Accueil A la une Accès à l’eau au Burkina: A Koupela «…nous allons encore peiner» (Maire)

Accès à l’eau au Burkina: A Koupela «…nous allons encore peiner» (Maire)

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Arouna Tirog, maire de la commune de Koupela

Arouna Tirogo, maire de Koupela, dans la région du Centre-Est du Burkina, reconnait, dans un entretien accordé le 6 décembre 2019, que le problème d’accès à l’eau potable est «une triste réalité» dans sa commune qui a près à 86 000 habitants, soutenant qu’à «partir de mars, avril, mai et juin 2020, (les populations vont) encore peiner», car le barrage qui approvisionne la localité va tarir le 28 février 2020, selon les prévisions.

Dans le cadre des festivités du 11-Décembre dans la région du Centre-Est, qu’est-ce qui a été alloué comme budget à votre commune pour l’eau et assainissement?

Il faut dire que dans le cadre du 11-Décembre, on a un certain nombre de projets qui ont été réalisés où sont en train d’être réalisés. Parmi donc ces projets, il faut citer cinq kilomètres de bitume à Koupela, l’aménagement d’une cité des forces vives, la réhabilitation du plateau omnisport et le stade provincial. A cela s’ajoute les travaux connexes des cinq kilomètres de route qui consistaient à faire 1 500 mètres de clôtures d’infrastructures publiques. Il y a eu aussi l’aménagement d’un espace vert et la réalisation d’un forage et la mise en terre de 600 pieds d’arbres.

Il n’y a pas eu une enveloppe spécifique pour la question de l’eau potable et l’assainissement. Mais on peut inscrire la réalisation d’un forage qui rentrait donc en compte des travaux connexes que nous avons pu mettre dans un Collège d’enseignement général (CEG). C’est, seul, peut-être ce forage qui entre en droite ligne des projets du 11-Décembre, que nous avons pu réaliser dans la commune de Koupela. La question d’assainissement, on n’en a pas parlé.

Mais il faut rappeler que les projets du 11-Décembre, ne sont pas des projets spécifiques. Je suppose que ce sont des projets collectifs et c’est un tout pour la région. Il n’y a pas donc qu’on va affecter, peut-être tant de franc CFA pour ci, tant de franc pour ça. C’est un tout. Ça fait que nous n’avons pas donc bénéficié une enveloppe spécifique pour Koupela ou le Koupelogo, non. Je pense que ce qui s’est passé ici comme bitume c’est ce qui s’est passé également à Koupelogo, à Ouargaye précisément, avec les mêmes travaux connexes.

Quelle est votre lecture sur cette politique de célébration du 11-Décembre dont le budget se chiffre à des milliards, sans prendre en compte l’accès à l’eau et à l’assainissement ?

Il faut d’abord rappeler que c’est une conception, c’est une politique qui est née depuis 2008, la façon de la célébration tournante de cette fête. Je pense que c’est depuis la conception que cela n’a pas été prise en compte. Mais du reste, il faut dire qu’au niveau de la cité des forces vives, comme on a aménagé, naturellement il faut donc que l’eau courante de l’ONEA (Office national de l’eau et de l’assainissement) puisse passer. Cela s’inscrit dans cette dynamique.

A la conception, on a dit que les projets du 11-Décembre ne sont pas des projets de développement. Alors que le programme du président c’est un programme de développement. Ce qui s’est passé à Fada ensuite dans les autres chefs-lieux de régions, je pense que cela n’a pas été prise en compte d’une manière spécifique. Maintenant, si dans le Centre-Est, on prend ça d’une manière spécifique, on met en exergue l’eau potable et l’assainissement, on aura, peut-être, traité d’une manière pas égale par rapport aux autres régions. Alors que l’objectif ici, c’est l’harmonie de développement des régions, notamment les chefs-lieux.

En tant que maire de la commune quelles ont été vos actions dans le cadre de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement ?

