Les prix des fournitures scolaires pour cette rentrée académique 2023-2024 connaissent une légère baisse par rapport à l’année écoulée, selon un constat fait par Wakat Séra, le jeudi 21 septembre 2023, dans certains lieux de vente de la capitale burkinabè, notamment le grand marché « Rood-Wooko ». Par exemple, le cahier de 200 pages petit format, qui était vendu à 350F CFA, se négocie sur le marché à 300F CFA, celui de 100 pages est redescendu de 250F CFA à 150F CFA. Paradoxalement, les commerçants demi-grossistes chez qui les vendeurs en détails s’approvisionnent, évoquent, quant à eux, une hausse de leurs prix d’achat, pour cette année.
La rentrée scolaire s’annonce avec ses corollaires de dépenses qui s’avèrent parfois insupportables pour certains parents d’élèves. Aux frais de scolarité qui, eux, donnent déjà du fil à retordre à nombre de parents, viennent s’ajouter les dépenses des fournitures scolaires.
Pour cette année académique 2023-2024, la tendance des prix de ces fournitures est à la baisse. Du moins, c’est ce qui ressort du constat fait, le jeudi 21 septembre 2023, par une équipe de Wakat Séra qui a fait le tour de quelques points de vente à Ouagadougou.
De Marcoussi (arrondissement n°9), à Tampouy (arrondissement n°3) dans le nord de la capitale burkinabè, en passant par le grand marché de Ouagadougou « Rood-Wooko », situé en plein centre-ville, les prix des fournitures sont quasiment les mêmes, selon le constat fait auprès des commerçants détaillants.
Chez Mme Zongo, installée dans les encablures du marché « Gambde Yaar » à Marcoussi, le cahier de 200 pages petit format se négocie à 300F CFA et son grand format est vendu à 600F CFA. Le 100 pages petit format se vend à 150F CFA et le grand format à 400F CFA.
Ce sont les mêmes prix que nous avons constatés dans la librairie Wend Kuuni de Pascal Guira à Tampouy. Demi grossiste, M. Guira vend également en détail, en livrant ses articles aux élèves qui viennent chercher leurs fournitures pour la rentrée scolaire qui a déjà démarré dans certains établissements de la ville.
Une baisse des prix constatée par rapport à l’an dernier
Si d’habitude, les prix varient d’un commerçant à l’autre, nous avons remarqué une certaine harmonie dans la plupart des commerces où nous sommes passés. En effet, les prix constatés chez Mme Zongo à Marcoussi et chez Pascal Guira à Tampouy sont les mêmes remarqués à “Rood-Wooko’’, le grand marché de Ouagadougou, chez Abdoul Karim Maré et M. Derra, tous les deux demi-grossistes.
Les prix de cette année constatés dans ces différents points de vente sont légèrement en dessous de ceux de l’année dernière, en 2022, à la même période. En effet, selon nos recoupements, le cahier de 200 pages qui est à 300F CFA cette année, se vendait à 350F CFA en août-septembre 2022. Son grand format, actuellement à 600F CFA, était vendu à 1 500F CFA. Le 100 pages grand format, à 400F actuellement au marché, lui, se négociait à 700F CFA et son petit format qui est à 150F était à 250F l’année dernière.
Quant aux autres composantes des fournitures scolaires dont les stylos, les académies, les crayons, leurs prix connaissent, eux aussi, une légère baisse. Par exemple, le stylo est passé de 150F CFA à 100F CFA, la boite d’académie de 600F CFA à 500F CFA, selon notre constat dans certains points de vente à Ouagadougou. Quant aux sacs, Achille Naré, vendeur, indique que le prix dépend de la qualité et du type de sac que souhaite avoir le client parent d’élève. «Un bon sac, c’est au minimum 3 500F CFA», affirme-t-il, notant qu’un sac de 2 000F CFA ne pourra pas terminer l’année scolaire. Globalement, les prix n’ont véritablement pas changé, selon M. Naré qui dit «rendre grâce à Dieu», parlant de son marché.
Hausse du prix d’achat mais baisse du prix de vente observée chez les revendeurs
Cependant, il y a un contraste. Au moment où une baisse des prix est observée cette année chez les commerçants revendeurs, les demi grossistes qui approvisionnent ces derniers, évoquent, quant à eux, une hausse de leurs prix d’achat pour cette année. Le carton de cahiers de 200 pages petit format est passé de «22 500FCFA à 24 000FCFA», confie M. Derra, gérant de la Librairie Edif Burkina. Cette hausse du prix d’achat a entraîné une augmentation du prix de vente, selon M. Derra. «Le paquet de cahiers de 200 pages qu’on vendait à 1 250F CFA l’année dernière est vendu cette année à 1 350F CFA», affirme-t-il.
Qu’en est-t-il des possibles raisons de cette situation? «Cette année, il y a aussi trop de dépenses, les taxes douanières, la Police et les impôts», explique M. Derra. Abdoul Karim Maré, également demi grossiste, a quant à lui, une autre explication de la hausse de leurs prix d’achat. «Toutes nos marchandises passent par la route. Si on augmente l’essence, tout augmente du même coup», avance-t-il. Et il a une suggestion pour parer à ces hausses de prix préjudiciables aux populations: «On doit songer à l’option du train pour alléger les coûts. Le train va faciliter beaucoup de choses», estime M. Maré.
Mais le contraste de l’augmentation du prix d’achat et de la baisse du prix de vente au niveau des commerçants revendeurs pourrait s’expliquer, selon Pascal Guira, gérant de la librairie Wend Kuuni, par le fait qu’il y aurait eu plus de spéculation l’année dernière par rapport à cette année. «Sinon comment expliquer autrement qu’il y ait augmentation des prix d’achat cette année chez les revendeurs par rapport à l’année passée et leur prix de vente soit moins chers que ceux de l’année d’avant», s’est-il interrogé.
«Les parents n’ont pas d’argent»
Les vendeurs de cahiers et autres fournitures se plaignent du marché, malgré la baisse relative des prix observée. «Il n’y a pas de marché. Les parents n’ont pas d’argent. Certains envoient la liste des fournitures et quand tu leur sors le prix total de ce qui est mentionné dans la liste, ils disent qu’ils ne sont pas en mesure de tout payer. Le pays est dur», déclare M. Derra de la librairie Edif Burkina.
M. Victor, lui, est venu acheter des cahiers grand format 200 pages, des crayons, des stylos pour ces élèves. Mais pour lui, il n’est pas question d’acheter de nouveaux sacs pour cette rentrée scolaire. «Cette année, je ne vais pas acheter de sacs, le pays est dur. J’ai dit à mes élèves de laver les anciens sacs, ce qui est à réparer on les répare et on les garde», laisse-t-il entendre. Pour lui, «les prix ne changent jamais. Si c’est pas pour monter, ils ne descendent pas».
Le gouvernement burkinabè, à travers le ministère en charge du Commerce, procède souvent à des opérations de contrôle des prix des fournitures scolaires dans le but de garantir l’accessibilité de ces fournitures aux parents d’élèves et d’étudiants.
Par Siaka CISSE