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Burkina/Aéroport de Donsin: des «enquêtes» ou des «audits» demandés après la résiliation du contrat du groupe français

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Les dirigeants du Collectif des syndicats de l'aéronautique civile

Le Collectif des syndicats de l’aéronautique civile burkinabè a appelé les autorités de la Transition à faire des «enquêtes» ou des «audits» pour situer les «responsabilités» après la résiliation du contrat du groupe français Meridiam AMP qui devait apporter sa contribution à hauteur de 145 milliards et exploiter l’aéroport de Donssin pendant 30 ans, lors d’une conférence de presse, à Ouagadougou, ce jeudi 17 août 2023. Le Collectif juge la décision du gouvernement «courageuse et salutaire».

Le Collectif des syndicats de l’aéronautique civile était face aux hommes de média ce jeudi dans la capitale burkinabè pour se prononcer sur la décision des autorités de la Transition de résilier le contrat de concession de l’aéroport international de Ouagadougou-Donsin, entre l’Etat du Burkina Faso et le Groupe français Méridiam AMP. Cette mesure vient « une fois de plus affirmer d’une part la résistance du peuple burkinabè contre l’aliénation de son indépendance et sa souveraineté et d’autre part le refus du pillage à ciel ouvert (des) richesses nationales », a déclaré le porte-parole du Collectif, Ahmed Lamizana qui se réjoui car la vérité a « triomphé » dans cette affaire.

Selon les explications des conférenciers du jour, le modèle financier qui liait le Burkina à Méridiam AMP était « simplement une arnaque ahurissante ». En effet, pour un apport d’investissements de l’ordre de « 145 milliards sur à peu près 500 milliards au total du coût du projet, le concessionnaire devait percevoir un montant d’environ 470 milliards FCFA en 30 ans, au seul titre de la Redevance de Développement des Infrastructures des Aéroports (RDIA) qui devrait légitimement revenir à l’Etat ».

« Si des gens commettent une faute grave, je pense que ces personnes devront répondre »

En plus de la RDIA, le concessionnaire devrait « récolter près de 1 500 milliards FCFA sur 30 ans, soit 50 milliards par an », s’est exaspéré Ahmed Lamizana, pour qui, cela amène de « fortes suspicions ». Pour lui, les deux signataires dans cette convention à savoir le 1er signataire qui était le ministre des Transports, Vincent Dabilgou et le 2ème signataire, le ministre de l’Economie, Lassané Kaboré doivent être entendus par la justice. « Pour nous en tout cas, c’est deux personnes doivent être forcément entendues. Nous pensons aussi que ceux qui ont participé à la négociation doivent être entendus », a-t-il poursuivi.

« Nous sommes fondamentalement des syndicalistes et quand on est syndicaliste, on défend des valeurs de justice, d’égalité et dignité. Nous sommes pour zéro impunité. Si des gens commettent une faute extrêmement grave comme dans ce cas si, je pense que ces personnes devront répondre », a soutenu le porte-parole du Collectif.

Pour le collectif, « il faut vite faire des enquêtes ou des audits pour situer les responsabilités dans cette affaire » pour que s’il y « a effectivement des griefs contre des gens », qu’on les traduise en justice pour l’histoire car un des problèmes du Burkina Faso, c’est l’impunité. « Nous sommes persuadés que des gens ont pris des choses dans cette affaire », a lancé Ahmed Lamizana.

Le porte-parole du Collectif des syndicats de l’aéronautique civile

Les propositions alternatives du Collectif…

Comme première proposition, le Collectif souhaite que le gouvernement parcelle l’ancien aéroport pour en faire par exemple un grand magasin ou des sites de commerces, etc. « Selon nos estimations, l’Etat peut engranger au moins 1 000 milliards FCFA qui suffisent largement pour un projet de 500 milliards FCFA pour construire l’aéroport de Donsin », a indiqué M. Lamizana qui a noté que « les Mauritaniens ont adopté ce modèle pour pouvoir construire leur aéroport. D’autres pays aussi l’ont expérimenté. Même en France, à Nantes précisément, c’est ce modèle qui a été appliqué ».

La deuxième possibilité pour construire l’aéroport de la capitale burkinabè qui est situé à la sortie Nord de Ouagadougou, consiste à chercher des partenaires privés ou bien des partenaires qui sont au plan international. Ce modèle consiste simplement à garantir la Redevance de Développement des Infrastructures des Aéroports (RDIA). « Il faut le relever, c’est une redevance qui est très sûre. Au plan national même on peut avoir nos hommes qui peuvent avoir 145 milliards FCFA. Nos hommes d’affaires peuvent se mettre même en coalition pour qu’on construise notre aéroport en une année ».

Ahmed Lamizana a rassuré sur ce point sur la durée que peut causer la décision du gouvernement dans la réalisation de la gigantesque infrastructure. « Je vous assure qu’en moins d’une année, puisque le Niger a construit son aéroport en une année. Pour peu qu’on s’accorde sur les grands principes, le pays peut construire son aéroport en une année. 2025 que j’ai donné pour voir le premier vol de l’aéroport de Donsin être une réalité, est même très loin », a-t-il soutenu.

L’autre alternative crédible, c’est le partenariat entre Etats, pensent les conférenciers. « Le Burkina Faso a des amis et ce ne sont pas tous les pays qui sont prêt à nous piller. Comme on le voit, nous avons des pays amis qui sont sincères et qui veulent le développement du Burkina. On peut dans une diplomatie forte, engagée avec ces pays-là, avoir les financements pour construire notre aéroport », a affirmé leur porte-parole qui a laissé entendre que selon les informations dont ils ont échos, « il y a des nouvelles assez intéressantes à ce niveau ».

Face à ceux qui évoquent l’insécurité pour critiquer la décision des autorités de la Transition, les conférenciers pensent qu’il n’en est rien. « L’aéroport est un investissement assez sûr. Quand ça chauffe là, la première des choses que ces mêmes gens qui peignent le Burkina en rouge font, c’est de sécuriser l’aéroport pour que, eux, leurs compatriotes puissent quitter le pays », a réagi Ahmed Lamizana.

Selon lui, les travaux de l’aéroport de Donsin sont à « 65% d’exécution ». Pour les infrastructures dédiées à la Maîtrise d’Ouvrage de l’Aéroport de Donsin (MOAD), les travaux « se passent bien », a-t-il fait savoir, poursuivant qu’il s’agit de la construction des bâtiments administratifs, de la piste, de la Tour de contrôle, du mur, etc. « C’est l’aérogare où le concessionnaire devait apporter les 145 milliards qui reste », a signifié le conférencier principal.

Abordant le point des conséquences juridiques, il a dit que « (…) l’Etat n’a pas à s’inquiéter ». « Nous avons des avocats pétris d’expérience, très compétents. Si le concessionnaire pour une raison ou une autre estime qu’il a à se faire prévaloir d’un certain nombre de droits qui doit lui être payés, il peut intenter un procès contre l’Etat et on verra », a-t-il souligné.

Le Collectif des syndicats de l’aéronautique civil s’était indigné et avait rejeté cette convention « fantoche » de la concession de l’aéroport de Donsin signée en « catimini le 12 octobre 2021 ». Pour le regroupement, ladite convention n’augurait d’aucune perspective heureuse et ambitieuse pour l’avenir de l’industrie civile au Burkina Faso.   

Par Bernard BOUGOUM