Accueil A la une Présidentielle sénégalaise: Karim Wade à la touche comme Ousmane Sonko!

Présidentielle sénégalaise: Karim Wade à la touche comme Ousmane Sonko!

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Karim Wade (à droite) écarté de la présidentielle sénégalaise comme Ousmane Sonko (Photo-montage Jeune Afrique)

Alors que toutes les planètes semblaient alignées pour le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS) pour aller à la conquête du fauteuil présidentiel qu’est contraint d’abandonner Macky Sall, suite à ses deux mandats constitutionnels, Karim Wade est stoppé net dans ses ambitions pour devenir calife à la place du calife. Pourtant, tout son dossier était complet et c’est fort logiquement que l’homme et ses partisans crient à l’injustice et espèrent mettre à contribution la Cour de justice de la CEDEAO pour rentrer dans leur droit. Même le si complexe rassemblement des parrainages, qui a fait trébucher de nombreux candidats à la porte du Conseil constitutionnel, fut une simple formalité pour le fils de l’ancien président, réhabilité dans ses droits civiques tout comme l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, par une réforme du code électoral adoptée par l’assemblée nationale, le 5 août 2023.

Les deux anciennes personnalités avaient été condamnées dans des affaires financières différentes, puis graciées par un chef de l’Etat dont la magnanimité feinte ne servait, en réalité, qu’à donner du fil à retordre à un certain Ousmane Sonko, le candidat des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), parti dissous par le pouvoir en place. En effet, Ousmane Sonko se croyait le seul candidat à mesure d’écraser le représentant du parti au pouvoir, jusqu’à ce que plusieurs affaires judicaires, aient eu raison de lui, notamment celle de diffamation contre le ministre sénégalais en charge du Tourisme Mame Mbaye Niang, qui l’a condamné à 6 mois de sursis, le privant ainsi de ses droits civiques, donc d’électeur et d’éligibilité.

Néanmoins, Karim Wade dont la candidature fut retoquée au deuxième tamis des Grands Sages, est, comme Ousmane Sonko, persuadé de subir une cabale et des coups bas du pouvoir. Il évoque de probables conflits d’intérêts et de collusion de certains membres du Conseil constitutionnel, dysfonctionnement contre lequel les élus du PDS comptent demander la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. «Tchogotchogo», comme on le dit au Burkina, pour dire «de toutes façon», l’ancien ministre de la terre et du ciel sous le magistère de son père, est clair: il participera à l’élection «d’une manière ou d’une autre». De quelle «manière» et de quelle «autre»? Le 25 février, jour où les Sénégalais sont appelés aux urnes est à, juste, un peu plus d’un mois et situera l’opinion sur la stratégie du poulain du PDS déclaré non partant, comme à une course de chevaux du Pari mutuel urbain Sénégal.

En tout cas, sur la question, notre position ne variera pas d’un iota, tant que toute une loi fondamentale d’un pays sera aussi exclusive et antidémocratique, écartant des citoyens se prévalant de double nationalité, comme l’est Karim Wade, celui-ci jouissant du double statut de Sénégalais par son père et de Français par sa mère. Pourtant, il a occupé de hautes fonctions dans son pays et est en mesure d’apporter sa pierre à la construction d’un Sénégal où les grands projets pullulent. L’heure a peut-être sonné, au vu de exemples dans de nombreux pays dit puissants de ce monde, où des chefs de l’Etat et des dirigeants politiques sont issus d’autres pays et même du continent africain. Plus rien, en dehors des dispositions taillées sur mesure pour mettre hors-jeu des concurrents de taille, ne saurait justifier cet article très injuste qui ne crée que frustration, exclusion, guerre civile et violence de toutes sortes.

Karim Wade frappé de la double peine de sa perte de nationalité française, dont était pourtant également détenteur le nouveau président malgache récemment élu, Andry Rajoelina, et de sa candidature à la présidence sénégalaise du 25 février 2024, est simplement victime d’une pratique désuète qui n’arrange que des dirigeants qui oublient qu’«à vaincre sans péril, ont triomphe sans gloire»!

Par Wakat Séra