Une fillette qui transporte des bidons d’eau avec son vélo. Cet élève de Koupela a quitté au moins un kilomètre pour aller chercher l’eau dans un forage (Ph. Daouda ZONGO)

Nous sommes des acteurs de développement, nous en tant que président des collectivités. Nous notre travail c’est peut-être arrivé à mettre en œuvre le programme « zéro corvée d’eau » et l’assainissement dans nos ressorts territoriaux. Et pour ce qui nous concerne, je pense que quand vous regardez juste à côté vous allez voir des poubelles. Nous avons également un autre projet. Nous avons tapé des portes et nous avons eu un peu de financement avec les bailleurs extérieurs. Nous avons acquis un financement de 12 millions F CFA qui va entrer dans ce domaine de l’assainissement. Cela va consister à faire des poubelles, à acquérir, avec le cofinancement de la mairie, l’unité de la transformation et de la valorisation des sachets plastiques.

Le 1er décembre 2019, nous avons procédé à une journée de salubrité dans la ville, notamment au district sanitaire de Koupela et le CSPS urbain. Il faut dire que cette journée de salubrité fait la sixième journée de salubrité que nous avons organisé en 2019.

En matière de toilettes publiques, présentement on est en train de mettre en œuvre le plan stratégique d’assainissement de la ville de Koupela en concert avec l’ONEA. Il y a des maçons qui ont été formés pour ça. Il y a eu un atelier de formation avec des associations. Il y a des menuisiers qui étaient là dans mon bureau ce matin même. Hier c’était des soudeurs qui étaient là. Tout ça c’est pour mettre en œuvre ce plan stratégique d’assainissement de notre ville. Mais en dehors de ça, il faut dire que notre ville a jumelé avec la ville de Grigny en France et pour se faire, chaque année beaucoup de toilettes, que ça soit publiques ou familiales, sont réalisées dans la commune. En rappel de 2016 à 2018, on a pu réaliser près de 100 toilettes publiques et familiales tout confondu. A ce niveau beaucoup d’actions sont menées.

Nous disposons aussi d’un centre de traitement d’ordure. Nous avons un camion et un tracteur qui y convoient les ordures pour traitement. Tout ça c’est grâce au jumelage avec la commune de Grigny. C’est dire que le jumelage a mis en tout cas l’accent là-dessus.

A travers le même jumelage, il y a le Fonds eau de Grand Lyon qui soutien chaque année la commune de Koupela, à travers la réalisation de forages. En 2019, on a fait deux forages pour le moment, trois l’année passée, quatre en 2017 et six en 2016.

Avec toutes ces réalisations en forages, la population peine à avoir l’eau potable, qu’est-ce qui peut expliquer cela ?

Ça c’est une triste réalité. Même notre local, le siège de la mairie n’avait pas d’eau. On a intégré ici le 24 novembre 2018 et ce n’est qu’en juillet 2019, qu’on a eu une goutte d’eau ici.

Nous disposons d’un barrage qui approvisionne Koupela et Pouytenga en eau courante de l’ONEA. Mais avec le problème d’ensablement, le volume d’eau ne permet plus de gérer, même après la saison hivernale, un trimestre. Le 30 novembre dernier, on y a été pour procéder à la fermeture de la vanne. Les pronostics de l’ONEA nous donnent la date du 28 février 2020 pour que le barrage tarisse. A partir du 28 février, mars, avril, mai, juin, nous allons encore peinés.

Des barriques et autres récipients en attente d’être servis en eau potable à Pouytenga (Ph. Daouda ZONGO)

On avait trouvé une autre formule qui consiste à faire des forages et raccorder. Mais pour 10 forages réalisés, il n’y avait que trois qui étaient positifs. L’exploitation de ces trois forages, n’a pas fait un an. A l’issue d’un an, il n’y avait plus d’eau dans ces forages. Il y a un problème de sous-sol qui se pose, soit la nappe est loin, je ne sais pas comment on peut expliquer cette question.

