Le , «proteste» contre la décision de la France sur l’Affaire Norbert Zongo. Dans un communiqué transmis à Wakat Séra, ce mardi 9 janvier 2024, le Réseau international Justice pour Thomas Sankara estime que les autorités françaises à travers leur décision de ne plus l’extrader , ont «soustrait François Compaoré à la justice de son pays».
COMMUNIQUE DE PRESSE
La nouvelle a été rendue publique, le 21 décembre 2023. Elisabeth Borne, première ministre du gouvernement français a annulé le décret d’extradition, signé par son prédécesseur Edouard Philippe, en mars 2020, et validé par le conseil d’Etat le 30 juillet 2021. Cette décision a été suivie de peu par la levée du contrôle judiciaire, redonnant ainsi la liberté totale à François Compaoré.
Après la validation de juillet 2021, les avocats de François Compaoré avaient saisi le CEDH (conseil européen des droits de l’homme). Son verdict, le 7 septembre 2023, précisait : « La Cour conclut qu’il y aurait une violation de l’article 3 de la Convention[i] en son volet procédural en cas de mise à exécution du décret d’extradition sans réexamen préalable de la validité et de la fiabilité des assurances diplomatiques fournies par le Burkina Faso ».
Nous soulignons la deuxième partie de cette phrase qui n’est jamais citée par la plupart des médias en France et qui pourtant émet une condition avant d’affirmer la violation de l’article 3. Dans ce même communiqué, la Cour demandait à la France de réexaminer le dossier, ajoutant que le gouvernement burkinabè actuel n’avait pas répondu aux observations lui ayant été adressées le 19 octobre 2022 par le CEDH. Une négligence grave contre laquelle s’est élevée, dans un communiqué, le CNPNZ (Centre national de presse Norbert Zongo), alors que le gouvernement burkinabè se défendait, dans un communiqué, en affirmant n’avoir pas reçu de demande de la part du gouvernement français.
En réalité la décision de la France est due à la détérioration des relations diplomatiques plutôt qu’à celle du traitement des détenus. Aucun échange n’a eu lieu entre le gouvernement français et le gouvernement burkinabè depuis ce communiqué. A titre d’exemple, Gilbert Diendéré, condamné pour une tentative de putsch en 2015 et pour l’assassinat de Thomas Sankara, est détenu dans de bonnes conditions, ce que tout connaisseur du Burkina peut facilement constater. Selon nos informations, il bénéficie même parfois de permissions de sortie.
Après avoir soustrait Blaise Compaoré à la justice du Burkina Faso, les autorités françaises décident ainsi de soustraire aussi François Compaoré à la justice de son pays. Un pays qui se dit démocratique ne peut laisser ainsi échapper un inculpé «d’incitation à assassinat» d’un journaliste dans l’exercice de son métier[ii].
Le Réseau international Justice pour Thomas Sankara, justice pour l’Afrique élève une vive protestation contre cette décision, et appelle le monde de la presse, les forces démocratiques de France à faire de même.
Fait le 8 janvier 2024 à Niamey, Lorient, Paris, Ottawa, Toulouse, Bamako, Banfora, Bobo Dioulasso, Ouagadougou, Barcelone, Turin, Las Palmas, Dakar, Grenoble, Sabadell, Ajaccio
Le réseau international justice pour Thomas Sankara, justice pour l’Afrique