La Nouvelle alliance du Faso (NAFA) a tenu ce mardi 6 février 2018 à Ouagadougou une conférence de presse pour montrer son «inquiétude» relativement au jugement du dossier du putsch manqué de septembre 2015 et a dénoncé «l’immixtion» du pouvoir exécutif dans l’affaire. Selon son président, le professeur Hama Mamoudou Dicko, la justice militaire burkinabè est «embrigadée» par le pouvoir exécutif et la hiérarchie militaire.
«La NAFA condamne avec la dernière énergie, les manœuvres, les manipulations et les immixtions politiciennes injustifiées de l’exécutif à tous les niveaux de la procédure judiciaire du putsch manqué» de 2015 pour lequel leur «mentor», le général de gendarmerie Djibrill Yipènè Bassolé est assigné actuellement en résidence surveillée, a déclaré M. Dicko, appelant les «magistrats et tous les acteurs de la justice burkinabè à travailler pour consolider l’indépendance de la justice (car) il y va de la crédibilité de l’institution judiciaire et du renforcement de l’Etat de droit».
Même si la NAFA se «réjouit» du fait que la programmation du procès le 27 février 2018 dans la salle des Banquets de Ouaga 2000 constitue une «lueur d’espoir pour toutes les victimes et les parents des victimes qui pourront enfin de compte obtenir justice et réparation pour les uns et faire le deuil de leur proche pour les autres», elle attire l’attention de l’opinion sur les multiples cas d’immixtion depuis le début de cette affaire dont «tout récemment, le 24 janvier dernier, le président de la Chambre de contrôle, Jean-Marie Ouattara, a été révoqué après avoir jugé illégale l’arrêté d’assignation à résidence pris par le ministre de la Défense (Jean-Claude Bouda)», a poursuivi son président qui a dénoncé qu’«à chaque fois qu’un juge prend une décision de justice favorable à Djibrill Bassol, le pouvoir en place le révoque».
Pour lui, la Nafa comme tous les citoyens en quête de la vérité dans ce dossier «s’inquiètent avec légitimité» car le remplacement du juge Ouattara qui a suivi tout le dossier et osé annuler la décision du ministre de la Défense sur l’assignation en résidence surveillée du général Bassolé qui a été ourdi par le pouvoir en place, parce que ne respectant pas la procédure, montre que «la justice militaire ne saurait être impartiale et ne pourrait donner les garanties d’un procès équitable à quiconque que le pouvoir exécutif aurait dans son viseur».
Après avoir égrené plusieurs faits jugés comme immixtion du pouvoir public dans l’affaire judiciaire du coup d’Etat manqué notamment le dossier Djibrill Bassolé, la NAFA qui a réitéré sa demande pour qu’on «libère provisoirement» le seul général de gendarmerie du Burkina toujours assigné en résidence surveillée, souhaite à travers cette conférence de presse inviter l’opinion nationale et internationale lors du procès programmé le 27 février afin d’éviter «toute imposture et à travailler à la consolidation d’une justice crédible».
Par Mathias BAZIE