La commissaire générale de «Africa 2020», N’Goné Fall, s’est entretenue ce vendredi 26 octobre 2018 au Centre de Développement Chorégraphique La Termitière (C.D.C.) à Ouagadougou, avec les acteurs culturels et les journalistes, à qui elle leur a donné toutes les informations nécessaires sur l’évènement qui aura une dimension panafricaine et universelle.
C’est en reconnaissance du dynamisme culturel, artistique, scientifique, patrimoniale, citoyen, entre autres, que la Commissaire générale de Africa 2020 a démarré son Tour d’Afrique par le Burkina Faso pour expliquer le projet qu’elle porte, qui aura lieu de juin à décembre 2020. Les hommes de culture et de médias n’ont pas manqué l’occasion pour cette marque indéniable qui leur a été faite, d’échanger autour du projet, qui du reste avait été annoncé par le président français Emmanuel Macron, lors de sa visite, fin novembre dernier à Ouagadougou dans le cadre du renforcement de la coopération entre le Burkina Faso et la France.
La saison « Africa 2020 » montrera aux yeux du monde, ce qu’est « réellement l’Afrique », continent objet de tous les stéréotypes déshumanisants, a dit dès l’entame de ses propos, la Commissaire générale qui est d’origine sénégalaise. Africa 2020 va être de la programmation autour de la « création artistique mais également de la recherche scientifique de l’’économie, les jeunes entrepreneurs, en gros qu’est-ce qui fait bouger notre continent au 21è siècle et présenter ça au monde et aux Français depuis la France », a expliqué N’Goné Fall.
« La volonté du président de la République française Emmanuel Macron qui m’a nommé à ce poste est de faire changer le mauvais regard que les gens, notamment, des Français ont de l’Afrique », qui est la promise de demain, a signifié la Commissaire générale de Africa 2020. Elle a dit vouloir à travers sa tournée « mobiliser tout le monde pour que nous africains puissions dire ensemble qui on est, qu’est-ce qui nous anime et comment on se projette sur l’avenir ».
A travers cinq thématiques définies, il appartiendra « aux acteurs culturels de poser un regard sans complaisance sur la société africaine, et à terme, voir, comment arriver à booster l’économie africaine à travers les jeunes entrepreneurs pour qu’ils trouvent des financements en Afrique mais aussi des investisseurs à l’étranger », selon madame Fall qui a appelé les porteurs de projets à une « intelligence collective ». Elle a estimé qu’« il y aura peut-être une centaine de gros projets structurés et structurants ».
Le budget de ce projet qui est en cours de construction se chiffrera en plusieurs millions d’euros qui vont venir de « l’Etat français mais aussi du mécénat, des entreprises et des fondations en France mais aussi en Afrique », a-t-elle conclu.
Une note conceptuelle rédigée par la Commissaire générale pour clarifier sa vision de cette saison Africa 2020, est conçue comme une « invitation à regarder et comprendre le monde d’un point de vue africain » selon ses mots.
Cette saison sera fondée sur quatre piliers : « une programmation panafricaine et pluridisciplinaire axée sur la création contemporaine et destinée à tous les publics : les projets ne seront pas conçus autour d’un seul artiste, d’un seul pays, d’une seule région ou d’une seule aire linguistique; une saison co-construite par les acteurs africains et les institutions françaises pour éviter le risque d’une Afrique pensée à travers un prisme franco-français; des projets conçus comme des espaces de partage de savoirs et d’expériences : une conception et une mise en œuvre « panafricano-française », qui rassemblera des professionnels de différents secteurs afin de favoriser les échanges de savoir-faire et les débats d’idées; une saison envisagée comme une plate-forme collaborative pour la production et l’échange de connaissances, portée par des projets structurants.
Les champs disciplinaires sont: les arts (art visuels, spectacle vivant, cinéma, littérature); la recherche et l’économie (sciences, technologies, entreprenariat et développement durable); l’art de vivre (gastronomie et biodiversité, mode, design, architecture, sports urbains).
Cinq grands axes de réflexion ont été conçus par la Commissaire générale et quatre personnalités africaines – Mme Nontobeko Ntombela (Afrique du Sud), M. Ntone Edjabe (Cameroun), M. Folakunle Oshun (Nigéria), Mme Sarah Rifky (Égypte) – issues des milieux culturels et académiques. Il s’agit de « l’Oralité augmentée, de la diffusion des connaissances (les réseaux sociaux, les innovations technologiques), de l’Economie et Fabulation (la redistribution des ressources, les flux financiers, l’émancipation économique), de l’Archivage d’histoires imaginaires (l’histoire, la mémoire, les archives) et de la Fiction et Mouvements (non) autorisés ou imaginaires (la circulation des personnes, des idées et des biens, ainsi que le territoire, Systèmes de désobéissance: les consciences et mouvements politiques, la citoyenneté).
Chaque projet devra être construit autour d’un ou plusieurs de ces axes de réflexion.
Par Bernard BOUGOUM