Me Soumaïla Ouattara, avocat dans l’affaire de la «guérisseuse de Komsilga» a déclaré le jeudi 7 septembre 2023, face à la presse, que «nous avons la conviction que cette décision ne résistera pas en cas d’appel», après que le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Ouaga II a condamné les neuf prévenus dont Larissa Nikièma dite Adja Amsétou, à 3 ans de prison et une amende d’un million FCFA avec sursis.
Lors de leurs plaidoiries, les avocats avaient jugé les réquisitions du parquet, sévères. «Les peines des réquisitions sont exorbitantes», a dit à la barre, Me Robert Soubeiga. Son confrère, Me Aziz Mohamed Sita, a dit avoir «l’impression» que le procès de l’affaire dite guérisseuse de Komsilga «a une tonalité particulière». Leurs confrères dont Me Adama Conombo, Me Christophe Birba et Me Sayouba Neya, sont allés dans le même sens pour plaider la relaxe de leurs clients, car il n’y a pas d’élément matériels pour prouver l’infraction sur la séquestration puisque les coups et blessures étaient déjà incontestables et les prévenus ont demandé pardon à la victime.
Les verdicts livrés par le tribunal qui vont de 3 à 4 ans de prison et des amendes allant de 500 000 à 1 000 000 FCFA, le tout assortis de sursis, les ont donc surpris. Les avocats de la défense ont eu le sentiment que les condamnations de leurs clients, au regard de ce qui ressort techniquement du dossier, sont lourdes puisque la «guérisseuse de Komsilga» a pris 3 ans de prison avec sursis et les huit autres prévenus ont écopé de 4 ans de prison avec sursis, chacun.
La décision du tribunal pour une question de liberté, selon Me Soumaïla Ouattara, «est déjà bonne à prendre». «Mais, nous restons sur notre soif sur la question de la séquestration». Pour le conseil des prévenus, «les peines ont été prononcées au-delà des réquisitions du procureur».
«C’est certainement dû à l’infraction de séquestration pour laquelle, les prévenus, nos clients ont été tous reconnus coupables. Mais nous avons la conviction que cette décision ne résistera pas en cas d’appel», a poursuivi Me Ouattara qui a souligné que les plaidoiries des avocats de la défense, dans l’ensemble ont visé comme premier objectif, de souligner le rôle social de la guérisseuse.
Pour eux, «chacun a sa croyance, les patients (de Larissa Nikièma) ont leur croyance, ils ont besoins d’elle, et donc c’est une décision à notre sens qui lui permettra de retourner à ses activités et d’apporter des soins à des milliers de Burkinabè». «Ça, c’est déjà très important. Cette décision de sursis également permettra aux autres prévenus de jouir de leur liberté et s’ils le souhaitent de continuer le combat pour qu’on puisse parvenir à une atténuation des peines ou à leur suppression», a-t-il apprécié.
A vous écouter, vous n’êtes pas satisfait du verdict, a lancé une journaliste. «J’ai essentiellement plaidé pour la relaxe de l’ensemble des prévenus pour les faits de séquestration à eux reprochés. Mais nous avions tous reconnu avec les prévenus que les coups et blessures étaient incontestables. Mais, ils n’ont pas entrainé une incapacité de travail de deux jours. Et dans ce sens, la peine privative de liberté maximale à prononcer était d’un an», a-t-il rétorqué.
«Aujourd’hui, nos prévenus écopent des peines assorties de sursis mais, 36 mois pour dame Larissa et 48 mois pour les autres, nous pensons à une autre décision beaucoup plus souple plutôt qu’une décision de cette nature. Mais je le répète, le sursis est déjà une très bonne chose pour notre client», a affirmé Me Soumaïla Ouattara
Pour les appels éventuels à faire, il a indiqué que la décision ne leur incombe pas en tant qu’avocat. «C’est après concertation, entre avocats de la défense, après concertation avec nos clients, que nous apprécierons l’opportunité de relever appel», a dit Me Ouattara.
«De toute façon, nous disposons d’un délai de 15 jours pour cela. C’est largement suffisant pour réfléchir, discuter et décider», a-t-il conclu.
A noter que le Ministère public a laissé entendre qu’une poursuite judiciaire pèse sur Larissa Nikièma et que bientôt elle sera déclenchée.
Par Bernard BOUGOUM