Le bois, le feuillage et les peaux d’animaux furent les premiers constituants de l’architecture naissante des pays tempérés. Pour les régions du globe où la végétation est rare (comme le Burkina Faso), ce fut l’argile qui fut le matériau le plus utilisé. Les premières cités découvertes dans l’ancienne Mésopotamie étaient construites en terre crue, avant même l’invention de l’écriture. Malheureusement, la tendance est aux constructions en ciment, signant la disparition des bâtisses en terre qui pourtant a des avantages certains. Pour en savoir davantage, une équipe de Wakat Séra a approché l’architecte urbaniste Ada Yaya Bocoum, la gérante de AFRICA Etudes. Pour elle, construire en terre est bénéfique à plus d’un titre.
Traditionnellement, la terre crue, le bois, la pierre, la terre cuite étaient les principaux matériaux utilisés pour la construction. Les maisons dans la quasi-totalité des villages burkinabè étaient construites en terre. Mais le vent de modernité a touché cet aspect, poussant les populations vers le ciment. Mais de nos jours, suite aux changements climatiques, et à une conscience écologique de plus en plus prononcée chez un nombre croissant de personnes, la construction en terre crue connait un regain d’intérêt certain.
Le matériau de construction « terre crue » est appelé adobe ou banco et est principalement constitué de sables d’argiles, et d’eau. Ses caractéristiques peuvent être modifiées en y ajoutant différents éléments comme la paille, des copeaux de bois, du crin, de la bouse de vache, de la chaux, du beurre de karité …
La construction en terre qui peut se faire, à en croire l’architecte urbaniste Ada Yaya Bocoum, avec différents types de terre (rouge, jaune, noir). Elle explique que chacune de ces terres présente des caractéristiques différentes en terme de plasticité et de temps de prise.
La gérante de AFRICA Etudes a fait savoir que tous types de construction de maisons individuelles basses, des immeubles de plusieurs niveaux sont faisables en terre. Elle cite l’exemple d’immeubles en terre qui existent depuis des centaines d’années au Yémen. Cependant, selon ses explications, il faut « juste respecter les règles de constructions en terre (épaisseur des murs, dosages des dalles en terre ou respect des portées des voutes) ».
Ada Yaya Bocoum est convaincue, il y a de nombreux avantages liés à la construction en terre. A ce titre, elle énumère la disponibilité des matériaux. Aussi, construire en terre, « valorise le savoir-faire locale », a-t-elle confié, ajoutant que ce sont des « constructions adaptées à notre climat », et même qu’elles peuvent contribuer à « réduire les factures d’électricité ».
Elle explique que « si vous faites une maison en terre avec des murs d’épaisseur de 40 cm par exemple vous avez un confort thermique inégalable par rapport à une construction en ciment avec des parpaings de 15 cm d’épaisseur. Par conséquent vous consommez moins d’électricité pour rafraîchir votre maison ». En sus, l’architecte a tenu à rassurer qu’une construction en terre peut autant durer qu’une maison en ciment : « Parce que plus la terre vieillit, plus elle durcit. Donc une maison en terre dure plus longtemps si elle est bien faite et bien entretenue », a-t-elle confié.
Cependant, l’architecte précise qu’une maison en terre ne coûte pas forcément moins cher qu’une autre en ciment. Pour elle, tout dépend du niveau de finition. Une maison en terre peut coûter donc plus cher ou moins cher.
Par Boureima DEMBELE