Asiwaju Bola Ahmed Tinubu, est le nouveau président élu avec 8,8 millions de voix des quelque 25 millions de votants sur les 85 millions d’inscrits pour les élections présidentielle et législatives du samedi 25 février. Mais les résultats rendus publics par la commission électorale indépendante (Inec), comme il fallait s’y attendre ont été aussitôt rejetés par l’opposition. Les deux principaux opposants, Atiku Abubakar du Parti démocratique et populaire et Peter Obi du Parti travailliste, arrivés respectivement 2e et 3e de cette joute électorale qui a suscité très peu d’engouement au sein des populations, ont tous promis de se tourner vers la justice et utiliser toutes les voies pacifiques pour empêcher que ces résultats passent. Peter Obi qui affirme même être le vainqueur n’entend pas se laisser voler sa victoire.
S’il faut se réjouir que les contestataires restent, pour l’instant, collée à la justice pour exiger l’annulation de cette élection, il faut craindre, à raison, des dérives qui feraient très vite exploser la cocotte-minute qui bouillonne depuis quelques jours. En effet, le retard dans la proclamation des résultats et la publication des chiffres elle-même, n’ont fait que renforcer les inquiétudes des malheureux candidats et de leurs supporters. Désormais, tout rapproche de Lagos et d’Abuja, les démons de la violence qui n’ont jamais été loin des élections dans un Nigeria qu’ils semblent bien affectionner. Les Nigérians redoutent donc, de plus en plus, cette bagarre électorale, alors qu’ils traversent une mer de crises qui vont de l’insécurité endémique, notamment du fait des attaques armées du groupe islamiste Boko Haram, aux pénuries de billets de banque et de carburant à la pompe, sans oublier les longues coupures d’électricité qui plombent sérieusement l’économie du pays le plus peuplé d’Afrique.
En plus de cette nouvelle polémique bien fournie, dont il se serait volontiers passé, et qui l’accuse d’avoir menti sur son âge, le désormais cinquième président de la cinquième république qui aurait officiellement 70 ans, fera donc face à plusieurs défis. Pourtant, c’est certain, l’ancien gouverneur de l’Etat de Lagos, n’aura aucun répit, lui qui est accusé d’avoir trempé dans des affaires de corruption et de blanchiment d’argent, même s’il n’a jamais été épinglé par la justice. N’est pas l’une des plus grosses fortunes du Nigeria qui le veut!
En tout cas les jours prochains pourraient être bien chauds au Nigeria, ce pays qui est coutumier des violences électorales et post-électorales.
Par Wakat Séra