Plus d’une centaine de personnes répondant à l’appel du Bloc national des étudiants contre l’injustice et l’impunité (BNECI), se sont rassemblées, vendredi 19 mai 2017 vers 9h, devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou, pour interpeller la justice sur sa « lenteur » dans le traitement du dossier de leur camarade étudiant en 7è année de médecine, Dabo Boukary, assassiné le 19 mai 1990.
Sous le regard d’une vingtaine d’éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), les militants du BNECI ont marché, et fait deux fois le tour du TGI, avant de rencontrer le procureur du Faso, Maïza Sérémé, qu’ils ont interpellé sur la «lenteur» de la justice burkinabè, et plus singulièrement en ce qui concerne l’affaire Dabo Boukary, dont la disparition est commémorée chaque année par les étudiants.
Trois ans après le départ du régime Compaoré soupçonné de faire «obstruction» à la manifestation de la vérité sur cette affaire, «c’est le même constat, le dossier Dabo semble devenir une épine au pied de la justice», a signifié M. Bama, poursuivant que «nous savons que des noms des politiques sont cités dans le dossier, et que ces derniers feront tout pour étouffer la vérité».
«Nous sommes ici ce matin pour dire que trop c’est trop», a déclaré le coordonnateur du Bloc des étudiants, Fulbert Bama, qui a remis, en présence de ses camarades, un «mémorandum» au procureur.
Maïza Sérémé a alors promis aux manifestants que la justice allait « prendre connaissance de (leur) mémorandu ». Mais Mme le procureur est convaincue d’une chose, « le dossier Dabo Boukary ne dort pas, car le juge d’instruction est en train de travailler là-dessus et il avance à grands pas ».
La justice également «veut savoir ce qui est arrivé à Dabo Boukary et je vous assure qu’elle s’attèle à cela», a poursuivi le procureur. «Depuis qu’on était étudiant, nous aussi avons manifesté pour connaitre la vérité, ce n’est pas maintenant qu’on est ici qu’on va chercher à étouffer le dossier».
Les manifestants considèrent l’inculpation du colonel Mamadou Bamba et du général Gilbert Diendéré, tous deux éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), principal corps d’élite accusé, et la découverte de la présumée tombe de Dabo Boukary dans les encablures de la ville de Pô, comme «un pas vers la manifestation de la vérité».
En plus de l’affaire Dabo Boukary, le BNECI interpelle aussi la justice sur les affaires Thomas Sankara, Norbert Zongo, les martyrs de l’insurrection populaire et de la résistance au putsch manqué de septembre 2015.
Mathias BAZIE