Il s’appelle Alexandre mais n’aurait pu porter que le qualificatif très peu flatteur de «le petit», en comparaison avec Alexandre Le Grand. Le collaborateur d’Emmanuel Macron, ne pourra sans doute jamais jouir, lui, de l’aura de son homonyme, l’un des plus célèbres personnages de l’Antiquité, né le 21 juillet 356 av. J.-C. à Pella (Grèce), mort le 11 juin 323 av. J.-C. à Babylone, roi de Macédoine. Alexandre Benalla, lui, n’est qu’un collaborateur de Emmanuel Macron, mais un courtisan aveuglé par les vertiges de la proximité avec le fauteuil présidentiel. Sinon, il n’aurait pas poussé le culot à son comble, en rudoyant, frappant et malmenant, des manifestants, le 1er mai. Pire, l’homme comme pour bien accomplir son acte sauvage sans être inquiété s’est déguisé en force de l’ordre, se permettant de porter un brassard et un casque de police. Il s’est donc donné à cœur joie à son sale boulot de bourreau de manifestants, commémorant juste la fête de travail, un rituel qui donne l’opportunité aux travailleurs et à leurs syndicats de revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail. La plupart du temps, ils marchent, à main nue, n’ayant que pour armes leurs bouches qui déversent des slogans hostiles au pouvoir. Mais, ce jour-là, ils rencontreront sur leur passage, un certain Alexandre Benalla, et son acolyte, Vincent Crase, employé du parti présidentiel, La République En Marche (LaREM).
Ces «hommes du président» étaient, soit allergiques au vacarme produit par les manifestants, soit des sbires utilisés souvent aux mêmes fins que leur sortie malheureuse du 1er mai, pour casser du marcheur, cachés sous des attributs des forces de l’ordre. Mais cette fois-ci, mal leur en a pris car ils vont devoir s’expliquer devant la justice, eux et leurs complices qui ont tenté de faire disparaître les images des caméras publiques. Après leur garde-à-vue, Alexandre «le petit» et quatre autres suspects sont désormais mis en examen, accusé de «violences en réunion» et d’«immixtion dans l’exercice d’une fonction publique». L’affaire a donc pris une autre tournure, très préjudiciable à l’Elysée qui a essayé de la cacher, pour éviter de faire chuter davantage la côte de popularité de Emmanuel Macron. Pourtant, le premier des Français était sur un nuage, buvant son petit lait, en savourant l’éclatante victoire de l’équipe française au mondial russe de football. Qui donc a mis du sel dans le champagne du jeune président de 40 ans qui se servait en toute logique de la deuxième étoile conquise par les Bleus, pour redorer quelque peu son blason? En tout cas, cette «affaire Alexandre Benalla» est du pain béni pour les pourfendeurs du pouvoir Macron, qui avaient commencé à dénoncer la «récupération politique» faite par le président français du succès des hommes à Didier Deschamps. Emmanuel Macron avait besoin de tout sauf de cette mauvaise publicité que lui a servie royalement Alexandre Benalla.
Comme si besoin en était encore, la France vient de donner, une fois de plus, la preuve que ces dérives ne constituent pas l’apanage des dirigeants africains qui ont horreur des manifestations contre leur «trône». Certes, le fait peut être considéré comme un acte isolé, une initiative de «snipper» en quête de sensations fortes, sauf que l’Elysée qui avait juste infligé une petite mise à pied au bourreau des manifestants n’a point voulu communiquer sur l’affaire pour laquelle Emmanuel Macron avait opté pour le silence. Pourtant, le président avait placé son mandat sous le sceau non de l’omerta, mais bien de l’exemplarité et de la transparence. C’est bien dans une tourmente politique que vient de plonger le pouvoir Macron, par la faute de sieur Alexandre «le petit». Comme pour ne rien arranger, les auditions du ministre français de l’Intérieur et du préfet de police de Paris qui ont nié toute implication dans cette affaire, enfoncent un peu plus l’Elysée dans la gadoue. En tout cas, les donneurs de leçon de démocratie, de transparence et de respect des droits humains sont désormais bien embarrassés pour clouer au pilori les dirigeants africains qui usent des mêmes méthodes répréhensibles pour réprimer les opposants et autres manifestants. Les parangons français de la vertu doivent dorénavant balayer devant leurs portes, car si Alexandre Benalla était Africain, la foudre française serait déjà tombée sur le continent noir!
Par Wakat Séra