Ceci est une liste des commémorations des grandes dates musulmanes dans le monde. Dans cet écrit transmis à Wakat Séra ce lundi 17 avril 2023, l’islamologue Soraya El Alaoui nous donne les dates des fêtes musulmanes, les commémorations chiites et nous introduit aux évènements du calendrier musulman.
Dates des fêtes musulmanes 2023, 2024 et 2025
Cette liste présente les commémorations du calendrier musulman les plus observées. Pour en savoir plus sur les évènements du calendrier musulman, rendez-vous en fin de liste. Pour mieux comprendre ce calendrier, consultez notre article sur les origines et le fonctionnement du calendrier musulman.
Raʼs as-Sana
-mercredi 19 juillet 2023
-lundi 8 juillet 2024
-vendredi 27 juin 2025
Achoura
-vendredi 28 juillet 2023
-mercredi 17 juillet 2024
-dimanche 6 juillet 2025
Mawlid
-mercredi 27 septembre 2023
-lundi 16 septembre 2024
-vendredi 5 septembre 2025
Al Isrâ’ wal Miʿrâj (Isra et Miraj)
-samedi 18 février 2023
-mercredi 7 février 2024
-lundi 27 janvier 2025
Ramadan
-du jeudi 23 mars au jeudi 20 avril 2023
-du lundi 11 mars au lundi 8 avril 2024
-du samedi 1er mars au samedi 29 mars 2025
Laylat al Qadr, La nuit du destin
-lundi 17 avril 2023
-vendredi 5 avril 2024
-mercredi 26 mars 2025
Aïd el-Fitr
-vendredi 21 avril 2023
-mardi 9 avril 2024
-dimanche 30 mars 2025
Aïd al Adha / Aïd-el-Kébir
-jeudi 29 juin 2023
-lundi 17 juin 2024
-samedi 7 juin 2025
Les dates peuvent être décalées d’une journée, en fonction de l’observation du croissant de lune. Pour le calendrier hégirien complet, rendez-vous en bas de page.
Introduction aux évènements du calendrier musulman
Des commémorations viennent par des dates scander et caractériser le calendrier musulman. Elles rappellent d’abord des rites religieux comme elles illustrent aussi des pratiques culturelles avec des habitudes locales parfois des emprunts ou des origines sous-jacents à des faits antérieurs à l’islam.
En suivant le calendrier hégirien on rencontre principalement : Raas as-Sana, ʿAchoura, Mawlid, al Isra wal Miʿrâj, Ramadan, Laylat al Qadr, ʿÎd al Fitr, ʿÎd al Adha. Ces différentes célébrations sont partagées par la totalité des musulmans, qu’ils soient sunnites ou chiites.
Il est possible de faire une classification de ces différentes commémorations selon divers critères : obligation cultuelle ou pratique culturelle ; évènement antérieur ou postérieur à l’avènement de l’islam, institué du vivant du Prophète ou après son décès ; spécificité de leur origine ou de leur source scripturaire ; fêtes canoniques ou fêtes extra-canoniques. Ces différents critères distinguent les fêtes majeures des fêtes mineures.
Bien qu’il trouve sa place parmi les célébrations musulmanes, Ramadan n’est pas une fête stricto sensu comme on peut l’entendre, mais une prescription coranique (Sourate 2, verset 183), troisième pilier de l’islam qu’est l’obligation de jeûner lors du 9ième mois du calendrier hégirien.
Ce mois englobe par ailleurs une autre « fête » qu’est Laylat al Qadr ou nuit du Destin, qui détermine la descente du Coran (Sourate II, verset 185 ; Sourate 44, verset 3 ; Sourate 97, versets 1 à 5). Il est d’usage de faire correspondre la Nuit du Destin à la nuit du 26 au 27 du mois de Ramadan où les prières surérogatoires la différencient des autres nuits.
