La chambre criminelle de Ouagadougou en charge du jugement du dossier de l’affaire Dabo Boukary a entendu, le mercredi 21 septembre 2022, troisième jour du procès, les réquisitions du parquet, les plaidoiries des avocats des parties civiles et celles des avocats de la défense, après avoir auditionné le reste des témoins et des victimes. Prenant la parole, le procureur général a requis une peine d’emprisonnement de 7 ans pour le général Gilbert Diendéré, 10 ans ferme et une amende de 20 millions de FCFA pour le médecin colonel Mamadou Bamba et la prison à vie et une amende de 10 millions pour Magloire Yougbaré qui a été jugé par défaut en raison de son absence.
Le procès de l’affaire Dabo Boukary s’est poursuivi le mercredi 21 septembre 2022. Après avoir écouté le reste des témoins et victimes dans l’affaire, la Chambre criminelle a entendu les réquisitions du parquet, les plaidoiries des avocats des parties civiles et celles des parties défenderesse.
Le parquet après son développement sur la genèse de l’affaire, énuméré des faits qui l’ont caractérisée et cité les articles punissant les chefs d’inculpation cités dans le dossier Dabo Boukary, a requis une peine d’emprisonnement de 7 ans pour le général Gilbert Diendéré, 10 ans ferme et 20 millions de FCFA d’amende pour le médecin colonel Mamadou Bamba et la prison à vie et une amende de 10 millions pour Magloire Yougbaré.
Pour lui ce qui est arrivé au campus le 19 mai 1990, « est plus que des faits qui ont privé des êtres de leur humanité ».
Le général Gilbert Diendéré et le médecin colonel Mamadou Bamba ont comparu respectivement pour des faits de «complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée, complicité de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et recel de cadavre» et «complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée». Quant à Magloire Yougbaré, il a été jugé par défaut pour les faits de «complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée».
Mais le parquet a estimé que la complicité d’arrestation, la complicité de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, ne sont pas constituées à l’encontre du général Diendéré. Pour ce qui est des faits de recèle de cadavre, il a fait savoir que bien que constitué ne peut pas faire l’objet de poursuite.
Les parties civiles dans leur plaidoiries ont tenté de démontrer, avec des faits et des articles, les responsabilités des présumés accusés, le général Diendéré et le colonel Bamba dans cette affaire où l’étudiant en 7e année de médecine, Boukary Dabo a trouvé la mort en mai 1990 et enterré à Pô.
Me Kaboré a fait savoir que les trois jours du procès ont permis d’avoir « la ferme certitude que le Conseil de l’Entente était un camp de concentration, notant que « tous les faits sont là et consommés »
Pour lui, en parlant du général Gilbert Diendéré, chef de corps du Centre national d’entraînement commando, celui qui dispose des moyens légaux pour empêcher la commission d’une infraction et qui ne le fait pas se rend complice de l’infraction. « Il pouvait ne pas être d’accord avec certaines méthodes, mais il était au courant de ce qui se passait au Conseil », a-t-il poursuivi.
En ce qui concerne le colonel Mamadou Bamba, Me Kaboré relève qu’il est constant que tous les victimes l’ont vu indiquer les domiciles des étudiants et qu’il y a un ensemble de faits qui permettent à la Chambre criminelle de décider.
Me Prosper Farama, lui est revenu sur les éléments factuels dans cette affaire. Il a fait savoir que la mort de Boukary Dabo est « un assassinat politique », désignant l’ex-président Blaise Compaoré comme « le maestro » et le général Diendéré le « superviseur ».
« Pour moi, il n’y a pas de différence entre celui qui tue et celui qui regarde tuer », a conclu Me Prosper Farama.
Cela fait 32 ans que l’étudiant Boukary Dabo a été tué au sein du Conseil de l’Entente. Selon Me Bénéwendé Sankara, la procédure pour aboutir à ce procès a pris 22 ans. Ce dossier est jugé à la faveur des assises.
Les parties défenderesses, quant-à-elles, se sont plus attardées sur la prescription des faits comme les coups et blessure ayant entraîné la mort sans intention de la donner, et le recel de cadavre et sur le code pénal à appliquer dans cette affaire. Me Abdoul Latif Dabo et ses confrères ont tenté de démontrer que leurs clients n’ont pas de responsabilité dans cette affaire.
Selon Me Mamadou Sombié, avocat du médecin colonel Mamadou Bamba, c’est «un dossier squelettique qui a été donné de juger», car pour lui «on pouvait faire un travail serieux». «On a fait qu’effleurer les choses ici pendant les trois jours», a-t-il soutenu.
Pour ce qui est des réquisitions du parquet, Me Sombié a laissé entendre qu’il n’a pas «vu un cheminement factuel récriminant (son) client». «Mon client va prendre une peine pour ce qu’il n’a pas fait parce qu’on a cédé à la facilité», a-t-il signifié demandant la relaxe de Mamadou Bamba ou une peine assortie de sursis.
Les conseils du général Diendéré, eux, ont relevé qu’il est constat que leur client n’a pas assisté pour la commission des infractions d’arrestation et de séquestration aggravée ainsi que les coups et blessure ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Pour Me Abdoul Latif Dabo, il n’y a pas d’actes de preuve de la complicité de son client dans ce dossier. Ils ont donc sollicité l’acquittement pour le général Gilbert Diendéré.
Par Daouda ZONGO