Cette année encore, on a réalisé cinq forages soit deux positifs. A Pouytenga, 15 forages ont été réalisés, soit zéro positif. Donc vous comprenez naturellement le problème d’eau ici. A l’heure-là ça va. Avec le système de forages, on a au moins cinq forages positifs à Koupela pour le moment. Et l’approvisionnement en eau se fait de façon rotative par quartier par secteur. Si un secteur gagne l’eau aujourd’hui, demain ou après-demain, les populations de ce secteur n’auront pas d’eau, donc il faut procéder à la réservation d’eau dans des récipients.

Qu’est-ce qu’il faut, alors pour changer cela ?

Ce qu’il faut faire c’est plaider auprès du gouvernement pour qu’une solution pérenne soit trouvée. J’ai rencontré le directeur général de l’ONEA et on en a discuté. Il y a un projet de construction d’un barrage. C’est seul ce barrage qui peut constituer la solution pérenne au problème d’eau potable que vive les populations. En dehors de ça, grâce à la collaboration de notre pays avec la République populaire de Chine, il y aura la réalisation d’un projet qui va consister à raccorder l’eau du Sirba dans le Bilanga (Est du Burkina) pour venir à Koupela, Pouytenga, Boulssa et continué même à Zorgho.

Récemment aussi, à travers l’ONEA et le ministère de l’eau, ils sont en train de vouloir faire le raccordement de Bagré jusqu’à Tenkodogo. Maintenant, l’esprit c’est de voir, entre le raccordement Tenkodogo-Koupela-Pouytenga, et celui de Bilanga-Pouytenga-Koupéla, qu’est-ce qui peut être fait le plus urgemment possible afin que ce problème d’eau potable soit minimisé ou complètement résolu.

L’ONEA envisage aussi réaliser cinq autres forages dans la ville de Koupela. Et dix autres forages en projet pour Pouytenga.

Quelle est la part de l’eau et l’assainissement dans votre budget communal ?

Forage privé dans le secteur 5 de Koupela où la population a la possibilité de s’approvisionner moyennant de l’argent (Ph. Daouda ZONGO)

Pour ce qui concerne cette année en cours, on a prévu de faire la réalisation de 200 poubelles qui va s’accompagner avec les 20 charrettes, les 20 ânes, le tracteur et le camion que nous disposons déjà dans le domaine de l’assainissement. Nous avons également prévu un forfait pour former les acteurs en vue de fédérer les associations qui interviennent dans le domaine, afin qu’elles puissent nous accompagner dans la sensibilisation.

En matière de l’eau, il faut dire que pour 2019, notre budget communal a réalisé quatre forages dont trois forages pour le budget primitif et un pour le budget supplémentaire. Pour 2020, nous envisageons faire cinq forages soit trois institutionnels et deux communautaires.

La question de zéro corvée d’eau se justifie de l’engagement de tous les acteurs, notamment les collectivités qui œuvre pour la bonne mise en œuvre de ce programme. Du reste, quand vous prenez la ville de Koupela, nous avons d’autre soucis. Il y a le centre urbain et il y a les ruraux. Au niveau des villages, le problème d’eau n’est pas aussi crucial comme ça. A quelques encablure des zones aménagées, où il n’y a pas le passage du tuyau de l’ONEA, qui connait déjà des difficultés, il y a des habitations spontanées. Les non-lotis sont tellement peuplés pour ne pas dire surpeuplé de sorte à ce que la question d’eau se pose à leur niveau. Pour ce faire, on a eu une politique pour que nos projets de forages communautaires puissent être orientés à ces niveaux. En 2018, on a réalisé un forage au secteur n°3 dans un quartier non-loti, en 2019 on a fait un dans un autre quartier non-loti et en 2020, on envisage réaliser un dans un quartier non-loti du secteur n°5.

Par Daouda ZONGO