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Afrique: 2025 est là, les élections de la peur aussi!

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Les citoyens seront appelés aux urnes dans plusieurs pays (Ph. d'illustration)

C’est la nouvelle année et pour respecter le rituel des vœux, nous souhaitons aux lecteurs et partenaires de Wakat Séra, la santé et la prospérité. Nous souhaitons aux pays en guerre, comme le Soudan, l’Ukraine, la bande de Gaza, le Liban, la République Démocratique du Congo, la Somalie, l’Ethiopie, etc., la fin des horreurs. Nous souhaitons aux pays comme le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Nigeria, qui sont confrontés au terrorisme et subissent au quotidien, les attaques meurtrières des groupes armés, la paix. Aux malades et aux malheureux de tous genres, nous souhaitons prompt rétablissement et le mieux-être. Et que ces vœux, que chacun dira à l’endroit de ses amis, voisins et proches, se réalisent, parce qu’ils seront sincères, venant du cœur, mais surtout parce que des actes concrets de la part de tous, contribueront à leur concrétisation. Sinon, ils resteront des vœux pieux, comme ceux des années qui se sont succèdé, avec leur lot de pauvreté, de maladies, de conflits armés, et tous ces fléaux qui sont des boulets que l’Afrique portent aux pieds, et qui renforcent ce constat implacable et toujours d’actualité de René Dumont: «L’Afrique noire est mal partie».

2025, ça sera également une année d’élections présidentielles dans plusieurs pays africains. Des périodes de tension très redoutées, que ça soit avant, pendant ou après le vote! C’est un secret de polichinelle, en Afrique, élections riment avec peur, violences et guerres. Rares sont les scrutins qui se déroulent dans le calme et la joie partagés par candidats et électeurs, heureux d’accomplir leur devoir citoyen et de jouir, en toute quiétude, de ce droit que leur confère la Constitution.

 Au Cameroun du roi Biya

Avec Paul Biya, 92 ans dont 42 au pouvoir, le Cameroun, bien qu’étant une république qui appelle régulièrement ses citoyens aux urnes, ressemble, à s’y méprendre, à un royaume dont le souverain est indéboulonnable. Le président camerounais, en fonction depuis novembre 1982, et dont les rares apparitions, ces derniers temps, notamment lors du dernier sommet Chine-Afrique, en septembre, présentent un homme bien affaibli, est, pourtant, encore sollicité par ses supporters indéfectibles, pour briguer un nouveau mandat en 2025. Si, pour l’instant, le locataire, pour ne pas dire le propriétaire du Palais d’Etoudi, n’a rien laissé filtrer de ses intentions, il n’en demeure pas moins qu’il est celui désigné comme le candidat naturel de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Tous les arguments sont, alors, mis à contribution, par les «Biyaïstes» indécrottables, qui versent dans un culte de la personnalité hyper développé. Florilège: c’est le père de la Nation, c’est lui qui consolide le ciment de la cohésion sociale, c’est lui qui veille sur le peuple. Et, malgré son âge avancé et sa dernière maladie dont il a été interdit de parler, le président camerounais est l’le messie, l’homme providentiel irremplaçable. Finalement, n’est-ce pas insulter l’intelligence de tous ces brillants cadres et politiciens camerounais, que de leur faire croire que nul autre que Paul Biya ne peut accéder au fauteuil présidentiel? Quels que soient ses mérites, et il faut les lui reconnaître, le président Biya est un mortel et nul n’ignore les conséquences désastreuses des règnes sans fin en république.

Ça craint en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, pour la présidentielle prévue en octobre de cette année 2025, les grands débats font rage. Qui seront les candidats en mesure de faire face au président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam qui, lui, ne fait plus de mystère, depuis bien longtemps, autour de sa candidature? Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien et candidat déclaré, mais dont le nom ne figure pas sur la liste électorale, à cause de la condamnation de 20 ans de prison qu’il traine encore, malgré la grâce présidentielle, qui n’a pas été suivie de l’amnistie escomptée, va-t-il pouvoir s’aligner pour la compétition?  A l’instar de son mentor et ancien voisin à la Cour pénale internationale, le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), Charles Blé Goudé, lui aussi, condamné à 20 ans, par la justice de son pays, espère cette amnistie pour prendre part à cette présidentielle à forts enjeux.

Mais, l’actuel locataire du palais présidentiel, Alassane Ouattara, sera-t-il candidat à sa propre succession en 2025? C’est la grande interrogation qui hante tous les esprits, sauf ceux des militants de son parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, pour qui, Alassane Ouattara est le candidat naturel du RHDP. Question: si l’intéressé accepte de se présenter à la présidentielle, il en sera à son deuxième ou quatrième mandat? Une préoccupation qui n’est plus à l’ordre du jour, vu qu’avec la mise en place de la constitution de 2016, la Côte d’Ivoire est rentrée dans la troisième République, ce qui signifie qu’Alassane Ouattara, qui ne s’est pas encore prononcé sur sa candidature, ou non, sera, logiquement, et selon la Constitution de son pays, à son deuxième mandat présidentiel. Sauf que ses contradicteurs ne sont pas sur la même longueur d’onde, eux, soutenant qu’il court derrière un quatrième mandat. Et tout ça fait, forcément beaucoup de bruit et en inquiète plus d’un. Pourvu que tout se passe dans la paix, afin d’éloigner, pour de bon, les démons de la violence électorale dont les séquelles, lors de la grande crise postélectorale de 2010, sont encore vives dans la mémoire des Ivoiriens et Ivoiriennes, qui, sans doute ne voudraient plus vivre des affres de la guerre.

La Guinée du général Doumbouya sera-t-elle au rendez-vous des urnes?

Alors que la transition, prenait fin le 31 décembre 2024, les autorités de la transition sont entrées, dans les prolongations et annoncé toutes les élections, dont la présidentielle, pour cette année 2025. Le général Mamadi Doumbouya qui avait promis de rendre le pouvoir aux civils, après trois ans de la transition qui a été mise en place suite à son coup d’Etat du 5 septembre 2021 qui a renversé le Professeur Alpha Condé, a fait le choix, lui, de conduire une transition élastique. Les promesses du général Doumbouya, ne lui ont donné que le temps, de passer sous les radars des censeurs de putschs militaires. Tout donne l’impression que Mamadi Doumbouya n’a pas encore réussi la mue, pour passer de militaire à civil, afin de se faire la passe à lui-même, quand il décidera de mettre fin à sa transition. Il faut déjà espérer que la transition change de cap. Sinon, pour le moment, le général a instauré un pouvoir de fer, mettant son pays sous coupe réglée, muselant la liberté d’expression, faisant taire des voix dissidentes dont les plus emblématiques sont, actuellement, deux cadres du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), Oumar Sylla alias Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah, disparus depuis le 9 juillet, éloignant du pays, les politiciens qui osent le contredire et embastillant tous ceux qui critiquent sa transition et exigent qu’elle soit mise sur de bons rails. En tout cas, l’opposition et la société civile, qui appellent à une manifestation le lundi 6 janvier, n’entendent plus reconnaître le pouvoir de la transition.

Pourvu que les vœux de nouvel an se réalisent, afin que nous entrions en 2025 comme nous sommes allés à l’assaut de 2024, avec beaucoup d’espoir et la foi que la nouvelle année sera meilleure à celle qui se conjugue désormais au passé.

Par Wakat Séra