Accueil A la une Affaire charbon fin: transactez, prenez de la peine!

Affaire charbon fin: transactez, prenez de la peine!

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Un procès dit du charbon fin qui tire en longueur

Sans aucun doute, l’affaire dite du charbon fin a fini de captiver le public. Tout a commencé en 2018. La révélation par nos confrères du journal d’investigation Le Reporter fait un bruit de tonnerre. La Brigade nationale anti-fraude (BNAF) a découvert de l’or, non pas dans le riche sous-sol du Burkina, mais dans 30 conteneurs de charbon fin qu’elle a arraisonnés à Bobo-Dioulasso, alors que ceux-ci prenaient la direction de la Côte d’Ivoire. Abidjan ne constituait qu’une escale, car le charbon fin avait pour destination finale le Canada. Mais le voyage de ce résidu bien spécial qui ne pouvait être traité au Burkina, prit prématurément fin, car le charbon brillait trop. Et même si l’adage dit que «tout ce qui brille n’est pas or», la forte teneur en or de ce charbon fin dépassait bien le taux normal, celui autorisé.

D’accusation en défense contre griefs de fraude, l’Etat burkinabè et d’autres acteurs de l’affaire, dont la société minière canadienne IamGold Essakane, et Bolloré Transports et Logistics SA Burkina Faso, finissent par se retrouver devant les juges. Aussitôt ouvert, le procès s’est transformé en un feuilleton saucissonné de reports, entre autres, pour expertise et contre-expertise, analyses, débats juridico-techniques sans fin, etc. De l’argent, beaucoup d’argent a été dépensé par IamGold Essakane SA pour essayer de prouver sa bonne foi et surtout restaurer son image, car la société en a pris pour son grade dans cette affaire.

Sauf qu’à vouloir, coûte que coûte, acculer IamGold Essakane SA dans ses derniers retranchements n’est pas forcément à l’avantage du Burkina. Le Pays des Hommes intègres, fortement confronté à l’insécurité, aux attaques terroristes meurtrières et présenté comme une destination à risque, a, plus que jamais, besoin des investisseurs, qu’ils soient locaux ou venus d’ailleurs, afin de donner un coup de fouet à l’économie nationale en berne et lui assurer la stabilité nécessaire pour le développement durable et inclusif seriné à toutes les tribunes. Dans cette logique, sans faire le lit à la délinquance financière ou encourager un quelconque non-respect des lois du pays, il faut tout de même offrir des facilités aux investisseurs. Et quand il y a des litiges, quelle que soit leur importance, il faut privilégier la voie du règlement à l’amiable, et surtout l’option qui permettra à l’Etat burkinabè de ne pas perdre de l’argent, mais plutôt d’en gagner, pour renflouer ses caisses.

C’est pourquoi dans cette affaire…sans fin de charbon fin, qui commence à devenir éreintante, et pour les juges et pour les conseils des deux parties, on peut difficilement contredire ceux qui ont eu l’idée pertinente et réaliste d’aller au règlement à l’amiable, option permise par la loi, même en plein procès. Qui plus est, c’est une alternative qui offre une chance inouïe et inespérée à l’Etat burkinabè, dès que l’idée de la transaction est acceptée par tous, de gagner gros, plus gros que de normal. Au moins 9 milliards de francs CFA, selon certains calculs. On peut le dire, «à quelque chose malheur est bon»? Grâce à l’«affaire charbon fin», le Burkina aura de l’argent frais pour gérer certaines priorités dont la lutte contre l’insécurité. Grâce à l’«affaire charbon fin», le Burkina aura bientôt sa propre raffinerie d’or. Grâce à l’«affaire charbon fin», un vide juridique a été comblé par l’adoption d’un nouveau texte qui doit pouvoir régir le traitement des résidus miniers au Burkina.

Pour paraphraser l’adage, on peut, sans risque de se tromper affirmer qu’un arrangement vaut mieux qu’un procès sans fin et, du reste, à l’issue incertaine.

Par Wakat Séra