Le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, a qualifié ce lundi 30 juillet 2018 de « fuite en avant et de fuite de responsabilité », le boycott des députés de l’opposition. Ceux-ci ont quitté l’Hémicycle pour protester contre le nouveau Code électoral qui selon eux ne prend pas en compte la grande majorité des Burkinabè vivant à l’étranger.
Le premier responsable de l’Assemblée burkinabè n’a pas visiblement digéré le comportement des députés des groupes parlementaires de l’Union pour le changement et le progrès (UPC), le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et la Paix, justice et réconciliation nationale (PJRN) qui ont laissé entendre qu’ils ont quitté l’Hémicycle au moment du vote du Code électoral pour se démarquer de nouveau texte qui ne prend pas en compte « les intérêts » du peuple.
« Cette politique de la chaise vide n’a jamais payé. Je le dis et je le répète surtout lorsqu’il s’agit de décider de l’avenir de tout un peuple », a déclaré Bala Sakandé demandant aux députés d’avoir à « l’esprit que c’est ce peuple qui nous a mandatés à l’Assemblée ».
C’est le peuple burkinabè qui « paie ses impôts et nous sommes payés pour toutes nos sessions. Je voudrais qu’à l’avenir on puisse tenir compte de cette population qui nous mandate. Lorsqu’il s’agit des élections, nous partons vers elle, lui promettant terre et ciel, de la représenter en tout temps et en tout lieu. Et lorsqu’il s’agit de décider de son avenir, de décider de l’avenir du Burkina Faso, on est prêt à vider la salle », s’est plaint M. Sakandé.
Pour lui, ce « comportement (de l’opposition) dénote ou met à nu, ceux qui sont pour le vote des Burkinabè de l’étranger et ceux qui ne sont pas favorables » à cette politique qui n’a jamais été mise en œuvre au Burkina. « C’est clair parce qu’à l’Assemblée nationale, c’est un débat d’idée et ce processus n’a pas commencé aujourd’hui », a continué son président qui a signifié que le « vote des Burkinabè de la diaspora a toujours été considéré comme un serpent de mer ».
Et donc, il ne comprend pas qu’« en l’espace de trois ans, un bon samaritain, décide de faire de ce serpent de mer-là un poulet de la basse-cour, appréhendable même par les aveugles et nous voulons rater cette occasion-là ». Selon sa manière de voir la situation, l’opposition pouvait « dire, c’est bon mais ce n’est pas arrivé. Mais en attendant, on peut aller avec ça, quitte à travailler les années à venir à l’amélioration de ce Code électoral ».
Selon les textes dont les députés sont au courant, « s’ils vident la salle, la loi est considérée comme adopté à l’unanimité des présents », a-t-il confié en estimant que pour « l’histoire, ils (députés opposant) devaient rester dans la salle pour voter contre ou abstention et nous allons le mentionner dans les Procès-verbaux (PV) pour les générations futures ».
« Nous sommes sortis parce que nous propositions n’ont pas été prises en compte. Quelle est leur crainte ou peur, nous n’en savons rien », a dit le député de l’UPC, Moussa zerbo. Pour le porte-porte de la deuxième force politique du Burkina, la non prise en compte de la carte consulaire et les lieux de votations sont les pierres d’achoppement qui doivent être revues dans le code électoral.
En effet, selon le nouveau Code électoral qui a été adopté au terme de la première session extraordinaire de l’Assemblée nationale, seuls les détenteurs de la Carte nationale d’identité burkinabè et du passeport ordinaire valides pourront exercer leur droit de vote dans les ambassades et les consulats.
Par Bernard BOUGOUM