Le lanceur d’alerte Naïm Touré, mis aux arrêts le 14 juin 2018 pour un post qu’il a fait sur son compte Facebook, invitant les Forces de défense et de sécurité « à s’exprimer » dans le but de faire « changer leur condition de travail », a été ce mercredi 27 juin devant le tribunal pour répondre des faits qui lui sont reprochés. Le parquet, après l’interrogatoire de l’accusé et se basant sur les articles 106 et 108 du code pénal, notamment, a requis une peine d’emprisonnement de 12 mois.
Le procureur du Faso jugeant le poste de Naïm Touré, inquiétant, car pour lui cela participe à une « démoralisation » des Forces de défense et de sécurité, « incite à former un complot contre la sûreté de l’Etat » et occasionne « des troubles à l’ordre public », a souhaité voir le lanceur d’alerte écoper d’une peine d’emprisonnement de 12 mois.
« Les interpellations que vous faites, nous inquiètent. Cela est de nature à démoraliser la troupe », a laissé entendre le parquet pour qui « on peut être un lanceur d’alerte sans pour autant troubler l’ordre public ».
Pour M. Touré qui se défini comme un « citoyen Facebookeur » et ses conseils, le poste a été mal interprété car son intention n’est ni de démoraliser la troupe, ni troubler l’ordre public, ni inciter à former un complot contre la sûreté de l’Etat. Ainsi l’accusé qui reconnait être l’auteur du post, a nié les faits qui lui sont reprochés.
Avec ce post « je cherchais à critiquer la lenteur des autorités » face à la question de l’évacuation du gendarme blessé lors de l’opération militaire contre « des terroristes » dans le quartier Rayongo (Est de Ouagadougou). « Je crois que mon message a contribué fortement à ce qu’on évacue » l’officier blessé, a-t-il dit à la barre.
Pour lui les Forces de défense et de sécurité doivent souvent s’exprimer sur ce qui ne va pas dans leur condition de travail et cela devrait se faire dans des cadres de concertations qui sont les leurs.
Selon la défense qui est constituée d’une dizaine d’avocats, notamment Me Prosper Farama, Me Ambroise Farama, Me Olivier Yelkouny, Me Batibié Benao et Me Silvère Kiemtarboubou, il faut relaxer leur client car « il n’y a pas d’infraction ». Pour eux, dans cette affaire, « c’est l’émotion » qui a pris le déçu sur la raison, notant que Naïm Touré n’a fait que vouloir « sauver un soldat blessé ».
Le procès débuté vers 13h a été suspendu à 16h. Le délibéré de cette affaire est pour le 3 juillet 2018, a indiqué le président du tribunal.
Par Daouda ZONGO