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Burkina: l’appel au secours des propriétaires des non-lotis de Bendatoega

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Des membres de l'association Zaknooma

Des propriétaires de terrains non-lotis de Bendatoega dans la commune rurale de Pabré (Centre burkinabè), réunis en association dénommée Zaknooma pour le droit au logement (AZALO), ont dénoncé, le dimanche 21 mai 2023, face à la presse, «la prédation foncière» dont ils seraient victimes. Appelant au secours, ceux-ci demandent «aux autorités compétentes de prendre des mesures urgentes et utiles» pour les sortir de cette situation.

Installés pour la plupart à Bendatoega depuis 2013, après avoir acquis des terrains non-loti avec les autochtones, les membres de l’association AZALO, fort de 6 000 personnes, ont rencontré, le dimanche 21 mai 2023, la presse pour exposer leurs soucis avec la société immobilière Intelligence immobilière.

Selon le chargé des affaires juridiques de l’association, Abdallah Ouédraogo, c’est courant 2017 que la société immobilière s’est intéressée aux terrains d’environ 1 200 hectares en vue d’un projet de lotissement.

Des participants à la conférence de presse

«Pour ce faire, en vue de pouvoir procéder légalement au lotissement, Raphaël Pikbougoum (premier responsable de Intelligence immobilière) devrait requérir l’accord exprès des autochtones du village, des propriétaires d’hectares et des propriétaires de terrains à usage d’habitation (non-lotis), dont l’accord se matérialise en principe, par la signature d’un document dit d’acte de constatation de possession immobilière», a fait savoir M. Ouédraogo. Il a soutenu que «dans le processus d’acquisition des documents légaux (…), principalement, l’acte de constatation de possession immobilière, a malicieusement et subtilement évincé les propriétaires de terrains non-lotis qui représentent pourtant plus de la moitié des habitants du village».

Le chargé des affaires juridiques de l’association a laissé entendre qu’après négociations, ils ont obtenu du président directeur général de Intelligence immo, M. Pikbougoum, des «engagements». Ces engagements, selon lui, sont, entre autres, : «l’intégration de quelques membres de (leur) association au comité de suivi, la mise à disposition (…) du registre des deux derniers recensements, la mise à disposition de la liste des promesses d’attribution des membres de l’association, le fait que chacun sera personnellement et directement attribué de sa parcelle par la société immobilière contre signature et paiement des frais, l’existence éventuelle de paiement par tranches, l’insistance sur la modestie des frais, les attributions des parcelles au plus tard le 31 mars 2023, selon des critères bien connus et la continuation des pourparlers en vue de la fixation des frais, conformément à la volonté des parties».

Des membres de l’association

Selon M. Ouédraogo et ses camarades de l’association Zaknooma, aucune de ces promesses n’a été respectée par la société. Jusqu’à présent ils n’ont pas été attributaires alors que les autochtones disposent déjà pour eux sans avoir versé un centime. Alors qu’on leur demande, à eux, de payer «les prix exorbitants de 500 000 F CFA pour les terrains bâtis achevés, 1 000 000 F CFA pour les terrains bâtis inachevés et 1 500 000 F CAF pour les terrains nus».

«Son attitude et ses agissements ne sont pas de nature à favoriser le vivre ensemble entre les habitants de Bendatoega et cette discrimination sociale dont (ils sont) victimes constitue une poudrière», a affirmé Abdallah Ouédraogo.

«Chez nous les résidents sont prioritaires»

Contacté par une équipe de Wakat Séra, le président directeur général de Intelligence immobilière, Raphaël Pikbougoum a déclaré que ces personnes «s’impatientent». «Ils s’impatientent tout juste parce qu’on n’a pas atteint la phase d’attribution aux non-lotis qui se trouve être la dernière  phase», a dit M. Pikbougoum, souhaitant «que la vérité triomphe».

«Chez nous les résidents sont prioritaires», a-t-il soutenu, soulignant que ceux qui «parlent beaucoup ne résident pas à Bendatoega» et «ils ne sont pas plus nombreux que les autochtones comme ils le prétendent». «Nous sommes toujours sur les autochtones et nous n’avons pas encore fini», a affirmé M. Pikbougoum qui note que si ceux qui sont propriétaires de terrain non-lotis attributaires, ils doivent payer.

Selon lui, en cas de lotissement «tous les non-lotis sont payants. Maintenant, le montant dépend de plusieurs paramètres», expliquant que «par exemple, il y en a qui n’ont même pas 100 m2 et qui pensent qu’ils doivent avoir une parcelle d’au moins 204 m2. Et tout dépend de l’investissement sur le terrain».

Par Daouda ZONGO