Au Sénégal, l’heure est au deuil, ce vendredi 18 août 2023, après le naufrage d’une pirogue transportant plus de 60 migrants au large des côtes cap-verdiennes, en début de semaine.
Le Sénégal a perdu, le lundi 14 août 2023, plus de 60 migrants au large des côtes cap-verdiennes suite au naufrage de leur pirogue. En cette période de deuil, des habitants de Fass Boye, localité située à l’ouest du pays où est partie la majorité des candidats à l’immigration, ont organisé, le vendredi 18 août 2023, des séances de prières pour le repos des âmes des présumés disparus.
«Que pareille tragédie ne s’abatte plus sur notre village!», a aussitôt imploré imam Boye. Le religieux qui partage les sentiments de colère et de désolation des familles n’a également pas manqué de mots envers les autorités de Dakar.
«Nous demandons à l’État du Sénégal de tout mettre en œuvre pour le rapatriement de nos fils encore en vie, et de nous ramener les corps de ceux qui ont été retrouvés morts», a déclaré M. Boye.
Pour l’heure, 63 personnes ont trouvé la mort dans le naufrage, selon une porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrants (OIM), Safa Msehli. L’agence intergouvernementale basée à Genève souligne en revanche avoir retrouvé 38 survivants, dont quatre enfants âgés de douze à seize ans.
A l’occasion, le ministère sénégalais des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall a assuré œuvrer au rapatriement de ses ressortissants «dans les meilleurs délais».
En milieu de semaine, des jeunes sénégalais qui accusent les autorités de ne pas avoir fait le nécessaire pour retrouver la pirogue à temps, ont brûlé des pneus puis barré la route principale de Dakar avec des troncs d’arbre.
Outre ces jeunes gens, certains parents pointent du doigt les gouvernants politiques du pays de la Teranga d’être les responsables de ce drame survenu à près de 300 km des côtes du Cap-Vert.
«Les jeunes passent des mois en mer pour rentrer bredouilles. Les autorités ont bradé toutes nos ressources, elles sont donc responsables de ce drame», a estimé Amedi Dieye âgé de 53 ans qui dit avoir perdu deux beaux-frères dans la pirogue.
«Beaucoup de jeunes du village qui ont rejoint l’Europe achètent des voitures et construisent des maisons à leur retour. Mon fils aussi voulait la même chose. Il voulait rejoindre l’Europe parce qu’il ne trouvait plus son compte ici», a renchérit Abdou Aziz Sène, père d’un jeune homme de 25 ans porté disparu.
En rappel, le gouvernement sénégalais a présenté, fin juillet dernier, une stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière, car chaque année, les départs rythment la vie des villes côtières du Sénégal.
Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)