Très peu de ces commémorations incluent dans leur intitulé le vocable fête, ʿÎd en arabe. Il n’est rattaché qu’à deux célébrations qui s’avèrent être les deux principales fêtes musulmanes : ʿÎd al-Fitr (fête de la rupture du jeûne de ramadan) et ʿÎd al-Adha (fête du sacrifice). Elles sont considérées par ailleurs comme les deux seules fêtes canoniques officielles de l’islam et ont un caractère d’obligation juridique dans la mesure où elles se fondent sur la tradition prophétique, Sunna, deuxième source du droit musulman. Instituées par la Sunna, rappelons qu’elles ne sont pas une obligation cultuelle énoncée dans le Coran.
Néanmoins, ces deux fêtes se rattachent à des éléments cités dans le Coran et qui renvoient à des pratiques cultuelles : ʿÎd al- Fitr marque la fin du jeûne de Ramadan, qui est le troisième pilier de l’islam et ʿÎd al-Adha commémore le sacrifice par Abraham d’un bélier qui est relaté dans le Coran (cf. versets 102 à 107 de la sourate XXXVII). Ce sacrifice est un des rituels constituant le pèlerinage à La Mecque, qui est le cinquième pilier de l’islam (Sourate 2, verset 125, verset 158 et versets 196 à 198 ; Sourate 3, verset 97, Sourate 22, versets 28 à 30).
ʿAchoura célébrée aussi bien par les chiites que les sunnites, permet de les différencier quant à l’évènement auquel il se rattache. Pour les premiers il commémore un fait historique, postérieur au décès du Prophète, qu’est le massacre de son petit-fils al Husayn le 10 octobre 680/10 muharram de l’an 61 de l’Hégire. Pour les chiites, ʿAchoura est célébré exclusivement pour la mémoire d’al Husayn alors que chez les sunnites il se réfère à de nombreux « faits religieux miraculeux », bien antérieurs à l’avènement de l’islam et dont le principal est la sortie d’Égypte des enfants d’Israël. La capture de cet évènement par les sunnites, célébré par un jeûne comme chez les israélites, permet de faire la jonction entre tradition juive et tradition musulmane. Néanmoins, dès l’institution du mois de Ramadan, qui lui est postérieur et qui est une obligation cultuelle, le jeûne de ʿAchoura, initié par le Prophète va avoir une pratique plus ou moins observée dans les différentes sociétés musulmanes.
Al Isrâ’ wal Miʿrâj, voyage et ascension du Prophète de La Mecque à Jérusalem, eut lieu vers 621/dix-huit mois avant l’Hégire, dont certains versets coraniques s’y réfèrent (Sourate 17, verset 1 ; Sourate 53, versets 1 à 18 ; Sourate 81 versets 19 à 25) mais aussi divers hadîths (dires et propos du Prophète). L’importance de cet évènement est double. Cette ascension a permis de définir le nombre des prières rituelles (à cinq) deuxième pilier de l’islam ; par ailleurs ce voyage va donner à Jérusalem, dans lequel sera édifié ultérieurement, le Dôme du Rocher en 692, le statut de ville sainte après La Mecque et Médine.
Ce voyage trouve par ailleurs une place de choix dans la sîra ou biographie du Prophète. Les pratiques culturelles qui se situent à la périphérie de cet évènement donnent une place centrale à la figure prophétique, à l’instar du Mawlid, qui nous rappelle différents miracles liés à sa personne : sa naissance et son voyage nocturne miraculeux. Le Mawlid comme commémoration liée à l’islam a été instituée bien après les débuts de l’islam, sa première mention daterait du XIIe siècle. Ces deux « fêtes » dont les origines mettent en scène la vie du Prophète vont produire un genre littéraire, le panégyrique, sous forme de poèmes qui font l’éloge du Prophète dans les espaces cultuels lors de ces deux célébrations.
Le premier muharram ou Raas as-Sana ouvre l’année musulmane ou année hégirienne qui a pour référence l’exil (en arabe hijra) du Prophète Muhammad de La Mecque à Yathrib (Médine) en septembre 622. Cet évènement sera choisi comme le 1er jour du calendrier musulman.
