La force française Barkhane, présente dans le Sahel pour chasser du terroriste, continue ses opérations de salubrité. C’est ainsi que les soldats français, viennent, une fois de plus, de sectionner une tête de l’hydre djihadiste, en neutralisant, ce 10 novembre, au Mali, dans la région de Ménaka, zone des trois frontières (Mali-Burkina-Niger), le chef militaire du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), Ba Ag Moussa. Quelques mois avant ce nouveau coup qu’elle a porté aux djihadistes, l’armée française avait éliminé, le 3 juin dernier, dans une opération militaire, le chef d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel.
Certes, la régénérescence du monstre est d’une rapidité fulgurante, mais ces actions de Barkhane, même si elles ne sont pas encore fatales aux terroristes, ne freinent pas moins leur progression dans un Sahel africain dont ils sont devenus les seigneurs, semant larmes et désolation sur leur passage. En tout cas, si elles visent, à long terme, à sécuriser le Sahel, quels effets ces frappes françaises peuvent-elles avoir sur les élections qui sont en vue dans cette partie de l’Afrique?
Les élections en Afrique seront mangées à toutes les sauces. Les votes de la honte continuent de faire couler beaucoup d’encre et de salive, mais aussi malheureusement du sang, en Côte d’Ivoire et en Guinée, où Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé ont forcé le troisième mandat anticonstitutionnel, pour s’accrocher au pouvoir. Au Burkina Faso, en campagne électorale depuis le 31 octobre pour les élections présidentielle et législatives couplées du 22 novembre prochain et au Niger où les populations auront rendez-vous avec les urnes, en principe le 27 décembre prochain, la menace terroriste demeure constante.
Certes, les djihadistes et bandits du même acabit, ne se signalent plus au quotidien, mais les assauts terroristes n’endeuillent pas moins les armées nationales et les populations civiles du Mali, du Niger ou du Burkina Faso. La dernière attaque terroriste, en date du mercredi 11 novembre, a laissé sur le carreau, à Tin-Akoff, dans le Sahel burkinabè, 14 éléments des Forces de défense et de sécurité et fait, dans leurs rangs, 8 blessés dont 3 graves. Le bilan macabre rappelle, une fois de plus, que la sécurité dans certaines régions du Burkina, notamment le Sahel, le Nord et l’est, est loin d’être une garantie. Malgré les opérations successives et les frappes de la force française Barkhane et celles des troupes burkinabè, en solo, ou dans le cadre du G5 Sahel, la nébuleuse terroriste garde une puissance de feu meurtrière.
Dans ces circonstances particulières où la campagne électorale bat son plein dans un Burkina où tout s’est arrêté pour faire la place, et toute la place, aux meetings et autres actions de séduction de l’électorat, l’inquiétude, sans être exagérée est tout de même manifeste. Certains candidats, ou des membres influents de leurs états-majors, s’entourent du maximum de sécurité. D’autres vivent pratiquement dans une semi-clandestinité, et leurs téléphones sont devenus muets. La crainte des attaques est très présente. Et l’enlèvement, le 25 mars 2020, par des hommes armés, du chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé, alors qu’il était en pleine campagne électorale, de surcroît dans son fief de Niafounké, hante toujours les esprits, même si le leader de l’Union pour la république et la démocratie (URD) a recouvré la liberté, plus de six mois après son kidnapping.
En tout cas, la détermination des forces armées burkinabè, à entourer ces votes du maximum de sécurité, fait souffler un vent d’espoir au sein des populations tout comme les prières au sein des églises et des mosquées, accompagnent, tous les dimanches et vendredis, électeurs et candidats, pour la bonne tenue des élections. Même la peur au ventre, les populations, celles qui le peuvent en tout cas, ont bien la volonté d’accomplir leur devoir citoyen le 22 novembre. Le slogan à l’ordre du jour, semble être, «voter ou mourir, nous voterons».
Pourvu que, malgré les contingences liées à l’insécurité, les élections soient ouvertes et transparentes, pour qu’au soir du 22 novembre, la démocratie triomphe au grand bonheur de la cohésion sociale.
Par Wakat Séra