Le Mouvement Citoyen pour la Démocratie (MCD) estime que la démocratie consensuelle est « une panacée véritable » pour sortir le Burkina Faso de la crise dans laquelle le pays se trouve, dans une note parvenue à Wakat Séra, ce vendredi 11 août 2023.
Tribune
Dans le cadre de l’approfondissement de notre culture politique, nous avons parcouru une interview de Me Hermann YAMEOGO riche en enseignements sur la gouvernance en générale et sur la démocratie consensuelle en particulier. Cette interview datant d’octobre 2015 s’inscrivait justement dans le cadre de la sortie officielle de son 5e livre sur la démocratie consensuelle.
De prime abord, de façon résumé, la lecture de l’interview nous permet de définir la démocratie consensuelle comme la priorisation du consensus, du dialogue et de la mutualisation de nos potentialités, du stade national jusqu’à celui international pour résoudre nos problèmes communs. Des problèmes dominés par le nécessaire partage et le sens de la frugalité que nous impose les pressions multiples sur la survie de l’humanité. L’organisation de la gouvernance doit tendre vers plus de solidarité, plus de prise de conscience des comportements individuels et collectifs plus guidés par l’inclusion, la mutualisation, que la confrontation, propre à la démocratie concurrentielle et commerciale.
À partir de cette définition, la démocratie consensuelle a un aspect plus rassembleur, plus humain et plus adaptée aux exigences des nouvelles contraintes universelles que la démocratie classique. Elle se situe au-delà des cloisonnements partisans et idéologiques pour chercher le consensus dans la gouvernance pour une meilleure vie en collectivité humaine et une meilleure préservation de l’humanité.
Le cas précis du Burkina Faso touché par une crise multidimensionnelle sur fond de dégradation continue de l’unité nationale et de la cohésion en raison de la guerre terroriste, doit pouvoir trouver son solutionnement dans la démocratie consensuelle. Il s’agit encore une fois au-delà des luttes politiques organisées pour la conquête du pouvoir (en vue d’assouvissements personnels masqués ou non), de pouvoir promouvoir de nouvelles règles et des comportements adaptés (par le dialogue, la continence, et le partage) pour enclencher la nouvelle et ultime révolution qui nous incombe à tous pour une meilleure gestion du quotidien et de ses crises mais surtout pour mieux faire collectivement face aux défis communs du futur.
Cette vision de la démocratie consensuelle permet de cerner cette vérité qu’une seule entité politique ou sociale quel que soit sa volonté ou son intelligence, ne peut réussir à développer un pays dans un environnement de plus en plus hostile. Il convient donc de créer un environnement favorable à la réponse à apporter à la crise mondiale de la démocratie et au développement durable sur la base du dialogue et du consensus.
Quoiqu’on puisse reprocher à la démocratie car n’étant pas en soi un modèle parfait et irréprochable de gestion des États, elle demeure comme le dit Winston Churchill le moins mauvais des systèmes. Il s’agit donc d’inventer un nouveau visage plus humain, plus respectueux de la nature que la démocratie classique.
La situation difficile actuelle du Burkina requiert que le Président Ibrahim TRAORÉ puisse s’imprégner de la démocratie consensuelle pour créer un large rassemblement afin de réussir de façon commune le défi de la reconquête du territoire national. Il gagnerait à le faire en se démarquant des idéologies, leaderships et doctrines passéistes, et en ne confondant pas dans l’inapplication, la démocratie consensuelle avec la démocratie globalisante et totalitaire.
Le Burkina Faso est un bien commun de tous les fils et filles Burkinabè. Chacun doit pouvoir apporter sans perdre davantage de temps dans des références éculées sa brique à la construction de l’édifice. Pour ce faire, il appartient à l’autorité de promouvoir une nouvelle manière de gouverner plus soucieuse d’économie, de communion solidaire, de communauté universelle que d’égoïsme, de prédation et de destructions irréversibles de biens communs.
« Ensemble, nous briserons des mythes ».
Mouvement Citoyen pour la Démocratie (MCD)
Sylvain OUEDRAOGO
Porte-Parole