Niamey se prépare à abriter le premier sommet des chefs de l’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). A l’occasion, le président de la transition nigérienne, le général Abderahamane Tiani, a invité ses concitoyens à sortir massivement, le vendredi 5 juillet, après la prière, pour réserver un accueil chaleureux aux délégations burkinabè et malienne, conduites par ses homologues, le capitaine Ibrahim Traoré et le colonel Assimi Goïta. Le moment est historique pour l’AES, car, le samedi 6 juillet, soit le lendemain de leur arrivée prévue en fanfare dans la capitale nigérienne, les trois chefs d’Etat se retrouverons pour plancher sur le présent et l’avenir de l’Alliance née de la sortie des trois pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO).
Cette première réunion au sommet servira sans doute aux trois Etats membres de l’AES de rampe pour renforcer les moyens de lutte contre le terrorisme qui constitue un fléau qu’ils subissent en commun; affiner la coopération entre eux; consolider la souveraineté, concept sur lequel ils ne transigent pas; structurer davantage leurs partenariats diversifiés, notamment avec la Russie avec qui ils filent le parfait amour, depuis le divorce avec des pays occidentaux dont la France. Il pourra aussi être question de chercher à recruter sur une short-list, d’autres pays du Sahel ou d’ailleurs, épousant la même vision qu’eux et surtout déçus par une CEDEAO accusée de ne plus répondre aux aspirations des peuples.
Hasard du calendrier, rendez-vous minutieusement programmés ou clin d’œil du destin pour dire aux dirigeants de la CEDEAO et de l’AES qu’ils peuvent partager plus qu’un week-end dans le même temps, le sommet de l’organisation sous régionale s’ouvre, au Nigeria voisin, le dimanche 7 juillet. Au menu de cette rencontre, l’AES s’invitera sans doute à la table de chefs de l’Etat qui, soit feront, pour de bon, le deuil des trois membres qui leur ont tourné le dos, ou continueront à chercher les voies et moyens pour les ramener à la maison. Cette deuxième perspective, si elle n’est pas impossible, n’en sera pas moins titanesque. Car les dirigeants de l’AES ont martelé, sans retenue, que leur marche est irréversible. La CEDEAO qui malgré ses énormes acquis d’intégration, notamment la libre circulation des biens et des personnes dans son espace, se trouve, quant à elle, à la croisée des chemins et contrainte à opérer des réformes, devra donc, si elle tient encore aux trois partants, pardon «partis», sortir la grande artillerie pour le dialogue et trouver l’oiseau rare pour mener les négociations avec eux.
De plus, la mise en place de la force anti-terroriste qui peine à se concrétiser; la lutte, justement, contre le terrorisme; le combat engagé contre le chômage et donc pour la création d’emplois au profit d’une jeunesse de plus en plus désabusée qui ne pense qu’à prendre le large; le règlement du différend à forte odeur de pétrole entre le Bénin et le Niger; les tentatives de 3e ou 4e mandat sur fond de charcutage de constitution; les putschs militaires; la quête de la libération de l’ancien président nigérien Mohamed Bazoum dont l’immunité a été levée, et que les autorités de la transition de son pays comptent traduire en justice; et peut-être le retour du Covid-19 dont plusieurs cas ont été ramenés du récent pèlerinage en terre sainte d’Arabie Saoudite, etc. Ce sont autant de questions pour lesquelles la CEDEAO aura besoin de plus d’un dimanche pour leur résolution.
En tout cas, c’est le cas de le dire, le week-end ne sera pas de tout repos, ni à Niamey, et encore moins à Abuja, qu’ont soit de l’AES ou de la CEDEAO!
Par Wakat Séra