Acquittement pur et simple pour Jean-Pierre Bemba! Plus qu’une surprise, ce verdict prononcé, en appel sonne comme un aveu d’échec pour la Cour pénale internationale qui avait condamné le «Chairman», le 21 mars 2016, à 18 ans de réclusion, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Incroyable mais vrai! Ce dicton au-delà d’exprimer l’étonnement de victimes et parents de plus de 5 000 victimes recensées vient d’être confirmé par la Cour pénale internationale. La toute puissante CPI vient de rendre une décision de justice plus ou moins inédite. Elle confirme surtout ses détracteurs dans leur prisme qui voit la CPI comme un instrument politique au service des puissants de ce monde et surtout au détriment de leaders Africains qui y sont trimbalés, juste pour permettre au princes du moment de gouverner selon les intérêts des Occidentaux. C’est ainsi qu’après 10 ans dans les geôles de Scheveningen, l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo et président du Mouvement de libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba vient d’être acquitté, acquittement doublé d’une libération immédiate. Le président de parti ou chef de guerre, c’est selon, a bénéficié en appel, de cette décision qui, comme un tsunami, renverse tout même au-delà des fleuves Congo et de l’Oubangui-Chari. Car, celui qui, incessamment devra recouvrer la liberté si dans l’autre affaire de subornation de témoins qui pourrait encore le maintenir dans les liens de détention, n’est pas un prisonnier ordinaire.
Jean-Pierre, il faut le dire de go est un épouvantail sorti des placards de Fatou Bensouda pour effrayer le roitelet de la République démocratique du Congo, qui, envers et contre tout, et même les «supplications de Rome» a mis la RDC sous coupe réglée, se hissant au-dessus de la constitution pour se tailler un costume de président à vie. Joseph Kabila, s’ouvre, comme mise en bouche, une voie vers un troisième mandat d’élection présidentielle qu’il entend organiser selon ses propres règles afin d’en sortir vainqueur. Et comme ses opposants ne s’entendent que sur leurs désaccords, certains d’entre eux cédant trop facilement aux sirènes du pouvoir, Kabila, seul maître à bord, ne boudait pas son plaisir de mener tout le monde en rond. La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) n’a pas échappé au piège de Joseph Kabila, elle qui avait réussi à lui arracher, un certain 31 décembre 2016, les accords de la Saint Sylvestre qui devraient conduire à un scrutin présidentiel sans l’actuel homme fort congolais actuel. Mais comme à l’accoutumée, le boulanger de Kinshasa, n’entend pas lâcher l’affaire, il faut bien l’y contraindre par tous les moyens. Et dans cette batterie de stratégies pourrait bien figurer le lâchage de l’admirateur de Mobutu Sese Séko. N’en déplaisent aux indécrottables défenseurs des droits de l’homme et autres mouvement de revendication des intérêts des volé, violés et tués de Bangui, dans la Centrafrique de Ange Félix Patassé. Comme quoi, la justice internationale sait bien s’accommoder à la realpolitik.
Et Jean-Pierre Bemba libre, cela donne forcément des nuits blanches du côté de la lagune Ebrié où des intentions vraies ou fausses de prétendant à un troisième mandat sont prêtées à Alassane Ouattara, le président ivoirien. Laurent Gbagbo et son lieutenant Charles Blé Goudé, les deux épouvantails de Ouattara, à qui la CPI, vient d’ailleurs comme par hasard d’accorder à leurs avocats de demander leur acquittement provisoire ou définitif pourraient bien suivre les pas de Jean-Pierre Bemba! La justice internationale a ses raisons que la raison des supplicies et morts d’Abidjan et de Bangui ignore. Et le billet retour peut servir dans tous les cas, comme peut le témoigner Jean-Pierre Bemba.
Par Wakat Séra