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Affaire charbon fin: les avocats de Essakane remettent en cause le rapport du procureur

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Les avocats de Iamgold Essakane SA, société poursuivie dans l’affaire dite de «charbon fin», remettent en cause le travail de l’expert commis par le procureur du Faso, qui serait arrivé à la conclusion qu’on peut trouver dans «un conteneur de charbon fin, 700 Kg d’or», selon Me Moumouny Kopiho qui s’est adressé à la presse, ce mercredi 7 août 2019, à la fin d’une audience sur cette affaire au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Ouagadougou. La défense de la société minière canadienne s’est demandée pourquoi le parquet «refuse une expertise indépendante» pour départager les protagonistes dans ce dossier.

Principalement accusée dans l’affaire dite de «charbon fin» qui continue de faire l’actualité au Burkina Faso, Iamgold Essakane SA par ses avocats a indiqué aux journalistes que sa «ligne (de défense) de Essakane a été toujours de contester les faits qui lui sont reprochés». «Essakane est une société citoyenne qui fait partie des plus importantes sociétés minières au monde. Et au niveau du Burkina, elle est le premier employeur privé avec 2 500 emplois permanents», a soutenu M. Moumouny Kopiho.

Les avocats de Essakane ont répondu aux préoccupations des journalistes mobilisés en nombre pour l’occasion. Les questions ont concerné non seulement le fonds du dossier, notamment, les quantités d’or saisies par la justice et l’absence de Essakane à ce procès. Sur cette dernière question, Me Moumouny Kopiho a signifié que sa «cliente n’est pas absente, c’est une personne morale et elle est représentée. Ce n’est pas une personne physique qu’on peut indexer». La société Iamgold Essakane SA, «n’avait pas à comparaître parce qu’on a dit dès le début que ce n’est pas une audience utile et nous étions venus pour demander un renvoi», a-t-il ajouté. Même s’il a dit ne pas vouloir rentrer dans la «polémique» qui a été soulevée à l’audience, il a fait remarquer que la  comparution «est réglementée par le code de procédure pénale».

Pour les hommes de médias qui voulaient savoir pourquoi cette «audience n’est pas utile», l’avocat a expliqué que le tribunal a noté que la juridiction n’était pas régulièrement composée. «Il y a des juges spécialisés pour ces genres d’infractions et le tribunal a estimé qu’il ne peut pas juger en l’absence d’un troisième juge spécialisé», a-t-il dit sur le sujet.

Quant au fond du dossier, Me Moumouny Kopiho, a d’abord rappelé que l’opération d’exportation de charbon fin «a commencé depuis 2015 où la société a eu les autorisations et les droits de l’Etat ont été payés normalement. L’or a été estimé par les techniciens de la mine Essakane et des structures du ministère des Mines du Burkina». Il y a eu trois ministres qui ont connu de ce dossier de charbon fin, a souligné l’avocat.

Les avocats de Essakane, pensent que «ce qui peut trancher dans cette affaire, c’est l’expertise indépendante (qu’ils ont)  demandée parce que les rapports d’expertise sur la base desquels on poursuit (leur client), ce sont ces rapports qui posent problèmes parce qu’ils sont irréguliers et scientifiquement mensongers». «Vous aurez l’occasion de voir que ce sont des éléments qui sont scientifiquement démontrables. Nous sommes heureusement dans un domaine de science qui peut se poser, nous ne comprenons pas pourquoi on refuse qu’un deuxième expert puisse venir nous départager», a insisté Me Kopiho.

Peut-on avoir une idée des estimations du rapport de l’expertise demandée par le procureur? A cette question, Me Kopiho a répondu que les «quantités ont été tellement surestimées par le parquet qui poursuit que (eux-mêmes) n’en savent plus rien». «Le rapport dit qu’il y a une teneur surévaluée d’or. On nous dit qu’il y a 700 Kg par conteneur (pourtant) le minerai dans la mine même quand on sort une tonne on ne trouve pas 700 Kg après exploitation, il y a quand même une logique», s’est exclamé Me Moumouny Kopiho.

Pour la défense de la société minière canadienne, il faut obligatoirement une autre expertise pour découvrir la vérité dans cette affaire. «Si un cabinet indépendant vient dire que la teneur relevée par l’expert burkinabè est exacte, nous allons nous soumettre, mais on refuse ça». Me Kopiho a ensuite expliqué que le charbon fin, c’est du charbon actif, c’est-à-dire un produit qu’on mélange aux minerais et qui aspire tout ce qu’il y a comme métaux précieux.

Après avoir notifié à l’assistance, l’absence de l’un des juges spécialisés et le souhait des avocats de la défense d’un renvoi afin de bien prendre connaissance du dossier, le tribunal a décidé du renvoi du jugement du dossier pour début octobre 2019.

Par Bernard BOUGOUM