Une hécatombe. C’est la triste prouesse que devrait réaliser la famine en Afrique dans les jours à venir, si rien n’est fait. La sonnette d’alarme vient d’être tirée par le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. En la matière, l’institution onusienne ne fait qu’emboucher la trompette d’autres structures spécialisées qui ont fait l’amer constat que la famine fera une fois de plus très mal en Afrique. Elle devrait même atteindre des pics rarement égalés dans certains pays comme le Nigeria, la Somalie et le Soudan du sud. Le drame se jouera parfois à guichets fermés dans certains pays qui, pour des raisons de politique intérieure et d’une dignité mal placée cacheront la réalité des chiffres. Evoquer la famine dans un pays hors conflit, c’est avouer l’incapacité de ses dirigeants à offrir des conditions de vie adéquates à leurs populations. Et gare aux émeutes de la faim, véritables cauchemars pour les pouvoirs.
Si les guerres et autres violences sont le plus souvent à l’origine de cette tragédie qui décime notamment les couches vulnérables comme les femmes et surtout les enfants, il n’en demeure pas moins que la sècheresse, mais aussi l’action de l’homme, telle une mauvaise politique agricole en sont également des facteurs non négligeables. Les conflits armés qui jettent, chaque jour, sur la route de l’exil et de l’errance de nombreuses populations qui ont tout perdu. Proies faciles pour la famine, ces hommes, femmes et enfants échappent difficilement à la mort, qu’elle soit lente ou subite. Les maigres rations de subsistance servies par des organisations humanitaires ne pouvant qu’être un sursis en attendant la fin, seule la mort devient la délivrance pour ces « damnés de la terre ». C’est ainsi que dans la Corne de l’Afrique, une région où la précarité légendaire dans laquelle vivent les populations dont le quotidien est habillé d’horreurs de la guerre, la famine trouve terrain fertile et sévit sans pitié.
Les chiffres sont déjà alarmants et la situation presque désespérée dans certains cas. Malheureusement, les moyens pour sauver ses vies, pour ne pas dire ces loques humaines tardent à se mettre en place, malgré les discours hypocrites et les déclarations de promesse pompeuses des pays les plus riches. Pourtant, qui profitent le plus de ces conflits armés qui sèment la désolation partout, grâce à des armements lourds et toujours plus sophistiqués ? Point n’est besoin d’être un grand analyste pour savoir que ce sont encore ces mêmes puissances, marchands de la mort devant l’Eternel qui arrosent les foyers de conflits d’engins de destruction massive. Combien faut-il d’argent pour redonner vie à ces 100 000 personnes déjà tombées dans les griffes acérées de la famine au Soudan du sud ? Les ressources sont-elles aussi rares pour éradiquer cette menace de famine déclarée qui plane sur des dizaines de millions de personnes dans le monde ? Non, les moyens existent bel et bien mais se déploient à dose homéopathique, faute d’un véritable et sincère élan de solidarité. Au grand dam des Nations Unies qui n’ont besoin que de 4,4 milliards de dollars d’ici à juillet pour mener la croisade anti-famine au Nigeria, en Somalie, au Soudan du sud et au Yemen, mais n’en ont récolté que 984 millions pour l’instant, l’avenir s’assombrit.
A ce rythme, la fin de la faim sera encore longtemps chimère, la famine ayant encore de beaux jours devant elle. Dommage pour l’humanité qui manque cruellement d’humanisme !
Par Wakat Séra