Accueil A la une Sahel: le G5 passe au G2, en attendant…!

Sahel: le G5 passe au G2, en attendant…!

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Le G5 Sahel, un regroupement militaire sous régional vers sa mort (Ph d'illustration)

Ce qui devait arriver arriva! La formule est consacrée et vient illustrer parfaitement la sortie du Burkina Faso et du Niger du G5 Sahel. La force conjointe mise sur pied par le Tchad, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Mali et le Niger était animée, à sa création, du noble objectif de combattre le terrorisme qui s’enkystait dans cette région du Sahel. Mais le G5 Sahel n’a été que l’ombre de lui-même. Le bébé, âgé aujourd’hui de 9 ans, n’a jamais pu faire les «quatre pattes» à fortiori tenir sur ses deux pieds, pour marcher.

Et pour cause, le quota nécessaire à son fonctionnement en tant qu’entité militaire combattante n’a jamais pu être atteint. Les pays membres n’ont pas pu meubler les effectifs de la structure qui n’a pas, non plus, pu, malgré ses multiples démarches, se faire adopter par la communauté internationale, notamment l’ONU qui lui a refusé tout mandat conséquent pour agir sur le terrain. Malgré donc la volonté de ses géniteurs d’en faire un outil commun de lutte contre le terrorisme, faute de parrain fort, le tout-petit ne pouvait prétendre grandir normalement. L’argent étant le nerf de la guerre, son manque crucial pour offrir une enfance heureuse au nouveau-né a contribué à en faire un nourrisson malnutri et exposé à toutes les maladies possibles qui ont bloqué sa croissance.

Et arriva les coups d’Etat d’août 2020 et de mai 2021 sur les rives du fleuve Djoliba. Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force, suscitant ainsi l’exclusion de fait du Mali des instances des organisations sous-régionales et régionale, n’ont pas supporté que le tour d’organiser le sommet du G5 Sahel en son temps leur soit retiré. Le colonel Assimi Goïta et ses lieutenants décident alors de faire sortir le pays du G5 Sahel. La souveraineté proclamée du Mali par ses nouveaux hommes forts ne pouvait souffrir cet affront. Surtout que le G5 Sahel est présenté comme étant une pure trouvaille de l’occident, plus précisément du président français Emmanuel Macron!

Ainsi, avec la création récente de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui réunit le Mali, le Burkina Faso et le Niger, cela devenait tout à fait illogique que les deux derniers pays continuent de faire partie d’une structure que l’un de leurs membres a rejetée. La décision du Burkina et du Niger est donc loin d’être une surprise. Mieux elle était attendue. Qui plus est, et en toute objectivité, l’inefficacité affichée d’un G5 Sahel sans moyens a fait le reste!

Le G5 Sahel sans le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les pays qui sont le plus confrontés au terrorisme, a-t-il encore une quelconque espérance de vie? Non! Les deux membres qui y sont encore n’ont, du reste, plus aucune raison de porter ce bébé à qui la vie a été refusée. Les attentats terroristes, c’est un passé lointain pour la Mauritanie, tout comme le Tchad, qui, lui, se démène avec ses rebelles politico-militaires.

Questions: après le G5 Sahel, les pays de l’AES, qui sont maintenant unis par les liens de l’alliance, pour le meilleur et pour le pire, pour la diplomatie et pour l’économie, pour la défense solidaire des territoires, iront-ils plus loin, en quittant la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, la CEDEAO qui, du reste, les a exclus de ces instances pour prise de pouvoir par les armes?  Quid des autres institutions dont l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa)? Les Etats de l’AES feront-ils également leurs adieux à l’Union Africaine? Quel avenir pour le CFA, dans ces pays où la monnaie commune à nombre d’Etats africains est de plus en plus fortement décriée? En attendant sans doute sa mort prochaine, à moins de renaître de ses cendres comme le phénix, le G5 est passé au G2 Sahel!

Autant d’interrogations qui se bousculent encore dans les têtes des quidams mais ont probablement trouvé réponse au niveau des têtes pensantes et des dirigeants de l’AES.

Par Wakat Séra