L’opposition politique burkinabè a demandé, ce mardi 16 avril 2019, au cours de son hebdomadaire point de presse tenu à son siège à Ouagadougou, que le contenu de la lettre que l’ex-président Blaise Compaoré aurait adressé à Roch Marc Christian Kaboré soit rendu public. Pour ce regroupement comptant plus de trente partis politiques, « il n’y a pas de tractation souterraine sur la question sécuritaire qui tienne », au point de ne pas divulguer le message entier de l’ex-homme fort de Kosyam, aux populations qui y accordent un grand intérêt.
Animée par Alphonse Marie Ouédraogo, président de l’Union pour la renaissance/ Mouvement sankariste (URD/MS) et de Yumanli Lompo, président du Parti national des démocrates sociaux (PNDS). Cinq points dont «l’annonce d’une opération d’authentification des diplômes dans la Fonction publique et la lettre de l’ex-président Blaise Compaoré au président Kaboré» étaient au menu des échanges avec les journalistes.
Sur le premier point qui a concerné le drame de Yirgou où une tuerie entre communautés aurait fait «210 Burkinabè massacrés», selon les chiffres du Collectif (CISC), l’opposition rejoint l’analyse du Collectif qui a dénoncé une «absence de volonté politique dans le traitement» du dossier. «L’opposition s’indigne qu’après trois mois du grave crime, aucun suspect n’ait été arrêté», a indiqué Alphonse Marie Ouédraogo.
En fin avril démarrera le dialogue politique entre les acteurs politiques. L’opposition qui dit avoir déjà transmis au chef de l’Etat Roch Kaboré, la liste des points qu’elle souhaite voir prendre en compte dans l’ordre du jour du dialogue, «espère que le président du Faso et la majorité proposeront également des sujets qui tiennent compte de l’intérêt supérieur de la nation», a affirmé M. Ouédraogo.
L’opposition s’est dite attachée à la transparence dans le recrutement et la gestion des carrières des fonctionnaires. L’opération d’authentification des diplômes annoncée lors du Conseil des ministres du vendredi 12 avril dernier, «est en principe une bonne initiative pourvu qu’elle ne soit pas transformée en un instrument de répression de certains groupes de fonctionnaires», a signifié Alphonse Marie Ouédraogo. Sur cette question, le regroupement dirigé par Zéphirin Diabré, Chef de file de l’opposition (CFOP), estime que «l’exemple doit venir d’en haut, c’est-à-dire des membres du gouvernement et des présidents d’institution. Nos hautes autorités doivent se plier à cet exercice pour se montrer eux-mêmes irréprochables aux yeux du peuple», a martelé M. Ouédraogo.
Quant au point concernant la lettre que Blaise Compaoré, exilé à Abidjan depuis la chute de son régime fin octobre 2014, aurait adressé à Roch Kaboré, l’opposition pense que «cette lettre est la preuve que, contrairement à la propagande hypocrite dont se sert le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Roch et Blaise continuent de communiquer».
«Et puisque leur dernière conversation concerne la sécurité de tous les Burkinabè, l’opposition invite les deux parties à rendre publique l’intégralité de la correspondance», a ponctué M. Ouédraogo.
Par Bernard BOUGOUM