Accueil A la une AES-CEDEAO: mission impossible pour Diomaye Faye et Faure Gnassingbé?

AES-CEDEAO: mission impossible pour Diomaye Faye et Faure Gnassingbé?

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Que pourront Diomaye Faye (à gauche) et Faure Gnassingbé, dans la crise CEDEAO-AES? (Photo montage Les Nouvelles d'Afrique)

Y-a-t-il encore une possibilité de retour du Mali, du Burkina Faso et du Niger, au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO)?

Une question à laquelle répondre par un «oui» péremptoire serait bien hasardeux, à moins de faire preuve d’un optimisme béat. Mais la CEDEAO, à raison, y croit encore, elle qui lors de son sommet de dimanche 7 juillet a confié la patate chaude aux présidents togolais Faure Gnassingbé et sénégalais Bassirou Diomaye Faye. A ce titre, l’espoir peut être de mise. En effet, les deux «médiateurs» de l’organisation sous-régionale ont le profil du métier. Le Togolais a toujours gardé langue avec les trois chefs militaires, pendant que les autres membres de l’institution ouest-africaine étaient, partisans des sanctions contre les putschs militaires. Le Sénégalais, un président «vierge» politiquement lui, s’est déjà rapproché de ses homologues malien et burkinabè à qui il a rendu visite après son investiture officielle. C’est dire combien les atouts du chef de l’Etat sénégalais, unis à l’expérience en matière de facilitation du Togolais, peuvent faire naître l’espoir d’un rabibochage entre la CEDEAO et l’Alliance des Etats du Sahel (AES) formée par le Mali, le Burkina et le Niger.

En dehors du Nigérien, le général Abderahamane Tiani, 60 ans, qui est le grand-frère et pourrait même être le père, ils sont tous de la même tranche d’âge, 36 ans pour le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso, 41 ans pour le colonel Assimi Goïta du Mali et 44 ans pour le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Ce dernier qui ressemble fort bien à l’intrus du lot, car n’étant pas militaire comme les trois premiers, sera sans doute en mesure de parler le même langage que ses homologues qui ont claqué la porte de la CEDEAO pour créer, depuis lors, l’AES. Et pour confirmer l’irréversibilité de leur trajectoire, les trois chefs du Mali, du Burkina et du Niger, viennent de signer, samedi 7 juillet, lors de leur premier sommet, l’acte de naissance de la Confédération qui les rassemble désormais. Alors, on peut bien se demander si, en face de cette détermination affichée, le président sénégalais et son doyen, mais tout aussi jeune en âge, le Togolais Faure Gnassingbé, 58 ans, seront en mesure de ramener les «Trois» à la maison. Ce qui est certain, la tâche ne sera pas des plus simples, se présentant déjà comme une sorte de «mission impossible».

En tout cas, la partie est loin d’être jouée! La CEDEAO qui est appelée à des réformes pour devenir une «véritable CEDEAO des peuples», et non ce syndicat de chefs d’Etat qui se permettent tout, devra mettre beaucoup d’eau dans son vin et accepter, en plus de la main tendue, de donner son âme, en revenant, notamment, sur certaines prises de position contre les putschs militaires qui sont aussi condamnables que les «coups d’Etat constitutionnels» opérés dans certains de ses pays membres. Dans le même temps, les pays de l’AES, devraient également faire des concessions d’envergure, singulièrement pour un meilleur respect des droits humains. Et tous les efforts, de part et d’autre, mis bout à bout, pourraient bien ramener l’entente et la solidarité légendaires qui constituent la marque déposée des Africains.

Mais, en attendant ces beaux jours visiblement encore lointains, Bassirou Diomaye Faye et Faure Gnassingbé doivent œuvrer pour amener tout le monde sous l’arbre à palabres africain, loin de toute influence étrangère, qu’elle soit russe, française, américaine, chinoise, ou autres.

Par Wakat Séra