Une autre « fête », Laylat al barâ’a, Nuit de l’innocence qu’on traduit aussi par Nuit du pardon, trouve aussi sa place dans le calendrier musulman. Elle est célébrée le 15 shaʿbân, mois qui précède celui du Ramadan et peut être considérée comme une « nuit de rémission des péchés ». Les pratiques lors de cette nuit et de ce mois peuvent être considérées comme une préparation au Ramadan afin de l’entamer dans les meilleures conditions. La croyance veut que lors de cette nuit, Dieu fixe le destin de chaque homme pour l’année à venir. Aussi pour l’entamer et être purifié préalablement de ses péchés, le croyant passe cette nuit à prier et à lire le Coran. Durant la journée, le jeûne, les dons, la visite des tombes des défunts, la demande de pardon participent à purifier le croyant. La pratique du jeûne durant le mois de shaʿbân, qu’on retrouve par ailleurs dans de nombreuses commémorations, se fonde sur des hadîths.
Commémorations chiites
Chez les chiites, d’autres célébrations viennent enrichir leur calendrier liturgique. Elles commémorent les figures essentielles du chiisme : ʿAli et sa famille (Fatima son épouse et fille du Prophète, Hasan et al Husayn ses fils, Zaynab sa fille) mais encore les imams chiites. Ces fêtes marquent généralement leur naissance ou leur décès.
ʿAchoura qui a lieu le 10 du mois de muharram, est prolongé chez les chiites par Al Arbaʿîn, signifiant quarantaine, qui commémore la fin de la période de deuil de 40 jours qui suit l’assassinat d’al Husayn, elle est fêtée le 20 safar.
ʿÎd al-Ghadîr, célébré uniquement par les shiites duodécimains, commémore le 18 dhû l-hijjâ les évènements de Ghadîr al Khumm, au cours desquels les chiites croient que le Prophète a désigné ʿAli pour lui succéder. Ghadîr al-Khumm est une oasis située entre La Mecque et Médine. Sur le chemin du retour du dernier pèlerinage, le « pèlerinage de l’Adieu », le Prophète y fit halte. Il convoqua une assemblée, prit les mains de ʿAli qu’il leva et dit :
« Qui m’a connu comme mawla (maître) a ʿAli comme mawla (maître). » Puis il récita la prière suivante : « Sois un ami pour ses amis, Ô Seigneur, sois un ennemi pour ses ennemis ; assiste ceux qui l’aident et défais ceux qui s’opposent à lui. »
Les chiites soutiennent que cette déclaration instaurait ʿAli comme successeur du Prophète. L’institution de cette fête date de 351/962, à l’instigation de Muʿizz ad-Dawla (915-967), prince bouyide qui fut également à l’origine d’une autre fête chiite, celle de ʿAchoura commémorant le martyre d’al Husayn.
La rencontre du 24 dhû l-hijja de l’an 9 de l’Hégire entre le Prophète (accompagné par ʿAli, Khadija, Hasan et al Husayn ou Ahl al Bayt) et les chrétiens du Najrân, est connue sous le nom de Mubâhila (Ordalie). Ces derniers prétendaient que Jésus faisait partie de la Trinité et refusaient les déclarations du Coran qui le présentaient comme un Prophète obligeant Muhammad à proposer l’imploration de la malédiction sur les menteurs. Ce désaccord sera suivi de la révélation d’un verset (Sourate 3, v 61).
Au-delà du désaccord entre les visions chrétienne et musulmane de la figure de Jésus, cet évènement récupéré et célébré ultérieurement par les chiites, où seuls étaient présents Ahl al Bayt ou Gens de la maison, leurs permet de souligner la préséance de ces derniers qui sont la lignée première du chiisme.
D’autres dates commémorent, décès et naissance des différents membres de la famille du Prophète et des Imâms chiites (Cf. tableau).