Les clashs entre la France et le Mali, sur le ring, pardon, à la tribune de l’ONU, se suivent et se ressemblent par les piques et accusations lancées sans ménagement et au mépris des fondamentaux du diplomatiquement correct.
Ce mardi 18 octobre, la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas dérogé à la règle: A l’instar de deux coépouses se disputant le tour auprès de l’époux, Maliens et Français ont confirmé à la face du monde, leurs profondes divergences. Une fois de plus, les flèches lancées par le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, contre l’ONU et son Conseil de sécurité et des accusations contre la France pour des actes «graves d’agression et d’espionnage», ont plu, drues sur une assistance qui ne s’attendait sans doute pas à moins, compte tenu des relations tendues entre les deux pays.
Bamako, par la voix de son patron de la diplomatie semble sûr de son affaire: Paris a partagé des renseignements et mis à la disposition de groupes criminels du matériel. Et comme lors de leurs sorties précédentes, les autorités maliennes ont affirmé disposer de «preuves tangibles». Mais ce sont des éléments que la junte militaire malienne au pouvoir ne compte mettre sur la table que lors d’une «session spécifique» du Conseil de sécurité dont elle réclame la tenue «dans les plus brefs délais».
«Accusations mensongères et diffamatoires. Accusations graves et infondées». La réponse de Paris aux griefs portés contre lui, par les militaires maliens qui ont pris le pouvoir par les armes, est donc demeurée invariable, et cette fois-ci encore, l’ambassadeur français, Nicolas de Rivière est resté droit dans son…costume strict de diplomate. Dans un exercice digne d’un professeur d’histoire, le diplomate français a rappelé les circonstances dans lesquelles la force Barkhane s’est implantée dans le Sahel et plus particulièrement au Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme avant de rejeter avec conviction que son pays «n’a jamais violé l’espace aérien malien».
De quel côté se trouve donc la vérité? Peut-être que les «preuves concrètes», toujours promises mais jamais produites par les Maliens seront capitales pour dire si oui ou non, la France a joué ce jeu trouble dont elle est accusée sur les bords du Djoliba. A moins que tout ceci ne soit que bluff de la part des putschistes, maîtres du Mali depuis les coups d’Etat du 18 août 2020 et du 24 mai 2021, qui ont habitué l’opinion aux stratagèmes et autres ruses populistes pour faire diversion sur leur véritable intention de garder ce pouvoir qu’ils doivent remettre aux civils à l’issue d’une transition de deux ans.
En attendant les «preuves», vraies ou fabriquées, le bras-de-fer épique entre la France et le Mali se poursuit. Pendant ce temps, les attaques armées contre les Forces armées maliennes (FAMa) et les populations civiles se multiplient contre un Mali acculé par les combattants terroristes et pris en même temps au piège de putschistes assoiffés de pouvoir, mais incapables de sécuriser un territoire national largement aux mains des groupes armés.
Par Wakat Séra