Accueil Editorial Afrique de l’ouest: une anomalie nommée Faure Gnassingbé

Afrique de l’ouest: une anomalie nommée Faure Gnassingbé

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Faure Gnassingbé traverse des moments bien difficiles (Ph. 27avril.com)

Le mercure ne descend toujours pas dans les rues du Togo où certains partis d’opposition sont déterminés à s’offrir la tête de Faure Gnassingbé. Malgré tous les gestes d’apaisement engagés par le pouvoir indésirable de Lomé, les marches-meetings, depuis bientôt cinq mois, se suivent et ont pour dénominateur commun, le nombre toujours en hausse des manifestants. Malgré la répression souvent aveugle des forces de sécurité qui n’y vont pas de main morte pour casser du manifestant, les rues ne désemplissent pas à l’appel des partis d’opposition réunis en coalition ou jouant en solo. Et le refrain qui monte toujours plus fort de la rue sans pour autant réussir à monter aux oreilles de leur destinataire ne change pas d’une note: retour à la constitution de 1992, vote des Togolais de l’étranger, et le départ sans autre forme de procès de Faure Gnassingbé du pouvoir. Frappé du péché originel qui a fait de lui l’héritier de feu Eyadema Gnassingbé, son père mort à la tête du Togo, après un règne sans partage de 38 ans, le jeune Faure lui aussi est déjà capé de près de 15 ans de pouvoir, son troisième mandat incriminé devant échoir en 2020. Et c’est donc en toute logique que lassés par le pouvoir cinquantenaire des Gnassingbé et sans doute moins par les trois quinquennats du successeur du Général de Pya, que des milliers de Togolais expriment leur ras-le-bol depuis quelques mois.

50 ans ça suffit! C’est le slogan fédérateur de ces Togolais qui crient leur ire en battant le pavé presque au quotidien, sourds aux appels de la communauté internationale qui est tombée sous le charme des actions d’apaisement engagées par le régime de Faure pour faire tomber la fièvre. Sans être togolo-pessimiste, car ce pays ayant besoin de paix pour enfin penser à son développement, il faut tout de même s’inquiéter de cette radicalisation de la partie du peuple manifestant qui a perdu toute foi en ses dirigeants. La crise de confiance étant la chose la mieux partagée actuellement entre opposition et pouvoir, il est fort à craindre que la chienlit s’installe pour de bon dans ce pays où les populations veulent également sentir le vent du changement qui ne souffle régulièrement depuis lors que chez leurs voisins du Ghana et du Togo. Même la mort de Gnassingbé père sur laquelle les Togolais comptaient comme coup de pouce du destin pour s’ouvrir les portes d’un véritable processus démocratique, n’a pu changer les choses. En un tour de magie, la perpétuation du pouvoir s’est opérée sous leurs yeux effarés, alors que la dépouille encore chaude de Eyadema était encore entre ciel et terre, dans un avion à bord duquel l’homme partait se soigner en France.

Que va-t-il se passer maintenant? S’il faut reconnaître que Faure Gnassingbé a tendu la main, en proposant des réformes qui limitent désormais à deux le mandat présidentiel, encourage le vote des Togolais de l’étranger et instaure la présidentielle à deux tours, il n’en demeure pas moins qu’il constitue un anachronisme, pour ne pas dire une anomalie dans cette région de l’Afrique de l’ouest où l’alternance est, de gré ou de force, la règle. Certes, faire partir Faure, hic et nunc ne serait ni plus ni moins qu’un coup d’Etat, car son mandat actuel que lui a confié le peuple court jusqu’en 2020. Mais toutes les garanties doivent être prises afin que les nobles aspirations du peuple togolais de vivre le changement dans les normes démocratiques soient réalité après l2020. Le Togo doit sortir de ce cauchemar qui n’a que trop duré.

Par Wakat Séra