A cause de la crise entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, ce n’est plus que le torchon qui brûle mais aussi les drapeaux des Etats-Unis et de la France qui ont fait les frais de l’ire de manifestants congolais au Nord-Kivu. Ces Congolais en colère qui ne demandent, ni plus ni moins, que le départ des Américains, et, entre autres, de certains pays Occidentaux dont la Belgique et la France. L’antienne reste la même: les Congolais en ont marre que les «impérialistes» arrêtent de piller leurs richesses naturelles. Sauf qu’à ce grief, ils embouchent la même trompette que leur président, Felix Tshisekedi, qui accuse, «avec des preuves», affirme-t-il, le Rwanda de Paul Kagame de soutenir en hommes et en armes, les rebelles du M23 qui sèment la terreur et déciment les populations du Kivu.
Les combattants du mouvement du 23 mars seraient déjà aux portes de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Certes, l’ONU, la France et les Etats-Unis condamnent l’acte de Kigali qui, quant à lui, continue de nier toute implication dans cette guerre. Mais, les populations meurtries depuis des années, trouvent que les puissances occidentales ont mieux à faire que d’émettre au quotidien des protestations timides et creuses, du bout des lèvres. L’escalade de la violence, tant dans les propos que dans les actes est le lot du quotidien entre les deux pays et il ne suffit plus que de la petite étincelle pour provoquer l’embrasement. Surtout que Paul Kagame renforce la protection du Rwanda, par une artillerie lourde et promet une réplique exemplaire en cas d’attaques de la RD Congo contre son pays.
La patate chaude est désormais dans les mains du médiateur Joao Lourenço, qui, visiblement, ne sait plus par quel bout prendre la chose, pour rabibocher Kagame et Tshisekedi, tant la fracture entre les deux est abyssale. C’est à ce stade que les populations de la RD Congo, sont, sans doute, persuadées que les Occidentaux, notamment les Etats-Unis devraient utiliser la manière forte pour ramener le Rwanda à de meilleurs sentiments.
Mais demain ne sera probablement pas la veille, tant les positions des deux dirigeants, rwandais et congolais, semblent inconciliables. Le faiseur de paix angolais peut en témoigner, lui qui vient de se casser, de nouveau, les dents sur le dossier, lors du 37e sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba. Question: à moins d’une guerre ouverte, de quels moyens de pression disposent aujourd’hui, la France, la Belgique et les Etats-Unis, si tant est qu’ils sont sincères dans leurs déclarations, pour mettre fin à la présumée implication dans l’offensive guerrière du M23, du Rwanda qui vient de disposer des missiles sol-air sur son territoire?
L’exercice est très difficile pour des pays occidentaux qui pourraient bien tirer profit de la guerre et des mésententes entre les pays africains, pour asseoir davantage leur hégémonie. De plus, ils trainent désormais ce péché originel d’avoir favorisé, la sombre et sanglante période du génocide rwandais, ou tout au moins de n’avoir rien fait pour empêcher les machettes de parler.
Est-ce définitivement le point du non-retour qui est atteint entre le Rwanda et la RD Congo? Question à l’Angolais Joao Lourenço, qui se démène comme un diable dans un bénitier, et à ses pairs de l’Union Africaine, eux qui sont presqu’atones et amorphes sur la tension entre Kinshasa et Kigali.
Par Wakat Séra