Accueil A la une A Ouagadougou, plusieurs centaines de travailleurs protestent contre l’application de l’IUTS

A Ouagadougou, plusieurs centaines de travailleurs protestent contre l’application de l’IUTS

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photo d'archives

« Nous disons non à l’application cynique de l’IUTS (Impôts Unique des Traitements et Salaires) ! Oui à la suppression de l’IUTS ! Mobilisations et lutte ! En avant contre la paupérisation des travailleurs ! A bas les criminels aux cols blancs ! », ont scandé entre autres, plusieurs centaines de manifestants, en majorité des salariés du public, visiblement très remontés contre l’application fin février de l’IUTS sur les indemnités et autres avantages qui leurs sont dus. Le même mot d’ordre lancé par la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), est « très bien suivi » ce samedi 7 mars 2020 dans les autres villes du pays, notamment, Bobo-Dioulasso (capitale économique), selon nos informations.

Dès les premières heures de la matinée, des milliers de manifestants, répondant à l’appel de la CGT-B, ont envahi la Bourse du Travail de Ouagadougou, au son de chansons hostiles au pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui tenait en cette matinée son troisième congrès ordinaire en vue de renouveler ses instances dirigeantes.

Venus des différents départements de la Fonction publique avec des pancartes et banderoles pour mieux exprimer leurs attentes, les protestataires ont souhaité non seulement la suppression de la nouvelle mesure « abusive » qui s’abat contre eux mais aussi le rappel des frais déjà coupés à ce titre au compte du mois de février.

Sous un soleil de plomb, ces manifestants ont battu le pavé au Centre-ville de Ouagadougou pour dénoncer la décision du gouvernement Christophe Marie Joseph Dabiré d’élargir l’application de l’IUTS sur les primes et indemnités sur les agents du public et exiger purement et simplement son retrait.

Cette marche-meeting des syndicats contre l’application de l’IUTS sur les primes et indemnités a été aussi mise à profit pour rappeler et revendiquer la satisfaction des nombreuses préoccupations des manifestants, notamment, la mal-gouvernance, la corruption et les privations des libertés syndicales et individuelles.

A en croire les manifestants très en colère, ils sont déterminés et « prêts à tout » pour faire aboutir leurs doléances.

Tour à tour, des responsables de structures syndicales sont montés sur le grand podium dressé dans l’enceinte de la Bourse du Travail pour argumenter sur le bien-fondé de leur lutte. La plupart des paroliers pour la circonstance, face à des discours de certains responsables du pouvoir MPP qui voudraient « diviser » les travailleurs et la population burkinabè à travers cette question, ont insisté que les agents du public paient « bel et bien l’impôt ».

Le secrétaire général de la CGT-B, Bassolma Bazié, surnommé le « général » pour sa commande sans grand reproche des luttes victorieuses des syndicats, avec le franc-parler et langage dur à l’endroit des autorités dont on connait, ne s’est pas une fois de plus fait prier pour haranguer la foule et convaincre les manifestants de se mobiliser pour aller au bout de cette lutte. Pour lui, les travailleurs affiliés à sa structure seront « moins menaçants » à l’endroit des autorités quand elles vont prendre la pleine mesure d’apporter des réponses adéquates aux préoccupations des populations.

Le collectif syndical de la CGT-B avait appelé à une marche-meeting en vue d’exiger la suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités des travailleurs mais aussi sur les salariés du privé sur qui le gouvernement prélève déjà depuis des années cet impôt.

Pour le gouvernement, cette décision de soumettre les agents de la Fonction publique à cette IUTS vise à « corriger une injustice fiscale ».

Les syndicats ont annoncé vouloir durcir le ton les jours à venir si les autorités ne fléchissent pas sur leur position. Pour le collectif CGT-B, il existe d’autres niches ou le gouvernement peut viser pour renflouer les caisses de l’Etat sans « appauvrir davantage les fonctionnaires » qui « ont déjà un faible pouvoir d’achat ».

Par Bernard BOUGOUM