A travers cet écrit des habitants de Tialgho s’adressent au président du Faso lui demandant de prendre des mesures pour la libération immédiate et sans conditions des 5 otages et qu’une suite judicaire accélérée soit donnée à ce dossier en ouvrant une information judiciaire avec la participation des populations.
A SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DU FASO, CHEF DE L’ETAT
Le jeudi 18 mai 2017, un groupe d’une vingtaine d’individus ont fait irruption dans notre village situé dans la commune de Ténado à 25 Km de Koudougou que vous connaissiez bien pour l’avoir visité. Armés de fusils, ils ont lancé des tirs à bout portant sur un groupe de personnes qui étaient dans leur jardin en train à leur recherche de leur pitance quotidienne. Puis s’en suivent d’autres tirs à l’intérieur de nos concessions causant une panique générale et faisant 2 blessés dont un grave qui a reçu des balles au niveau des fesses.
En légitime défense, face à ce groupe d’individus à mains armées et vu leurs actes, l’alerte générale a été donnée et nous nous sommes mobilisés pour contenir l’assaut de cet ennemi jusque-là méconnu de notre part. Grace à notre promptitude et à notre détermination à défendre nos vies en danger nous avons réussi à sauver 10 personnes qui ont essuyé des tirs.
Sentant notre forte mobilisation, certains membres de ce groupe armé vont prendre la fuite et d’autres que nous sommes parvenus à immobiliser que nous avons remis à la gendarmerie qui était sur les lieux. Aussi, nous avons pu récupérer 12 fusils dans leurs mains que nous avons remis à la gendarmerie. Suite à la médiation de Madame le Haut-commissaire de la province du Sanguié qui est venu s’enquérir de la situation et apporter assistance, nous avons remis leurs motos qui étaient restées sur les lieux.
Dans la matinée du 19 mai 2017, un jeune de notre village du nom de BAMOUNI Yombié s’est rendu à Koudougou pour ses besoins de commerce et ce dernier a été pris en otage par une bande de personnes inconnues désignées armées sous le vocable de kolgwéogos sous prétexte qu’il est simplement originaire de Tialgo, donc faisant partie de ceux qui leur ont infligé une défaite à leur groupe la veille. Ce dernier vient s’ajouter à Edouard Bamouni enlevé et détenu depuis le 9 mai 2017. Nous sommes sans nouvelles de ces deux jeunes depuis qu’ils ont été enlevés. Sans signe de vie, nous craignons fort pour leur intégrité physique.
N’ayant pas digéré leur défaite, cette confrérie de la violence sur l’homme de retour dans leur base a mobilisé d’autres membres en renfort pour venir attaquer notre village le 19 mai 2017. Face à leurs agissements et aux nombreuses alertes reçues de certains de nos proches, nous avons tenu la sécurité informée afin de parer à toute éventualité.
Partis de Koudougou sur la route nationale N°14, sur des motos et traversant les villages riverains jusqu’à l’entrée du village de Tialgo, nous nous sommes regroupés à un point pour bénéficier de la protection des forces de l’ordre sur place. Organisés, et bien armés de fusils, ils se sont emparés de certaines de nos concessions dans la nuit du 19 au 20 mai 2017, les plus proches de la route nationale N°14 en provenance de Koudougou. Après avoir pris 6 personnes ligotées pour repartir tandis que les autres fractions armées continuaient de tirer, nous étions obligés de réagir pour faire libérer et sauver nos gens. C’est ainsi que nous avons pu libérer 3 personnes mais ils ont réussi à partir avec les 3 autres dont les noms suivent : Balibié Bamouni, Péma Bamouni et Boubié Bationo. Et depuis lors nous n’avons aucune de leurs nouvelles. Au total, ils sont 5 otages dont la vie est en danger.
Excellence Monsieur le Président, Chef de l’Etat
nous demandons à l’Etat de prendre ses responsabilités dans cette dure situation qui nous éprouve tant. Soit nous appartenons à l’Etat du Burkina Faso qui assure notre sécurité, soit nous n’appartenons pas à la République du Burkina Faso et qui nous laisse souffrir comme on peut jusqu’à verser la dernière goutte de notre sang. Il est inconcevable que dans un Etat de droit, des individus à mains armés quittent à 25 km et criminellement organisés pour venir attaquer des populations à mains nues et faisant des otages depuis des jours au vu et au su de la République.
