Au moins 53 personnes mortes, brûlées, calcinées. Une trentaine de blessés. C’est la comptabilité macabre sortie, non d’une de ces incursions meurtrières des terroristes de Boko-Haram au Cameroun, mais d’un accident de la route. Survenu, ce 27 janvier, aux environs de 3h30 du matin, dans l’ouest du pays, ce cauchemar de la route, fut l’un des pires que le Cameroun a vécu dans son histoire. Toutefois, il n’est venu que remettre au goût du jour, ce véritable danger auquel sont confrontés au quotidien, les conducteurs, mais surtout de pauvres passagers à qui des proches ont dit «au revoir» et n’auront jamais eu l’occasion de souhaiter «bonne arrivée». Si, cette fois-ci, c’est un incendie, déclenché par une collision entre un bus de voyageurs et une camionnette transportant du fuel, qui est à la base de cette hécatombe, fin décembre de l’année dernière, en pleine nuit, ce fut, un choc frontal, entre un bus et un camion, qui a envoyé, de vie à trépas, 27 personnes, dont 10 femmes et 4 enfants.
S’il faut reconnaître qu’un accident est, en toute logique, un fait généralement non souhaité, il faut également accepter, l’amer constat, que ces accidents de la route, ont, pour la plupart, comme dénominateur commun, la bêtise humaine. Certes, des investigations sont en cours pour établir définitivement les mobiles de l’accident qui a endeuillé les proches de 53 personnes, mais, sont déjà pointés du doigt, la mauvaise visibilité due à un brouillard mais surtout un «défaut de freinage» du camion. Pourtant, le théâtre de l’accident, pour ses ravins et nombreux reliefs, est bien reconnu dangereux pour les chauffeurs. La nuit, la dangerosité de cette zone devient carrément une catastrophe que tout conducteur conscient devrait éviter, surtout quand il tient entre ses mains, des dizaines de vies innocentes. Mais la recherche du gain, étant passé par là, les «s’en fout la mort» des routes ne se soucient plus du danger. Il faut faire vite, pour accomplir le maximum de voyages et renflouer les caisses du «boss» et profiter remplir ses propres poches. Certains propriétaires de bus de transport promettent même des primes aux conducteurs qui aligneront le plus d’«allers retours».
Les nuits de conduite sans repos et sous l’emprise d’amphétamines. Les courses folles sur les routes transformées en pistes de Formule 1, à faire pâlir de jalousie, feu Ayrton Senna et l’immense Alain Prost, au temps de leur gloire, ou le septuple champion du monde, Lewis Hamilton. Les dépassements vertigineux entre poids lourds ou véhicules légers, au mépris de toute règle du code de la route. Les chargements hallucinants hors gabarit. Ou encore, les éblouissements, lors des croisements, avec des phares qui pourraient faire concurrence avec les projecteurs des plus grands stades de football. Autant de mauvaises pratiques courantes sur les routes, souvent au nez et à la barbe d’agents de police ou de gendarmerie, plus préoccupés par le contrôle de documents de véhicules, souvent en faute, et surtout, en ville, de la non observance du «feu rouge». Et la route continuera de tuer, du Cameroun, au Niger, en passant par le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso, car en Afrique, tout ce qui arrive, «c’est la volonté de Dieu».
Point de procès contre des chauffards cupides et inconscient ou des compagnies de transport véreuses, la fatalité ayant pris le dessus chez tous ces voyageurs qui s’entassent, de jour comme de nuit, dans ces véritables cercueils roulants. Et comme l’Etat prend, peu ou prou, ses responsabilités pour sécuriser nos routes, comme au Cameroun, elles continueront de tuer. «C’est Dieu qui a voulu»!
Par Wakat Séra