Dans une courte vidéo partagée en boucle, depuis le mardi 4 juillet 2023, sur les réseaux sociaux, on aperçoit un officier sénégalais de la Minusma accusant ouvertement l’Armée malienne d’entraver le travail de la Mission onusienne. Des propos que la Minusma dit «regretter» et s’en «dissocier», rassurant dans sa note, publiée, mercredi, sur twitter, que ceux-ci ne reflètent pas sa position. Cette sortie du militaire sénégalais est-elle une réaction isolée ou l’expression d’un ressenti collectif des soldats de la paix appelés à plier bagages du Mali dans un délais de six mois?
Le retrait des soldats de la Minusma du Mali, acté le 30 juin dernier, n’a visiblement pas fait que des heureux, notamment dans les rangs des premiers concernés. L’un d’eux, un officier sénégalais, s’est déchainé sur les réseaux sociaux. «Nous n’allons pas accepter d’être malmenés (…) Nous n’avons rien contre nos frères maliens mais ils commencent à nous créer des difficultés», se lâche, en langue wolof, le militaire dans une courte vidéo publiée sur twitter.
«Ils peuvent refuser qu’on parte en mission mais nous n’allons pas accepter d’être leurs jouets. Nous n’allons pas provoquer les (soldats) maliens, mais il faut qu’ils sachent avec qui ils ont affaire», ajoute-t-il dans cette vidéo aussitôt devenue virale sur les réseaux sociaux.
Si la Minusma affirme «regretter» les déclarations de son officier et rassure qu’elles ne «reflètent pas sa position», cette sortie, à moins d’une semaine de l’officialisation de la fin de la mission des casques bleus au Mali, interroge.
La décision des autorités maliennes de mettre fin à cette collaboration avec les soldats de la paix va-t-elle créer un précédent dangereux, notamment pour sa stabilité ou même pour ses relations avec les autres pays d’Afrique? Faut-il s’en inquiéter, surtout après le coup de gueule de ce soldat sénégalais, qui pourrait bien avoir dit haut ce que les autres pensent bas?
Les dirigeants des deux pays (Mali et Sénégal) seraient bien inspirés de se dissocier, comme la Mission onusienne, de ces déclarations qui émanent d’un soldat sans doute dépité de se voir priver de certains avantages, et de ne les laisser influer aucunement sur les relations de ces deux pays. Le continent du berceau de l’humanité est bien assez fragile par les crises sécuritaires et de gouvernance qu’il ne peut plus se permettre de tirer sur l’ambulance en créant d’autres fronts.
Du reste, le Mali qui dit avoir pris une «décision incontestablement souveraine» se doit de l’assumer en poursuivant sa lutte sans faille contre l’hydre terroriste qui continue de menacer la quiétude des paisibles populations.
Par Siaka CISSE
