«Le plus fort n’a jamais été assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir»! En attendant l’appel qu’entend interjeter son pool d’avocats, l’ancien président mauritanien continuera à méditer cette sagesse derrière les barreaux où il séjourne depuis au moins 10 mois avec certains de ces anciens collaborateurs. Comme ses co-accusés, dont deux ex-Premiers ministres, le général Mohamed Oul Abdel Aziz, qui se serait constitué un trésor de guerre de 67 millions d’Euros, a été jugé pour plusieurs chefs d’inculpation, tous écartés au finish, pour ne retenir que ceux d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent.
S’il a échappé aux 20 ans de prison ferme requis par le procureur, l’ancien président mauritanien, à la barre depuis le mois de janvier, ramasse tout de même cinq ans ferme à lui collés par une cour, dont le jugement pourrait donner du grain à moudre aux avocats du condamné.
Difficile de ne pas abonder dans le sens des conseils de l’ancien président qui n’ont eu de cesse de dénoncer une cabale montée contre leur client pour l’éloigner de la vie politique et laisser son successeur gouverner en toute tranquillité. En effet, comme si ce procès était un moyen d’avoir la seule peau du général, toutes les autres personnalités mises en cause dans cette affaire, s’en tirent avec des peines dont la plus lourde est de deux ans avec sursis et de six mois ferme. Les plus heureux, notamment les deux anciens Premiers ministres du lot, eux peuvent dire merci à leur bonne étoile, car ayant tout simplement été blanchis par la cour.
La fin du calvaire de l’ancien président mauritanien n’est pas pour demain, si, en cas de recours, la Cour suprême confirme le verdict prononcé ce lundi, puisqu’en plus de la privation de liberté, la justice demande la confiscation des biens qui lui sont reprochés d’avoir été mal acquis durant ses 10 années aux affaires.
Mais le plus dur pour le général Aziz est, sans aucun doute, sa déchéance de ses droits civiques. Il ne pourra plus voter, encore moins se présenter à un quelconque poste électif. Pour un politicien de son envergure, c’est simplement une damnation qui vient de lui être infligée et qu’il vivra difficilement, comme tout être qui aura consacré plus de 10 ans de sa vie à la politique. Le destin peut-être bien cruel pour certains qui se croyaient intouchables, jusqu’au jour où le ciel leur tombe sur la tête.
En Afrique avec cette condamnation de l’ancien président mauritanien, tout comme en Europe avec le cas de l’ancien président français Nicolas Sarkozy qui, depuis la fin de son unique mandat de président français, passe le clair de son temps dans les audiences judiciaires ou aux Etats-Unis avec les convocations constantes par la justice de Donald Trump, les dirigeants d’hier et d’aujourd’hui doivent savoir qu’une vie de citoyen lambda, donc soumise à tous les aléas, les attend!
Mais, surtout sur le continent noir, ceux qui nous gouvernent ne retiennent jamais la leçon et se retrouvent souvent en train d’errer de pays voisins en pays lointains, balancés par le vent impitoyable de l’exil. Au mieux des cas, ils peuvent vivre chez eux, mais deviennent des clients au quotidien des palais de justice, ou des locataires des Maisons d’arrêt, quand ils ne sont pas contraints à la résidence surveillée. C’est tout simplement l’effet boomerang qui ne peut être évité que par une bonne gouvernance qui n’appellera ni coups d’Etat, ni insurrection populaire, ni poursuites judiciaires avec envoi comme colis à la Cour pénale internationale (CPI). Même si en politique comme dans les autres domaines de la vie, il est dit que celui qui, son chien veut noyer, de rage l’accuse, il importe pour les gouvernants de songer à gérer les affaires avec sagesse!
Comme l’enseigne l’implacable maxime aussi vieille que le monde, «qui sème le vent, récolte la tempête»!
Par Wakat Séra