Accueil Editorial Adieu Kofi Annan, Adieu l’Africain, Adieu l’enfant de toutes les nations!

Adieu Kofi Annan, Adieu l’Africain, Adieu l’enfant de toutes les nations!

1
Adieu l'homme de toutes les nations (Ph. voaafrique.com)

Décédé le 18 août 2018 à Berne en Suisse, Kofi Annan repose désormais au cimetière militaire de Burma Camp d’Accra. De l’annonce de son décès à son inhumation, ce jeudi 13 septembre, en passant par l’arrivée de sa dépouille en début de semaine et l’exposition du corps au Centre de conférence international dans la capitale ghanéenne, les hommages à l’enfant de Kumasi, sont venus de partout. C’est à profusion que des quatre coins du monde, des proches, anciens collègues, chefs d’Etat et anonymes ont tenu à reconnaître les mérites de l’ancien secrétaire général de l’Onu. Ces mots remplis lourds d’émotion n’ont eu de pendant que les pleurs des orphelins du Prix Nobel de la paix, disséminés sur la planète. Le recueillement était total en présence du cercueil drapé d’abord du bleu ciel caractéristique de l’Onu et ensuite des couleurs nationales ghanéennes. Et c’est dans une logique tout à fait naturelle que les têtes couronnées qui se sont inclinées pour la dernière fois sur les restes de cet homme dont l’universalité a été saluée et son amour pour la paix louée. Leader exceptionnel, homme de paix incomparable de la trempe de Nelson Mandela, etc., tout le répertoire des éloges a été feuilleté pour saluer la mémoire de Kofi Annan, un véritable baobab qui vient de se coucher après une existence bien remplie.

Kofi Annan, repose en paix. Cette paix que tu as essayé de semer, souvent en vain, dans les foyers de conflit que tu as parcourus de ton vivant et qui sont toujours en éruption. Une paix dont tu as obtenu le prix Nobel un certain 10 décembre de l’an de grâces 2010, et qui est évoquée à toutes les tribunes mais demeure introuvable du fait de l’égo surdimensionné des puissants de ce monde et de la bêtise humaine tout court. Cette paix dont tu arrosé en vain la graine, mais dont la croissance a été rendue impossible par l’aridité des cœurs de tes semblables avides de gains et tenus en laisse par l’argent, le seul maître du monde. Cette paix que les marchands d’armes et les pilleurs des richesses naturelles ont combattu de toute leur force pour leur prospérité égoïste et leurs intérêts très personnels. La paix que les nations faibles et même celles dites «grandes» trouveront encore difficilement du fait de la fougue inextinguible des terroristes qui n’ont de cesse de semer larmes et désolation sur leur passage. La paix qui fuit une planète que les humains détruisent chaque jour par des actes générateurs en puissance de gaz à effets de serre qui ont fini par provoquer un dérèglement climatique qui prend des allures irréversibles, malgré les COP 21, 22, 23 et bientôt 28 prévue en Pologne en décembre prochain. Les «amis» du réchauffement climatique comme Donald Trump étant fortement déterminés à soutenir les industries de leurs pays.

Mais comme en Afrique, «les morts ne sont pas morts», les actions de Kofi Annan pour la paix survivront et trouveront place dans un monde certes désaxé, mais où l’espoir est permis. D’autres Kofi Annan reprendront le flambeau où l’illustre disparu l’a laissé. Et comme l’équipe de France, vainqueurs des coupes du monde de 1998 et de 2018, forte de sa diversité, et dont les joueurs originaires de plusieurs pays d’Europe et surtout d’Afrique ne savent parler que le langage de l’unité autour du ballon rond, le monde taira un jour ses divisions et orientera inexorablement ses efforts vers l’union, l’égalité, la justice et la paix. Peut-être que cela arrivera un jour! Paix où donc es-tu? Peut-être que Kofi Annan va la trouver dans au cours de ce nouveau voyage sans retour qu’il vient d’entreprendre! Va homme de paix, et que, selon la formule consacrée, la terre libre du Ghana qui t’a vu naître te soit légère.

Par Wakat Séra