Ces pratiques moyenâgeuses relèvent purement et simplement d’actes terroristes que nous tenons à dénoncer avec force et conviction. Ce groupe appelé Kolgwéogos qui n’existe pas dans notre langue et que nous ne connaissons pas dans notre culture n’est ni plus ni moins qu’une bande de terroristes d’un autre genre surfant sur la problématique de la sécurité soit pour s’enrichir, violer, tuer et régler des comptes. Il faut que ça s’arrête.
Sinon à long terme notre Etat sera vidé d’une de ses composantes à savoir sa population car une population bafouée, massacrée et dont le simple droit d’exister n’est pas garanti est appelée à sombrer.
La sécurité des populations, consentir l’impôt, appliquer la justice sont des missions régaliennes que l’Etat doit assumer sans complaisance aucune avec toute l’autorité que nous lui reconnaissons, base du contrat de notre obéissance volontaire à l’autorité de l’Etat. Il est inconcevable qu’une bande d’individus jouissant d’une autorité hors la loi viennent dans une communauté pour percevoir une amende de 882 000 Frs CFA pour aller s’engraisser benoîtement et agresser toute personne sur leur passage.
Excellence Monsieur le Président du Faso,
« la République des Kolgwéogos agresseurs et violeurs» est-elle une république dans une république ? Que font nos gendarmes et policiers à qui incombe la fonction de la sécurité ? Des gens qui viennent dans une localité sans passer par aucune autorité (administration, police, gendarmerie) doivent être mis aux arrêts et punis conformément à la loi. Il y’a eu d’autres précédents épisodes catastrophiques dans d’autres localités et le cinéma a continué jusqu’à l’épisode actuel de Tialgo avec son lot de victimes. Doit-on continuer ainsi ? Nous sommes en danger car n’importe qui et n’importe quel groupe malfaiteur pour tromper la vigilance des populations peut se mettre en apparat dit « de kolgwéogos » venir opérer et repartir tranquillement et ce se sera tard pour rattraper les dégâts. Dans un contexte de terrorisme généralisé, c’est une aubaine qui peut être exploitée à dessein. Qui prend en charge ces gens ? leur argent, carburant, frais de communication, moyens de locomotion. Pour satisfaire leurs besoins, c’est de percevoir l’impôt à la place de l’Etat, défier l’autorité de l’Etat.
Excellence Monsieur le Président du Faso, il est vrai et il faut le reconnaitre que nous avons au Burkina Faso de bons exemples en matière d’organisation de prise en charge sécuritaire endogène dans le respect de la loi et dans la coopération avec nos forces de sécurité et de défense. Pour ces bons exemples il faut s’en féliciter.
Excellence, au regard de la situation actuelle qui prévaut à Tialgo et des enseignements qu’il faut tirer depuis l’avènement kolgwéogo au Burkina, nous demandons :
- la libération immédiate et sans conditions des 5 otages (Dans la nuit du 19 au 20 mai 2017 nous avons arrêté 11 agresseurs que nous avons remis à la gendarmerie).
- qu’une suite judicaire accélérée soit donnée à ce dossier en ouvrant une information judiciaire avec la participation des populations et dont les résultats nous seront communiqués
- la prise en charge des victimes
- la protection sans failles des populations
- la protection des libertés de mouvements des populations d’aller à Koudougou et revenir sans risques de représailles et d’accusations gratuites suivies d’enlèvements et de séquestrations
- Le démantèlement des groupes kolgwéogos ayant commis des actes de violence sur toute l’étendue du territoire
- L’interdiction ferme des pratiques (port d’armes, sévices corporels, arrestations, amendes) kolgwéogos pour éviter d’autres morts
- Le désarmement immédiat du groupe qui s’apparente à une milice pour éviter tout affrontement tribal, ethnique, règlements de comptes au risque de mettre en péril la paix sociale et notre vivre ensemble en société
- L’affirmation de l’autorité de l’Etat dans toute sa force et sa dans toute sa royauté car Force doit rester en la loi
- Le maintien des forces de sécurité dans le village de Tialgo jusqu’à nouvel ordre.
Fait à Tialgho, le 20 mai 2017