité de cette démocratie de façade qui caractérise le sommet du Gabon et constitue la marque déposée de presque tous les dirigeants africains qui ont fait des fraudes électorales et de la mal gouvernance leurs sports favoris.

Le mal est si affligeant à Libreville que les trois opposants qui se sont mis en retrait pour protester contre l’installation des commissions ayant pour attributions d’examiner les candidatures et procéder au vote du président du CGE, sont restés à quai. Le train est parti sans eux, preuve de la volonté manifeste du pouvoir d’aller à ces élections en roue libre. L’opposition aura toujours le dos assez large pour porter l’accusation classique de ne pas être assez responsable pour se gérer, a fortiori porter le pouvoir d’Etat. Subtilement mais fermement, les opposants gabonais sont en train  d’être écartés de la course au fauteuil présidentiel que son actuel proprio, Ali Bongo Ondimba, disant jouir d’une forme olympique, est prêt à reconquérir, malgré les séquelles bien visibles d’un AVC qui a failli le terrasser.

Comme à l’accoutumée et à l’instar de presque toutes les oppositions sous les tropiques, celle du Gabon peine à se réunir autour du minimum. Impossible donc pour elle, en tout cas pour l’heure, de s’unir derrière un seul candidat. Ce faisant, elle fabrique des militants déboussolés, voire désabusés qui, au mieux activent le mode boycott des élections, et au pire des cas balancent carrément dans le camp d’en face. Parfois, ce sont des leaders de cette même opposition, qui, après avoir chauffé leurs partisans à blanc, les lâchent sans crier gare, souvent contre espèces sonnantes et trébuchantes où cédant aux promesses de strapontins. L’opposition gabonaise n’échappe pas à cette maladie endémique qui frappe toutes ses soeurs africaines, notamment à la veille des élections.

Ne s’accordant que sur leurs désaccords, les opposant ouvrent ainsi un immense boulevard au pouvoir qui n’en demandait pas tant, largement déjà favori, selon la règle non écrite mais incontournable selon laquelle «on n’organise pas les élections pour les perdre». De plus, les finances de l’Etat et tous les autres moyens, dont le parc automobile public, sont abondamment et impunément exploités par les régimes sortants et toujours entrants au finish.

Et pour assommer l’opposition, les pouvoirs oeuvrent presqu’ouvertement à créer et attiser la bagarre entre opposants, les divisant et les opposant les uns contre les autres, dans un combat où tous les coups sont permis. Ainsi va la démocratie au Gabon et en Afrique où le pouvoir triomphe toujours, même au plus bas de la côte de popularité de son champion. C’est ainsi que de père en fils, les Bongo règnent sans partage sur un Gabon où des opposants comme Jean Ping, pour ne citer que lui, n’ont jamais pu s’imposer dans ces joutes électorales qui, de plus en plus ne passionnent plus grand monde.

Les populations désabusées, et surtout davantage préoccupées par la quête du pain quotidien qui, chaque jour se raréfie, affichent clairement leur désamour pour la politique et ses acteurs. Mais le prince n’en fait pas un drame, ce qui importe pour lui étant la reconquête ad vitam aeternam de son fauteuil, quitte à s’exposer un de ces quatre matins à la furie du peuple ou l’arbitrage de militaires qui préfèrent maintenant les affaires juteuses à l’enfer du front.

A moins d’un tsunami, la victoire semble encore garantie pour le pouvoir. Plus probablement avec la continuation du règne de Ali Bongo Ondimba!

Par Wakat Séra