Accueil A la une Ça CAN à Abidjan, ça cale à Dakar!

Ça CAN à Abidjan, ça cale à Dakar!

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La joie des Eléphants champions d'Afrique en pleine parade dans les rues d'Abidjan

De Yamoussoukro à Abidjan, en passant par Bouaké, San Pédro, et Korogho, la fête continue de battre son plein, car, les Lions renvoyés dans leurs tanières de Yaoundé, de l’Atlas, et de la Teranga, les Eléphants sont devenus rois de la forêt et des cieux africains, après avoir dépecé les Super Eagles nigérians, auxquels ils ont fait subir le même sort qu’aux Aigles maliens, par le score identique de 2 buts à 1, comme pour ne pas faire de jaloux au sein de la famille décimée des rapaces. La nuit d’une victoire folle du dimanche, suivie d’une journée «fériée, chômée et payée» qui a permis aux Eléphants de parader dans la ville d’Abidjan, sous les vivats d’un infatigable peuple en liesse, ne sont que les débuts d’un nouveau règne, le troisième, des Ivoiriens sur le football africain. Viendra, à partir de ce mardi, l’heure des récompenses par le président de la république, aux joueurs et encadreurs, avant la grande séparation pour le retour, de chacun, dans les différents clubs et aux bilans sportifs, mais surtout moraux et financiers qui font déjà peur à certains patrons et membres de commissions d’organisation.

Les Eléphants, aux défenses d’ivoire bien acérées et à la trompe majestueuse qui a su récupérer félins et oiseaux, avant de les broyer sous ses pattes gigantesques, feront, durant bien des mois encore, le bonheur de ce beau peuple ivoirien qui n’a lésiné sur aucun effort, surtout pas sa belle humeur de toujours, pour offrir aux étrangers venus des 24 pays participants à la CAN et d’ailleurs, un bon mois de joie. Et à la fin, les populations retrouveront leur quotidien fait d’augmentation du coût de l’électricité, de vie chère, de chômage, de manque d’emploi, mais surtout de spéculations sur le présent et l’avenir politique d’effervescence d’une Côte d’Ivoire en plein doute sur la candidature ou non d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 2025. Même si, par la magie du football et des réseaux sociaux on lit des noms et des réflexions inscrits derrière des maillots de supporter, dont ce calcul amusant mais pertinent: «3 CAN=4 mandats». Les trois CAN étant celles remportées par les Eléphants et dont Alassane Ouattara a brandi les trophées en 1992 en tant que Premier ministre de Feu Félix Houphouët Boigny, et de 2015 et 2023, comme président de la république de Côte d’Ivoire. Comme quoi, la politique n’est jamais loin du football.

Et de politique, il en s’agit bien au Sénégal, où une victoire des Lions de la Teranga aurait adouci le climat socio-politique bien brûlant. Mais, le sort en a décidé autrement, la meute d’Aliou Cissé ayant été mise en déroute dès les 8es de finale par des pachydermes qui ont retrouvé un appétit d’ogre au fil de la compétition. Le mercure préélectoral est à la surchauffe à Dakar et à Ziguinchor. La fièvre qui ne descend pas a déjà connu pas moins de trois mois, dans des manifestations contre le décret de report de l’élection présidentielle pris par Macky Sall. Même si ce dernier réitère son engagement de ne pas briguer un troisième mandat, il voudrait bien un bonus de 10 mois à la tête du pays, ce qui renvoie le scrutin présidentiel au 15 décembre. Sauf que son opposition et la société civile ne l’entendent pas de cette oreille, rappelant au chef de l’Etat sortant qu’il doit remettre libérer le palais présidentiel le 2 avril, et pas un jour de plus. Entre débrayages dans les écoles, prêches dans les mosquées et homélies dans les églises, les manifestants contre ce changement des règles du jeu en plein match, par Macky Sall, remet le Sénégal sur les braises d’avant élection.

Jusqu’où ira Macky Sall pour obtenir sa rallonge indésirée par ses détracteurs? Finira-t-il par retrouver la raison que lui demandent la CEDEAO, l’Union européenne, les Etats-Unis, etc., qui exigent de revenir à la date initiale de la présidentielle fixée au 25 février? Epargnera-t-il à son peuple qu’il dit vouloir servir encore malgré le non de ce dernier, les violences mortelles de son acte? Pour le moment, la bataille juridique fait rage alors que la visite prévue à Dakar, ce lundi, du président en exercice de la CEDEAO, le Nigérian Bola Tinubu a été avortée. Qui ne voulait pas voir son homologue entre les deux présidents? Question sans réponse. Aucune nouvelle date n’ayant été fixée, les deux parties se verront sans doute ce jeudi à Addis-Abeba dans le cadre de l’Union africaine.

L’Afrique qui rit à Abidjan, l’Afrique qui pleure à Dakar, ainsi va l’Afrique.

Par Wakat Séra