Le directeur général de l’artisanat, Boubié Séraphin Badolo, a révélé que la recette générée par la commercialisation du coton, en 2021, est estimée à « 252 milliards francs CFA », dans sa présentation inaugurale, à l’ouverture du forum national sur le Faso Dan Fani qui a réuni plus de 200 acteurs en vue de réfléchir sur l’accessibilité du coton au Burkina, ce vendredi 19 mai 2023, à Ouagadougou.
Le Forum national sur le Faso Dan Fani a été ouvert dans la matinée de ce vendredi 19 mai 2023 dans la capitale burkinabè autour du thème : «Problématique de l’accessibilité financière du Faso Dan Fani». Il permettra à plusieurs dizaines d’acteurs de la filière de réfléchir sur comment le coton peut être accessible aux Burkinabè. Cette rencontre permettra de faire l’état des lieux de la transformation aussi bien industriel qu’artisanal du coton, de se pencher sur les politiques et les initiatives entreprises par le gouvernement pour booster le pagne Faso Dan Fani et sa consommation, ainsi que les principaux défis et objectifs attendus.
L’objectif principal poursuivi à travers cette rencontre est de proposer au gouvernement un plan d’action pour une amélioration de l’accessibilité financière et de la promotion du pagne Faso Dan Fani pour une utilisation à une grande échelle. Pour l’atteinte de cet objectif, deux problématiques majeures seront débattues sous forme de panels au cours de ce forum. La première problématique est relative à l’accessibilité du coton fibre au Burkina Faso et la seconde soulève la question de la transformation, de la commercialisation et de la consommation du Faso Dan Fani au niveau national. Les travaux devront permettre de produire un rapport général comprenant les actions prioritaires en lien avec les objectifs fixés.
Dans son discours lu par le ministre du Développement Industriel, du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et Moyennes Entreprises Premier ministre, Serge Poda, le Premier ministre Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, a indiqué que l’ambition de son gouvernement « est de parvenir à une transformation locale (des) matières, singulièrement le coton pour apporter une plus-value substantielle à l’économie nationale ».
«Notre forum se tient dans un contexte toujours marqué par le ralentissement des activités de production dû à la persistance du terrorisme qui endeuille notre nation», a d’abord rappelé le ministre Poda, avant de rappeler que le Burkina Faso fait partie «des plus grands producteurs de coton en Afrique avec une production moyenne par campagne de 500 000 tonnes de coton graine, soit une moyenne de 200 000 tonnes de coton fibre».
Cependant, il ressort qu’à peine «3% de cette matière est transformée au niveau national. La quasi-totalité de la production du coton fibre est exportée, privant, ainsi l’économie nationale de valeur ajoutée substantielle qu’aurait pu générer sa transformation sur place», a déploré le ministre en charge de l’Artisanat, poursuivant que la transformation de ce produit stratégique qu’est le coton par des acteurs du sous-secteurs « textile et habillement » en produits du textile artisanal, «contribue à apporter une réponse concrète à la problématique de la transformation locale de cette matière et s’illustre comme une force de propositions de solutions endogènes face à la faiblesse de l’industrie nationale du textile».
Pour lui, le Faso Dan Fani constitue un élément important du patrimoine national et véhicule l’identité culturelle du Burkina Faso à travers l’art vestimentaire qui force l’admiration. En sus, le Faso Dan Fani revêt un caractère symbolique pour notre pays et peut être utilisé comme un moyen d’expression de l’existence du Burkina Faso sur la scène internationale.
Revenant sur l’importance socio-économique du coton au Burkina, le directeur général de l’artisanat a fait savoir que le coton contribue pour «4% au PIB national et est le deuxième produit d’exportation après l’or». «En 2021, sa valeur ajoutée ou encore la recette générée par la commercialisation du coton est estimée 252 milliards FCFA. Ce secteur également fait vivre quatre millions de personnes en particulier des jeunes et des femmes dans des milieux de tissages, de la teinture et de la confection», a ajouté M. Badolo qui dresse cependant un constat amer en ce qui concerne la transformation locale du coton.
«C’est seulement 3% de la fibre qui est transformée au niveau national tandis que 90% de la production nationale est exportée à l’état brut naturellement avec une perte considérable en termes de valeur ajoutée», a-t-il déploré, voulant qu’au sortir de ce forum qui regroupe des acteurs spécialisés dans le domaine, des recommandations puissent être faites aux autorités afin qu’elles travaillent à rendre disponible et accessible la matière première, à renforcer les capacités des acteurs. Il a continué qu’il y a la nécessité d’accroître l’offre pour naturellement répondre à la demande et une maîtrise du circuit de distribution des files, entre autres.
Selon la présidente de la Chambre des Métiers de l’Artisanat du Burkina Faso (CMA-BF), Germaine Compaoré, l’artisanat est un secteur noble dont la contribution au développement dans le pays est reconnue unanimement aussi bien par les autorités politiques et administratives que par les partenaires au développement.
«Au Burkina Faso, nous devons mettre l’accent sur notre capacité de production intérieure afin de créer une résilience sans précédent des acteurs de la chaîne de valeurs du coton dans la perspective de maintenir l’équilibre économique face aux adversités que connaît le pays», a-t-elle dit, espérant la mise en place d’«un fonds de financement dédié à l’artisanat».
Par Bernard BOUGOUM