Ceci est une tribune de Mamadou Diallo donnant des pistes pour « sortir des coups d’Etat et gagner la paix au Burkina Faso ».
Cette tribune m’a été inspirée par l’Editorial de monsieur SANA Guy dans le Journal en ligne Lefaso.net relative à « l’annonce d’un coup d’Etat déjoué, une « énième tentative de déstabilisation », selon le Service d’information du gouvernement qui l’a annoncé sur sa page Facebook le 18 janvier 2024 » https://lefaso.net/spip.php?article127436
Monsieur SANA a, me semble-t-il, dans son Editorial, fait une problématisation pertinente de la situation de notre armée et indiqué un Enjeu crucial à savoir l’impératif pour notre Pays d’un retour à une Paix durable.
Pour ma part, l’union de l’armée pour sortir des coups d’Etat et notre victoire contre les djihadistes qui sont la substance de sa réflexion, sont possibles à la condition d’un processus politique national crédible et viable de désengagement des forces armées de la vie politique.
En effet, l’exhortation à l’union de l’armée pour arrêter les coups d’Etat ne me semble pas suffisante face à la dynamique structurelle des Coups d’Etat au Sahel central et particulièrement au Burkina. J’avais tenté une réflexion de fond y relative dans ma tribune : https://www.zoodomail.com/node/53
Alors, comment un tel processus politique national, pourrait-il être possible dans notre situation actuelle ?
Je voudrais inviter à un exercice de futurologie en lien avec l’émergence et la construction d’un tel processus politique national.
On peut faire l’hypothèse que surmontant une certaine passivité politique, les burkinabè après un sursaut collectif, pourront, grâce à une cohésion retrouvée au sein de l’élite intellectuelle, traditionnelle et religieuse, politique et militaire, trouver les ressorts pour prendre langue de manière pacifique et constructive avec le MPSR 2.
Je voudrais suggérer que deux (2) collectifs soient mis en avant dans la construction d’une telle perspective plus que nécessaire.
- Il s’agit du collectif des autorités traditionnelles et religieuses qui ont négocié la reddition du Lieutenant-colonel Damida afin d’ouvrir la voie à la gouvernance du MPSR 2 qui venait de perpétrer son coup d’Etat ; cela, chacun en convient, nous a évité une lutte fratricide entre différentes composantes de nos FDS aux conséquences qui auraient sans doute été terribles.
- Il s’agit de l’Unité d’action syndicale (UAS) dont la bienveillance jusque-là à l’égard des régimes militaires depuis janvier 2022 nous a acquis une certaine trêve sociale qui nous a été bien utile dans la lutte contre les groupes armés djihadistes.
Ces deux collectifs pourraient se concerter afin de définir les modalités de construction d’un mouvement populaire et pacifique favorable à la convocation d’assises nationales souveraines d’ici juin 2024.
Une des modalités pourrait être le lancement par les collectifs identifiés, d’une Pétition commune d’appel au MPSR 2, avec l’ambition de recueillir au moins 2 millions de signatures d’ici mai 2024.
Cela attesterait sans doute d’une majorité politique significative, d’une mobilisation populaire et pacifique qui devrait faciliter le désengagement pacifique et volontaire du MPSR 2 de la gestion du pouvoir d’Etat afin d’ouvrir la voie à la tenue des assises nationales souveraines auxquelles le Chef de l’Etat donnerait pour mandat :
- Désengager les forces armées de la vie politique et leur réorganisation
- Arrêter les modalités d’une Transition civile à concerter avec la CEDEAO
- Arrêter une stratégie de sortie de la crise sécuritaire et de Refondation
On peut alors imaginer un avenir désirable, souhaitable et réalisable qui se dessinerait au travers de telles assises avec la mise en place d’un gouvernement de Transition qui pendrait à bras le corps les deux chantiers politiques d’innovation et de changement qui seront décisifs pour défaire politiquement et militairement l’insurrection djihadiste :
- Un changement de stratégie politique et militaire de lutte contre les djihadistes.
Ce changement se traduirait par la mise en place, l’articulation et la mise en synergie d’une composante conventionnelle et d’une composante populaire de la stratégie militaire avec pour axes d’effort la reconquête du territoire, le retour des PDI et une offre de dialogue communautaire à la base avec les combattants djihadistes dans les différents terroirs villageois.
En ce qui concerne l’offre de dialogue communautaire, son portage, ses acteurs, ses thématiques, ses modalités, ses conditions et les modalités de mise en œuvre de ses décisions devront mettre en confiance de larges pans des combattants djihadistes, ce qui provoquera, à n’en pas douter, un affaiblissement stratégique et politique considérable du JNIM et de l’EIS au Burkina Faso.
- L’espace public et le débat public ont repris leurs droits dans la lutte anti-djihadiste.
Cette dynamique d’ensemble de libération de la parole et des initiatives, devrait permettre d’améliorer de manière significative la gouvernance, le renforcement de l’Etat de droit, une lutte efficace contre l’impunité et la stigmatisation, la multiplication d’initiatives crédibles et diverses en faveur du dialogue, de la paix et de la cohésion nationale.
Alors il pourra s’ouvrir ainsi, me semble-t-il, un chemin vers des victoires en perspective d’un renouveau du Burkina :
Première victoire : une baisse significative de la violence contre les civils.
Elle sera le résultat d’une lutte crédible et efficace contre l’impunité et la stigmatisation, le résultat de progrès importants dans la reconquête du territoire et le retour sécurisé, dans la dignité et la confiance en l’avenir d’une large majorité de PDI.
Deuxième victoire : la mise en route et l’efficacité d’un Dialogue communautaire à la base qui nous permet de définir un profil crédible et viable de la Refondation ancrée dans la vision de nos sociétés villageoises contemporaines et d’engager ainsi, l’affaiblissement organisationnel, militaire et politique des Groupes armés djihadistes.
Troisième victoire : la revendication d’une approche endogène de la démocratie fondée sur le profil de la Refondation et ses principales modalités deviennent dominantes dans l’espace public et politique.
Quatrième victoire : les stratégies de lutte contre les groupes armés engagent leur désorganisation, spécifiquement, la neutralisation systématique et régulière des chefs militaires et politiques djihadistes, et plus encore, une démobilisation massive des combattants non acquis au salafisme djihadiste et terroriste.
Cinquième victoire : l’offensive victorieuse et la reconquête complète du territoire.
Tout cela bien naturellement, j’en ai bien conscience, est vite dit, mais pas vite fait, loin s’en faut !
Mon espoir cependant avec cette tribune, est que les 2 collectifs identifiés, par leur courage et leur engagement pacifique, donnent une chance à notre Pays de renouer avec une paix durable.
Pour ma part, je verse au dossier des assises nationales souveraines éventuelles de mon exercice de futurologie, mon appel pour gagner la Paix et engager la Refondation : https://www.wakatsera.com/burkina-pour-la-fin-de-la-guerre-et-le-retour-a-une-paix-durable/
Comme le disait si bien Joseph KI-ZERBO, Nan an lara an sara !
Bon courage à nous !
DIALLO Mamadou.
74 50 18 59