L’option est claire pour Alassane Ouattara: réussir sa Coupe d’Afrique des nations, l’édition de 2023, que la Côte d’Ivoire accueillera du 13 janvier au 11 février 2024. Le président de la république vient de confirmer sa hargne de vaincre le défi de l’organisation, en nommant un Premier ministre pour la fête du foot africain.
Après avoir remporté, avec un brio certain, le challenge des Jeux de la Francophonie de 2017, le chef d’orchestre et désormais ex-ministre gouverneur de district d’Abidjan, Robert Beugré Mambé a, maintenant, la lourde tâche d’offrir à l’Afrique, et surtout à son président de la république, l’une des plus belles CAN, jamais organisées. Et voici pourquoi, en dehors du ministère en charge des Affaires étrangères dont la cheffe, Kandia Kamissoko Camara est devenue la première femme président du Sénat ivoirien, c’est le département en charge du sport qui était, visiblement, la priorité du président de la république. Ce maroquin est d’ailleurs revenu d’office au nouveau Premier ministre qui devra diriger un gouvernement Achi sans…Patrick Achi. La plupart des membres de l’équipe défunte étant revenus aux affaires, certains encore plus renforcés, car des attributs d’autres départements leur ont été confiés.
En effet, plus qu’un jeu de chaises musicales, le remaniement que les uns et les autres attendaient comme un tremblement de terre, n’a presque rien apporté de nouveau. «L’éléphant annoncé est venu avec un pied cassé», peut-on dire, comme l’a chanté l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly. Sauf que cette fois-ci, le propriétaire de l’éléphant visait un but aux antipodes de celui auquel était accrochée l’opinion. Il n’est pas question pour Alassane Ouattara de passer à côté de «sa» CAN. Pire, la claque de l’inondation du stade olympique d’Ebimpé, qui porte son nom et dont la rénovation a coûté au moins 163 milliards de FCFA, soit 20 milliards pour la pelouse, est passée par là. Il fallait, pour celui qui a été accusé par ses détracteurs de manquer de vision sportive pour son pays, changer le fusil d’épaule. Alassane Ouattara, un politique et surtout un bâtisseur pour qui les défaites sont une horreur indigeste, ne pouvait donc laisser passer l’affront du déluge du 12 septembre qui a transformé en fiasco, «son» joyau qui devait être l’une des plus belles infrastructures sportives de l’Afrique de l’ouest.
Désormais, la CAN 2023 a son Premier ministre! Avec son ministre délégué, mais surtout son pouvoir de faire exécuter plus facilement la volonté du chef, Robert Beugré Mambé aura, en tout cas plus que son prédécesseur, les coudées franches pour faire gagner à la Côte d’Ivoire, le défi de l’organisation de la compétition reine du sport-roi en Afrique. Qui sait, cela pourrait réveiller des Eléphants qui, jusqu’ici, soit à quelque trois mois du tournoi, sont loin de compter parmi les courtisans les plus chanceux de faire battre le cœur de dame coupe. Certes, les matchs amicaux ne se jouent pas avec les mêmes rythme, détermination et engagement, que ceux de la CAN, mais ils n’en constituent pas moins le baromètre de succès le mieux indiqué. Raison pour laquelle ils sont qualifiés de «matchs de préparation». On pourrait donc s’attendre logiquement qu’un coup de fouet, voire de balai, soit donné à tous les étages de l’architecture d’organisation dans les jours à venir.
Et peut-être qu’avec son expérience des Jeux de la Francophonie de 2017, son pouvoir de décision sur tous les départements, l’organisation de la CAN ayant cette particularité de transversalité, et un brin de vista, Robert Beugré Mambé gagnera avec la Côte d’Ivoire, le trophée de la meilleure organisation de CAN. Et plus si affinité, si la bande au sélectionneur français Jean-Louis Gasset reprend conscience des enjeux de cette épreuve continentale. Pourquoi pas un effet d’électrochoc venu du nouveau patron de la Primature? En tous cas, le Premier ministre de la CAN est dans la place et sait mieux que quiconque le poids de la tâche qui pèse sur ses épaules carrées de lutteur!
Par Wakat Séra